Citation expliquée: « L’homme est un apprenti, la douleur est son maître… », Musset, 1837


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Oct 29 2022 3 mins   2

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Citations célèbres expliquées: « L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, /Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert. », Musset, La Nuit d’Octobre, 1837.


Alfred de Musset, symbole du romantisme en littérature, écrit à la manière de Novalis, poète romantique allemand, et de ses Hymnes à la nuit (1800), une série de quatre longs poèmes entre 1835 et 1837 intitulées Les Nuits: « La Nuit de Mai », « La Nuit de Décembre », « La Nuit d’Août » et « La Nuit d’Octobre ». Ces poèmes constituent un chef d’oeuvre du romantisme lyrique, de l’expression des sentiments, des émotions, de l’amour et des douleurs.

Dans le poème « La Nuit d’Octobre », Musset met en vers un dialogue imaginaire entre lui et sa muse, son inspiratrice. Il lui expose à travers une complainte sa souffrance d’être séparé d’une femme (certainement George Sand avec qui il est resté entre 1833 et 1835), puis sa colère face au caractère infidèle et perfide de son ancienne maîtresse. Face à ce tourbillon d’émotions, la muse, confidente et consolatrice, essaie de le raisonner, notamment dans les deux vers de la citation.

Dans la dernière partie du poème dialogué, elle développe sur une longue réplique un propos philosophique et universel sur la douleur, son caractère consubstantiel à notre humanité, et aussi à la création. À travers la muse, c’est évidement aussi le poète qui s’exprime. La douleur est dès lors vue comme peine à dépasser pour de nouveau vivre et créer. C’est ainsi que nous pouvons comprendre le premier vers de la citation: L’homme est un apprenti et la douleur est son maître. Par l’expérience de la douleur, nous allons vers le dépassement de nous-mêmes, et en s’inspirant de ce dépassement, nous allons vers la création.

La conversation avec sa muse permet au poète de soulager ses maux en les racontant, mais aussi finalement de retrouver goût à la vie, en pardonnant à son ancienne amante, non pour elle, mais pour lui, pour bannir la haine, destructrice, et retrouver l’amour et la contemplation créatrices. Le deuxième vers Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert renvoie alors au fait de savoir de quelle profondeur son âme est emplie. En son âme, on peut trouver les ressources de dépasser les choses les plus noires.

Tel un romantique qu’il est, Musset surmonte grâce à sa muse, surtout par la contemplation de la nature et l’amour de Dieu la colère improductive pour de nouveau embrasser les joies de la vie. C’est la douleur, menant à la solitude de l’âme qui permet au poète un renouveau. Un exemple plus prosaïque serait une équipe de football qui finalement ne se connaît que lorsqu’elle aborde une difficulté. Gagner est facile, perdre et se relever beaucoup plus difficile…

L’homme est un apprenti, la douleur est son maître, /Et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert

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