En l'espace de deux mois et demi, le cours de l'huile de palme a grimpé de plus de 35% sur les marchés asiatiques. Cette évolution est en partie liée à des intempéries survenues ces derniers jours en Malaisie, deuxième producteur mondial. Cependant les prix pourraient rester élevés à l'avenir, tirés par l'augmentation de la population mondiale, en particulier urbaine.
Des pluies diluviennes se sont abattues sur l'Asie du Sud-Est ces derniers jours et ont provoqué des inondations dans plusieurs pays de la région. Parmi eux, la Malaisie, deuxième producteur d'huile de palme derrière l'Indonésie. Ensemble, ces deux pays représentent près de 80% de la production mondiale. Les intempéries rendent temporairement plus difficile l'accès aux palmeraies et donc la récolte des fruits. Cela a ralenti à court-terme la production (-10% entre octobre et novembre en Malaisie), alors que le secteur manque déjà de main d'œuvre dans le pays. Bien que l'Indonésie ait été moins touchée, ces facteurs ont ainsi contribué à « l'inquiétude des marchés » et à une hausse des cours, analyse Jean-Marc Roda, directeur régional en Asie du Sud-Est insulaire du Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
Autre élément d'explication, « les stocks sont plus bas en Malaisie qu'à la même période l'an dernier », remarque Nicolas Turnbull, agronome et entrepreneur du secteur.
Enfin, les perspectives d'utilisation d'huile pour remplacer le kérosène des avions participent à tirer les prix vers le haut, ajoute-t-il. L'an dernier, l'Union européenne a en effet décidé d'imposer progressivement aux compagnies aériennes un seuil minimum de carburants dits durables, notamment des huiles usagées : 2% dès 2025, 6% en 2030, puis 70% en 2050.
Hausse de la demande à long-terme
Au-delà des fluctuations des marchés ces derniers mois, les cours de l'huile de palme devraient rester élevés à long-terme, c'est-à-dire dans les prochaines décennies. Car la hausse de la population mondiale, en particulier en ville, « va augmenter la demande en huiles végétales », souligne Jean-Marc Roda.
Or les marges de progression en termes de production sont plutôt à trouver du côté de l'huile de palme, en améliorant la productivité des parcelles, estime-t-il.
Les espaces agricoles disponibles pour cultiver plus d'oléagineux manquent dans les pays tempérés. Certains grands groupes industriels regardent donc déjà s'ils peuvent « sécuriser des terrains dans des zones tropicales en Afrique pour les convertir » en cultures de palmiers à huile, ajoute le chercheur.
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