Citation expliquée: « Mais ta jeune et brillante image / Que le regret vient embellir… », Lamartine, 1820.


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Dec 31 2022 3 mins   2

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Citations célèbres expliquées: « Mais ta jeune et brillante image, /Que le regret vient embellir, /Dans mon sein ne saurait vieillir /Comme l'âme, elle n'a point d'âge. », « Souvenir », Méditations poétiques, Lamartine, 1820.

Ces quatre vers qui constituent la citation sont tirés du poème « Souvenir » du recueil Médiations poétiques du grand poète romantique en 1820. Ce recueil lui assura le succès et la postérité. Il fut considéré comme le premier du romantisme en France. Il y évoque la tristesse de son amour avec Julie Charles sous le nom d’Elvire en 1816-1817. Amour triste, car terminé par la mort tragique de la tuberculose de Julie. Le poème le plus fameux de Lamartine « Le Lac » rappelle l’idylle de Lamartine et de Julienau lac du Bourget.

Ce quatrain, l’un des dix-huit du poème, décrit la construction de l’image de l’être aimé une fois ce dernier disparu. Cette image en appelle évidemment au romantisme, à la solitude du poète, à l’hyperbole des sentiments, à la puissance des émotions. Cependant, il me semble aussi que Lamartine touche une certaine vérité, celle de l’idéalisation du véritable amour.

Les vers 1 et 4 de la citation se répondent (comme nous l’indique bien la rime semblable) et ont pour sujet le temps, l’âge: Mais ta jeune et brillante image/ Comme l’âme, elle n’a point d’âge. On retrouve avec la comparaison avec l’âme la sensibilité religieuse, divine du romantisme. Elle n’est point attaquée par le temps, comme l’amour. L’âge qui se perpétue est celui de la jeunesse. Dans le cas de Lamartine, celui du décès de sa maîtresse, qui reste donc éternellement jeune dans son esprit. De manière plus générale, l’image de l’être aimé garde profondément dans nos cœurs les traits de la première rencontre. Après une disparition, ou une séparation, cette image reste en mémoire, car elle est synonyme d’amour et de pureté. Elle ne véhicule ni souffrance, ni injustice, ni colère ou ressentiment.

Les deux vers centraux Que le regret vient embellir/ Dans mon sein ne saurait vieillir insiste sur ce qui reste. Autant l’image éternelle de la jeunesse et de la beauté semble sous la plume de Lamartine ne pas juste appartenir au regard subjectif, autant ici c’est le regard de l’amour qui maintient dans une beauté et une jeunesse sans fin l’image de l’être aimé. Le deuxième vers paradoxalement expose que le regret embellit. La douleur, la souffrance, de manière romantique, renforce la beauté de la femme qu’on ne voit plus. Elle se pare d’une vertu nouvelle. Comme dit auparavant, la vieillesse et les méfaits du temps n’atteignent plus ce qu’on ne peut plus voir, ni toucher: En mon sein ne saurait vieillir.

Le souvenir de l’être aimé a toujours en soi les instants de notre jeunesse, l’époque de notre rencontre. Alors, la douleur de la séparation ou du décès est dans ce cas là très intense, car l’image la plus profonde laissée n’est jamais celle du quotidien, mais celle de l’illumination amoureuse qui ne vieillit pas, qui se pare d’une beauté spirituelle. C’est certainement à l’existence de cet élan du coeur qu’on reconnaît le véritable amour, qui ne s’oublie jamais.

Mais ta jeune et brillante image, /Que le regret vient embellir, /Dans mon sein ne saurait vieillir /Comme l'âme, elle n'a point d'âge.

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