Jean-Luc Fournet
Collège de France
Culture écrite de l'antiquité tardive et papyrologie byzantine
Année 2024-2025
Dimitte voces, accipe sensus ! Les hiéroglyphes à la Renaissance ou l'utopie d'une langue et d'une écriture universelles
Conférence - Jean Winand : Venise, 1499 : Hypnerotomachia Poliphili ou la naissance des néo-hiéroglyphes
Jean Winand
Professeur ordinaire, Département des sciences de l'Antiquité, égyptologie, mondes anciens, université de Liège
Jean Winand est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Jean-Luc Fournet.
https://www.college-de-france.fr/fr/personne/jean-winand
Résumé
La parution en 1499, chez l'éditeur Aldo Manuce, à Venise, de l'Hypnerotomachia Poliphili attribuée à Francesco Colonna marque le début d'un mode d'expression savant et original dont les quelques productions qui nous sont parvenues s'étendent sur un peu plus d'un siècle. L'écriture en néo-hiéroglyphes entendait renouer, voire amplifier, une forme de communication en lien direct avec le monde des idées sans passer par le truchement d'une langue naturelle. Ce faisant, les humanistes du XVe siècle et les artistes de la Renaissance pensaient se rattacher à une tradition authentique remontant à l'Égypte antique telle qu'elle avait été remodelée par les philosophes et les historiens de la tradition platonicienne. Si l'engouement pour le mode d'expression hiéroglyphique doit beaucoup à la redécouverte en 1419 des Hieroglyphica, transmis sous le nom d'Horapollon, il fut aussi facilité par la pratique continue de divers modes d'expression symbolique depuis la fin de l'Antiquité jusqu'à l'aube de la Renaissance, ce qui permit d'ancrer la culture des images hiéroglyphiques dans les préoccupations chrétiennes, en en légitimant ainsi l'usage.