Bookmakers : Philippe Jaenada (1/3)


Episode Artwork
1.0x
0% played 00:00 00:00
Mar 18 2020 31 mins   830
Bookmakers : Philippe Jaenada (1/3) Il se rêvait pilote d’avion, mais l’existence en a décidé autrement, à la faveur d’une très étrange idée : s’enfermer seul, pendant un an, dans son appartement. « Pour ne pas devenir fou », le jeune Jaenada commence à écrire des histoires saugrenues influencées par sa découverte des romans de l’Américain Richard Brautigan, notamment Willard et ses trophées de bowling (1975). S’en suivra une expérience historique (« J’ai été la première animatrice de minitel rose du monde ! »), un premier roman « ridicule », dit-il, écrit sur demande du patron légendaire des éditions de Minuit… et son interprétation très personnelle, à renforts de parenthèses, de la célèbre phrase de Deleuze : « Un grand écrivain, c’est un étranger dans sa propre langue. » Le podcast C’est quoi, le style ? Comment construit-on une intrigue, un personnage ? Où faut-il couper ? Chaque mois, Bookmakers propose aux plus grand.e.s écrivain.e.s d’aujourd’hui de raconter, hors de toute promotion, l’étincelle initiale, les recherches, la discipline, les obstacles, le découragement, les coups de collier, la solitude, la première phrase, les relectures… mais aussi le rôle de l'éditeur, de l’argent, la réception critique et publique, le regard sur le texte des années plus tard. Animé par Richard Gaitet, écrivain et homme de radio, le podcast Bookmakers détruit le mythe d’une inspiration divine qui saisirait les auteurs au petit matin. Il rappelle que l'écriture est aussi un métier, un artisanat, un beau travail. L'écrivain du mois : Philippe Jaenada Fils spirituel de Bukowski et de Jacques le fataliste, féru de courses hippiques ou de whisky écossais, allergique au voyage mais ne se déplaçant jamais sans son sac matelot, Philippe Jaenada, 55 ans, est peut-être l’écrivain le plus drôle de France. Toujours vêtu de noir, il surgit en 1997 avec Le Chameau sauvage, ou les galères d’un curieux célibataire, sacré d’un prix de Flore, adapté au cinéma et premier volet d’une série de sept romans autobiographiques sur lui, sa femme, leur fiston ou leurs vacances incendiaires en Italie. Suivra un second cycle, en cours depuis 2013, composé d’enquêtes sur des affaires criminelles écrites à la première personne, riches en digressions improbables, tout en étant comme possédées par l’obsession de la vérité – fidèle à sa méthode dite du « tapir enragé ». Bingo : La Serpe, en 2017, se voit couronné du prix Femina et se vend à plus de 400 000 exemplaires. Mais ce succès fut préparé par la maestria déployée dans le livre précédent, La Petite femelle (éditions Julliard, 2015), portrait d’une jeune meurtrière de l’immédiate après-guerre haïe par ses juges et plus généralement par le patriarcat parce qu’elle refusait de marcher dans les clous d’une existence toute tracée de femme au foyer. Fidèle à sa verve truculente, Philippe Jaenada détaille les conditions de fabrication de cette true crime story de 700 pages, mais également des circonstances étranges qui l’ont amené à devenir écrivain. La Petite Femelle (Julliard, 2015) C’est l’histoire de Pauline Dubuisson, condamnée en 1953 pour le meurtre de son ex-petit ami, mais traînée dans la boue par les journaux pour avoir couché, jeune femme, avec l’occupant allemand, tout en refusant après-guerre un destin de femme au foyer pour devenir médecin. Après sept livres autobiographiques ayant fait de lui une sorte de Bukowski français (alcool, amour, humour, tiercé), c’est le livre qui a tout changé pour Philippe Jaenada. Extrêmement précis (selon sa méthode dite du « tapir enragé », vérifiant toutes les pièces du dossier jusqu’aux frontières de la folie), tout en cassant les codes de la chronique judiciaire par une avalanche d’apartés personnels particulièrement comiques. En partenariat avec Babélio Entretiens et déc [...]