#05 – François Perrin et Meriem Zoghlami – Maths, théâtre


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Oct 01 2024 89 mins   3

5e émission Chemins de traverse diffusée en direct mercredi 2 octobre 2024 à 22 h


Avec Meriem Zoghlami et François Perrin de la cie Terraquée qui propose notamment le festival Maths en ville du 2 au 13 octobre 2024, à Saint-Denis, Aubervilliers, Pierrefitte-sur-Seine.


Vous pouvez lire la transcription.


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Transcription


Note concernant la transcription : nous avons choisi, comme le préconise l’article Pourquoi et comment rendre accessible un podcast ?, une transcription fidèle aux propos tenus, sans suppression des tics de langage (les phrases qui ne finissent pas (…), les répétitions, les onomatopées).


Voix du générique (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, Chemins de Traverse, d’autres voies pour imaginer demain.


Fred : Bonsoir à toutes, bonsoir à tous pour ce cinquième épisode de Chemins de traverse, d’autres voies pour imaginer demain.


Dans Chemins de traverse, Julie, Élise, Mehdi et moi-même, Fred, nous espérons vous proposer de belles rencontres et mettre en avant des parcours personnels et professionnels, des passions, des engagements.


Dans l’émission du jour, nous allons vous faire découvrir la compagnie Terraquée, une structure artistique et culturelle, une compagnie théâtrale orientée vers les disciplines scientifiques et l’exploration des savoirs, et notamment les maths.


Rendre les maths, notamment via le théâtre, accessibles à toutes et tous de façon ludique, voilà un beau défi et on va consacrer l’heure 30 qui arrive à ce sujet.


Nos invités du jour avec François Perrin et Mériem Zoghlami, de la compagnie Terraquée, qui proposent notamment le festival Maths en ville du 2 au 13 octobre 2024 à Saint-Denis, Aubervilliers, Pierrefitte-sur-Seine.


Merci François et Meriem d’avoir accepté notre invitation, excusez-moi.


Bonsoir, merci de nous avoir invités.


Avant d’entamer notre discussion, je vous rappelle que nous sommes en direct ce mardi 2 octobre 2024 sur Radio Cause Commune, la voie des possibles, sur 93.1 FM et en DAB+ en Ile-de-France et partout dans le monde sur le site causescommunes.fm.


Julie est à la régie, aujourd’hui, bonsoir Julie.


Julie : Bonsoir, bonsoir à tous et belle émission.


Merci, n’hésitez pas à participer en direct, soit par téléphone, vous pouvez nous appeler au 09 72 51 55 46, je répète 09 72 51 55 46 ou alors vous pouvez réagir sur le salon web de la radio, rendez-vous sur le site causecommune.fm, bouton chat, salon Chemins de traverse.


Alors on va commencer, on va attaquer et on va commencer par une question peut-être un petit peu provoc en fait.


François, Meriem, parce que les gens qui nous écoutent se disent bon 1h30 à parler des maths, est-ce que c’est vraiment si intéressant que ça ?


Alors je ne sais pas si vous connaissez cette expression qu’on voit de temps en temps, il y a même un t-shirt qui dit « encore une journée sans utiliser le théorème de Pythagore ».


On pourrait mettre aussi Thalès et autres mathématiciens ou mathématiciennes.


Donc j’ai envie de vous demander, pour commencer, en quoi les maths sont utiles et pourquoi les auditrices et auditeurs devraient continuer à écouter l’émission ?


François.


François : Oui, il y a un mot que tu as dit qui m’a plu, c’est le mot intéressant.


Parce que la manière dont nous on les regarde, c’est pas seulement de se demander si les maths c’est utile, mais c’est de se demander si c’est intéressant.


Parce que notre point de vue là-dessus, c’est celui d’une compagnie de théâtre, celui d’une association qui cherche, à partir de ce sujet, les mathématiques, à faire de l’art et des rencontres entre les gens.


Et du coup, c’est de se demander si c’est utile.


Alors j’aurais pu répondre en listant des tas de situations où on utilise le théorème de Pythagore, il y en a plein, mais aussi pourquoi c’est intéressant, pourquoi c’est beau, pourquoi ça peut être émouvant, pourquoi ça peut être surprenant, pourquoi ça peut être ludique.


Donc il y a plein d’entrées comme ça, qui sont celles des mathématiques, et pas seulement cette entrée de l’utilité, qui justement ramène ce sujet dans quelque chose où ça va être quelque chose qui va nous rendre un service défini, immédiatement calibré.


Mais plutôt, est-ce que les mathématiques ça pourrait pas être quelque chose qui nous ouvre des nouveaux univers auxquels on n’aurait peut-être pas pensé.


Et c’est ça qu’on essaye, nous, de transmettre à travers ce qu’on fait.


Fred : D’accord, je vais laisser Myriam compléter.


Donc c’est pas simplement de développer des compétences via les mathématiques, c’est ce que tu viens de décrire, c’est en plus, c’est autre chose.


Au-delà, en tout cas.


Meriem ?


Meriem : Oui, écoute, moi tu le sais Fred, puisqu’on se connaît, je suis une nulle en maths.


Alors il paraît de moins en moins nulle, puisqu’on travaille sur ce sujet.


Et en fait, moi j’ai toujours eu une sorte de frustration, parce que je trouvais que j’étais pas plus bête que les autres à l’école, tu vois.


Et pourtant, j’y arrivais pas.


Et pourtant, il y avait quelque chose qui pouvait être intéressant, justement, là-dedans.


C’était comme un monde dans lequel j’arrivais pas à entrer.


Et je trouvais que c’était pas juste, en fait, de pas entrer dans ce monde-là.


Et qu’à l’école, on manquait de discours, d’histoires, de récits autour des mathématiques.


Et qu’on se trouvait justement confrontés à uniquement cette histoire de manipuler des objets mathématiques dans une optique de l’utilité immédiate, c’était de résoudre le problème, d’apporter une réponse à une question.


Mais on avait du mal à se projeter, en fait, dans un imaginaire.


Et je pense que ce qu’on essaye de faire chez Terraquée, c’est d’ouvrir les imaginaires.


Et d’embarquer quiconque, y compris des nuls en maths comme moi, dans un imaginaire.


Je crois que c’est un peu ça le but.


Fred : D’accord.


Donc, comme tu l’as dit, on se connaît, enfin, on se connaît tous les trois.


On va pas le cacher depuis quand même quelques années.


Et nous résidons tous les trois dans cette belle banlieue de Saint-Denis, dont on va parler tout à l’heure, parce que c’est pas tout à fait sans importance de parler de maths dans un territoire comme la Seine-Saint-Denis.


Mais on va parler tout à l’heure.


Alors déjà, avant de rentrer dans le détail et de revenir un petit peu aussi sur votre parcours pour expliquer pourquoi vous en êtes arrivés là.


Parce que nous, c’est aussi ce qui nous intéresse dans Chemins de traverse.


C’est justement comment des gens, et on va en parler tout à l’heure, ont des chemins et puis tout d’un coup changent de voie.


On va essayer d’expliquer déjà en quelques mots, tu as commencé à le faire Meriem, c’est quoi la compagnie Terraquée en fait ?


Quelle est votre mission ?


Quels sont vos objectifs ?


Meriem.


Meriem : Oui, c’est une bonne question.


Alors la compagnie Terraquée, c’est un ensemble de missions assez foisonnantes et de missions un peu hétéroclites qui se sont fixées chemin faisant.


Je dirais qu’on n’a pas commencé en se disant, tiens, faisons ça, et ça va ressembler à ça, à ça, à ça, à ça.


Mais au fil de nos expérimentations, on a ajouté des cordes à notre arc.


Donc on a commencé par se dire, tiens, et si on travaillait sur les mathématiques par le théâtre ?


On a commencé par des expérimentations avec des jeunes, beaucoup des collégiens, pour se demander si cette idée de mathéâtre, et donc on a collé les deux, ça a donné un mot valise, mathéâtre, est-ce que ce n’est pas juste une idée ?


Est-ce que ce n’est pas juste quelque chose de conceptuel ?


Est-ce que vraiment on peut expérimenter ça avec des jeunes et leur faire vraiment manipuler des concepts mathématiques tout en expérimentant du théâtre ?


Donc on a travaillé vraiment beaucoup sur le terrain et avec les jeunes en observant leurs réactions, en travaillant avec eux à la découverte.


En fait, on était autant à la découverte qu’eux, pratiquement.


Et peu à peu, on a créé des formats d’ateliers, de spectacles, d’interventions diverses, d’ateliers de médiation scientifique, voilà.


Plein de manières de se rencontrer autour de cette thématique des mathématiques et du théâtre, ou des mathématiques ludiques aussi.


Fred : D’accord.


Ce mot « se rencontrer » revient souvent dans vos discours, dans vos plaquettes.


François : C’est important pour nous.


Fred : C’est important ?


C’est central François ?


Qu’est-ce que tu entends par « se rencontrer » justement ?


François : « Se rencontrer », c’est quand des gens se rencontrent, c’est des personnes qui sont différentes l’une de l’autre et qui cherchent un endroit où elles ont quelque chose de commun.


Et voilà, c’est ce qu’on essaie de faire.


Mais plus simplement, faire quelque chose comme ça, pour nous, c’est une manière d’être dans le partage de quelque chose.


Dans le partage, on en reparlera peut-être sur nos parcours, mais d’une passion ou d’un intérêt ou d’une volonté de création avec des gens.


Partager avec des gens qui sont autres, qui sont différents de nous, c’est ce qui donne la valeur aussi à la chose que l’on fait.


Donc c’est sûr que faire un travail autour des maths, par le théâtre, donc explorer cette chose-là autrement, par exemple là, on a un atelier, on était tout à l’heure en atelier avec des jeunes, alors Sandrine et Arnaud, d’autres membres de l’équipe, qui ont mis un groupe de jeunes en travail sur la notion de symétrie.


Donc ils ont tracé des lignes au sol dans notre local pour les faire explorer, comment on pouvait aller dans l’espace, comment eux pouvaient se déplacer avec leur corps, eux se mettre en mouvement, et comment ce mouvement-là, ces rencontres des corps entre eux, leur permettaient de rentrer aussi en contact avec la notion mathématique d’espace, de mouvement, de symétrie.


Et ces rencontres-là, elles ont un sens si on va aller toucher aussi des gens qui sont divers les uns des autres et qui ne sont pas, j’ai envie de dire, gagnés d’avance sur les sujets dont on parle.


Donc c’est sûr que, voilà, c’est d’aller quelque part parler à des gens pour qui les maths, ce n’est pas forcément leur tasse de thé au départ. On aime bien, c’est un peu ce qu’on préfère.


Fred : Voilà, c’est un beau défi, on va reparler un peu du public, parce qu’effectivement vous avez un public, je ne vais pas dire particulier, vous avez un public de la Seine-Saint-Denis, donc on va en reparler tout à l’heure, et c’est important, comme je vous disais tout à l’heure avant l’émission, organiser des festivals de maths et du théâtre en Seine-Saint-Denis et à Neuilly, ce n’est pas du tout la même chose, ce n’est pas du tout le même public, etc.


Mais on va en reparler en détail tout à l’heure dans les publics cibles.


Par contre j’ai noté une phrase dans la description de la compagnie Terraquée, c’est « nous pratiquons un théâtre populaire, burlesque et poétique ».


Et donc ce n’est pas du théâtre entre guillemets « chiant ».


Je mets les guillemets parce qu’on peut avoir cet imaginaire du théâtre un peu chiant, là il y a un côté…


François : Non, on essaye que ce ne soit pas chiant, ça fait vraiment partie des objectifs.


Meriem : Je pense qu’on réussit François, on ne fait pas qu’essayer, parce que vu les réactions du public, et ça fait maintenant un moment qu’on tourne les pièces.


Fred : Parce que Maths Théâtre c’est 2013, c’est ça ?


Meriem : Oui, c’est ça.


François, il a cette qualité d’humilité, mais je vais compléter son propos.


Je pense que non, on s’amuse vraiment beaucoup dans les salles où on vient voir nos spectacles, on s’adresse à tout public effectivement, et surtout pas un public de spécialistes.


On joue pour tout le monde, pour les familles, pour les enfants.


Fred : Oui, il est important de préciser qu’il n’y a pas besoin d’avoir de connaissances mathématiques du tout pour apprécier les spectacles.


Meriem : Certainement pas, ce sont des spectacles qui jouent à plusieurs niveaux.


On a aussi des spectacles qui s’adressent directement au public en l’englobant aussi, c’est un peu interactif.


Fred : – En le faisant participer.


Meriem : – En le faisant participer.


L’idée pour nous, c’est que quand on vient voir un spectacle de Terraquée, on participe par la réflexion aussi. Mais pour que les gens se mettent à réfléchir, il faut qu’ils se sentent à l’aise, qu’ils se sentent bien, qu’ils soient heureux, qu’ils soient dans une dynamique, un mouvement, qu’on rigole en fait.


Ce n’est pas du tout incompatible de rire et de réfléchir.


Donc on aime bien faire rire.


Fred : Je crois que tu veux rajouter quelque chose François.


Meriem : Oui, quelque part la pensée, ce n’est pas quelque chose de triste, c’est quelque chose de drôle et c’est quelque chose de ludique.


Je vais peut-être parler sur un exemple qui parlera peut-être plus précisément sur un de nos spectacles qui s’appelle Pi, le nombre à deux lettres.


On voulait parler au départ des nombres, de qu’est-ce que c’est un nombre.


Et on s’est dit on va prendre le nombre Pi, parce que c’est un nombre qui est quelque part très bizarre avec ses chiffres après la virgule qui ne s’arrêtent jamais.


Si vous connaissez le nombre Pi, 3,14, 15, 9, ça ne s’arrête jamais.


Mais en même temps c’est un nombre qui est super connu, tout le monde en a entendu parler.


Fred : Tout le monde en a entendu parler une fois.


François : Donc on s’est dit c’est le vilain petit canard.


Et on a imaginé une histoire d’une ado qui devrait faire ses papiers d’identité mathématique et puis ça ne marche pas parce qu’on ne veut pas lui donner ses papiers, elle n’est pas comme les autres, on ne sait pas à quoi elle sert, son nom ne s’arrête pas, elle est un peu bizarre, mal définie.


Et puis à travers des aventures, elle va finir par se découvrir là-dedans.


Et donc on va là effectivement avoir cet univers un peu poétique de cette fille qui va devoir faire son chemin là-dedans dans un univers qu’elle ne comprend pas forcément.


Et en même temps c’est à travers des rencontres où il va toujours y avoir des clashs, des petites histoires.


Le burlesque, c’est aussi ce qui nous permet de donner la dynamique dans nos histoires.


Meriem : Oui, elle va rencontrer tout un tas de gens sur son chemin qui vont parfois involontairement la mettre justement sur la voie de qui elle est.


C’est une quête d’identité d’une jeune ado.


On a fait ça exprès parce qu’on voulait s’adresser aux collégiens, aux collégiennes.


Et donc Pi est incarnée par Caroline Benassy qui est notre collègue comédienne.


Et c’est cette jeune ado, ce sont ses pérégrinations dans le monde des mathématiques.


Elle ne sait pas à quoi elle sert, elle ne sait pas ce qu’elle fait là, elle ne sait pas trop où elle doit aller.


On lui demande de faire des papiers d’identité, mais elle ne peut pas dire son nom jusqu’au bout.


Fred : Oui parce que ça ne s’arrête jamais.


Meriem : Ça ne s’arrête jamais.


Donc elle est bien embarrassée et elle rencontre toute une galerie de personnages qui l’aident à mieux se rencontrer elle-même.


Fred : D’accord, alors en parlant de rencontres, on va revenir un petit peu sur l’origine de la compagnie Terraquée de maths-théâtre, un peu votre parcours.


On va commencer par François parce que quelque part, on va dire que c’est quasiment plus logique parce que François, toi tu as fait des études de maths à la base.


François : Oui, moi j’ai fait des études de maths.


Fred : Des vraies quoi, des sérieuses.


François : J’ai fait Normale Sup, à Lyon, donc des études de maths très sérieuses, l’agrégation, puis j’avais commencé une thèse d’histoire des maths parce que c’était vraiment quelque chose qui m’intéressait justement, ce dont Meriem parlait tout à l’heure, ce rapport historique à ça, d’où viennent les choses dans cette discipline.


Meriem : Tu as commencé à enseigner ou pas ?


François : J’ai pas commencé à enseigner, non, j’aurais dû, en fait au moment où je devais commencer à enseigner, j’aurais dû commencer à enseigner à la fac pendant ma thèse.


J’ai arrêté, j’ai arrêté ma thèse au bout d’un an et en parallèle de mes études de maths, je faisais beaucoup de musique, beaucoup de théâtre et à un moment donné, j’ai dit non, je veux faire autre chose, j’ai bifurqué.


Et je pense qu’une des choses qui m’a amené à bifurquer, c’est la pensée que j’allais passer l’ensemble de ma vie et de ma carrière à m’adresser à des gens qui seraient mes pairs.


Ce n’est pas en soi quelque chose que je réprouve, mais c’est quelque chose qui moi ne me correspondait pas.


Parler de mathématiques ou d’histoire des mathématiques, toute ma vie avec des mathématiciens ou des historiens des mathématiques, il y avait quelque chose en moi qui disait mais…


Fred : Ce n’est pas toi.


François : Voilà, ça ne me correspondait pas.


J’avais une espèce de désir de rencontrer des gens qui soient autres, qui soient différents de moi.


Et c’est vrai que j’avais cette passion du théâtre qui m’habitait déjà, je pratiquais beaucoup et donc j’ai décidé de devenir comédien.


J’ai été faire une école de théâtre, l’école Jacques Lecoq à Paris.


Et à la suite de ça, j’ai eu pas mal de chance parce que j’ai assez vite rencontré des compagnies de théâtre très expérimentées avec qui j’ai pu faire mes premières armes, le Théâtre de l’Unité en France.


Fred : Mais du théâtre classique ?


François : Alors du théâtre plutôt orienté théâtre de rue, théâtre de tréteaux.


Le Théâtre de l’Unité qui est une grande compagnie de théâtre de rue mais avec qui j’ai fait un spectacle en salle.


C’étaient mes débuts professionnels.


On était déjà sur des trucs, un spectacle de salle avec une compagnie de rue.


Et ensuite je suis parti en Allemagne avec une compagnie de théâtre de tréteaux qui s’appelle Ton und Kirschen Wandertheater, qui est une compagnie qui a été fondée par des anciens du Footsbarn Travelling Theatre, une grande compagnie de théâtres itinérants.


Voilà, puis après j’ai fait ma vie là-dedans.


J’ai fait dix ans de carrière comme comédien.


Fred : Et donc les maths vous avaient mis de côté ?


François : Les maths étaient complètement de côté.


Et c’est revenu, en fait parce que comme comédien, ça m’est arrivé de me retrouver dans des spectacles qui parlaient d’anthropologie, d’histoire, d’écologie, d’astronomie.


Quand j’ai commencé à faire une pièce sur l’astronomie, je me suis dit on commence à se rapprocher dangereusement d’un autre domaine de compétence que j’ai.


Et j’ai bien aimé cette pièce sur l’astronomie.


Et je me suis dit, mais pourquoi je ne ferais pas une pièce sur les maths ?


Parce que j’ai des trucs à raconter là-dessus.


Fred : Tu as une double compétence en fait.


François : Et là c’est comme ça que l’idée a germé.


Fred : D’accord.


François : Et après peut-être que j’ai laissé la parole à Meriem


Fred : Alors question un peu personnelle, vous connaissiez déjà l’époque ou pas ? À l’époque de cette première pièce


Meriem : La pièce sur l’astronomie, oui on se connaissait déjà.


Fred : D’accord, ok.


Et donc toi Meriem, alors toi tu t’es dit tout d’ailleurs, tu l’as dit, tu l’as affirmé, tu es nul en maths.


Et dans les documents que tu m’avais envoyés, j’ai lu effectivement un truc, ça m’a fait mourir de rire parce que tu as une façon de t’exprimer qui est quand même très drôle.


Et donc toi tu le dis, nul en maths, tu as fait un doc de sciences humaines ? De lettres modernes, excuse-moi.


Meriem : Lettres modernes, oui.


Fred : Et donc ton parcours, tu commences par des lettres modernes et comment tu arrives aujourd’hui à diriger une compagnie de théâtre qui fait des maths et du théâtre ?


Meriem : Je ne te cache pas que c’est parce que j’ai rencontré François.


Fred : Ok.


Meriem : Il n’y a pas tellement d’autres raisons à vrai dire.


Il y a la raison que je voulais l’accompagner dans ce chemin-là.


Fred : Toi, comme tu l’as dit tout à l’heure, à l’école et même après, tu n’avais pas d’appétence du tout pour les maths.


C’est même l’inverse, c’était vraiment…


Meriem : En fait, je crois que je suis…


Enfin, j’étais comme beaucoup de gens et beaucoup d’enfants, très très bonne en maths jusqu’à la fin du primaire.


Et tu sais, il y a un endroit qui est un peu identifié comme l’endroit du décrochage en mathématiques.


Fred : Ah non, je ne sais pas.


Meriem : Souvent vers la cinquième, quatrième, le langage change un peu.


Et tout à coup, ce qui était facile, ce qui était simple, ce qui était même amusant.


En fait, moi, j’adorais les maths en primaire.


Je m’amusais beaucoup à résoudre des problèmes, ça me plaisait beaucoup.


Mais il y a un changement de langage qui fait que pas mal de gens, si tu ne prends pas le train, tu restes un peu sur la route et tu es toujours en train d’essayer de rattraper.


Et puis finalement, tu ne rentres jamais vraiment complètement dedans.


Fred : Et ça peut aussi dépendre de la pédagogie des profs.


On peut être très bon mathématicien ou mathématicienne, mais pas forcément pédagogue des fois.


Meriem : Voilà, oui, tu sais, tout à l’heure, je disais, moi, ce qui m’a manqué, c’est un peu un langage, un récit, raccrocher ça à un imaginaire, c’est un petit peu ce qui m’a manqué.


Je me souviens très bien de… ça c’est très marquant pour moi parce que j’avais pris mon courage à deux mains, et j’étais allée voir mon prof en cinquième.


Et je lui ai dit, monsieur, je suis en train de décrocher, je ne comprends plus rien, il y a un problème.


Est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt nous expliquer d’où ça vient tout ça ?


Quelle est la pensée ?


Ce qui m’intéressait beaucoup, c’était de savoir comment est-ce qu’on pouvait créer tout ça ?


Fred : Donc, c’est le côté historique ou épistémologique des maths, en fait, qui pouvait t’intéresser.


Meriem : Oui, moi, c’est ce qui m’intéressait parce que je me disais que sans ça, j’étais face à un langage qui était un peu hiéroglyphique pour moi.


Je me disais, mais si on me raconte comment, quelle est la pensée, comment on arrive à cette chose que je vois écrite sur ma feuille, on y arrive comment ?


Et je vois bien là, par exemple, sur ma fille, que ça l’éclate d’écrire des hiéroglyphes comme ça.


Fred : Mon fils aussi, c’est pareil, vous le connaissez. Je ‘interromps un peu parce que je vois que sur le salon web de la radio, quelqu’un nous a rejoint, donc je rappelle, vous pouvez participer à l’échange sur le salon web, sur le site causecommune.fm, bouton chat, salon, Chemins de traverse, soit pour poser une question ou faire une réaction, Julie surveille et moi aussi.


Et vous pouvez aussi intervenir par téléphone au 09 72 51 55 46.


Je répète, 09 72 51 55 46.


Donc, on parle des maths, tu fais donc un DEUG de lettres modernes.


Meriem : Oui, rien à voir avec les mathématiques.


Je fais ça, je m’inscris à la chorale parce que j’avais toujours voulu chanter.


Et donc, je me retrouve à la Sorbonne, la grande Sorbonne, avec un super beau chœur, l’OCUP de Paris.


Et là, il y a les dix ans de l’association, il y a toute une fête, etc.


Et je tombe sur un garçon qui n’était pas tout à fait comme les autres.


Parce qu’il était…


Fred : Je ne sais pas comment il va le prendre, là !


Meriem : Disons que je vois un gars assis par terre, qui tient son violon alto comme une guitare, qui fait des petits pizz et qui chante « Always The Sun ».


Donc, ce n’était pas tout à fait l’ambiance de l’endroit où on était, où il y avait une pièce montée et de jolis costumes.


Et donc, je le regarde, j’éclate de rire, et voilà qu’il imite mon rire, cet impudent.


Et je me suis dit « Tiens, celui-là, il a du culot ».


Et puis voilà, et depuis, on vit ensemble.


Fred : Donc, on va être totalement transparents.


Vous êtes un couple de travail, un couple à la ville aussi.


Meriem : Voilà.


Fred : Et donc, la rencontre, c’était quoi ?


C’était il y a une vingtaine d’années, c’est ça ?


Meriem : Oui.


Fred : Et donc, le maths-théâtre, par contre, on a dit tout à l’heure 2013, c’est-à-dire 11 ans.


Donc, vous avez mis un peu de temps avant, finalement, de lancer ce projet


Meriem : On ne s’est pas jeté sur les maths.


François : Non, ce n’était pas programmé.


Meriem : On a fait d’autres choses.


Fred : Vous avez fait deux beaux enfants aussi.


Non, mais je veux dire, la question, elle est… François, on vient de le dire tout à l’heure, avait commencé à faire une pièce sur le maths-théâtre.


Et là, le sujet dont on parle, la compagnie Terraquée, c’est plus tard.


Donc, ce n’est pas venu tout de suite, ce projet-là ?


Meriem : Non.


Fred : Comment ça s’est venu ?


Comment ça a maturé, en fait ?


Meriem : Parce qu’à l’époque, François, il faisait sa carrière de comédien, tout à fait indépendamment de moi.


Fred : Et toi, tu faisais quoi ?


Meriem : Moi, j’étudiais le chant lyrique, figure-toi.


Fred : Oui, parce que tu es une chanteuse lyrique.


Meriem : Eh oui.


Et donc, moi, j’étais occupée à me battre avec Wagner et l’allemand.


Et puis, on a cheminé comme ça, avec des chemins artistiques parallèles, tous les deux, et on avait créé la compagnie Terraquée.


Pas du tout pour faire des maths, mais pour faire de la musique et de la poésie.


Fred : Ah, d’accord !


Meriem : Voilà.


Fred : OK.


En fait, ça veut dire quoi, Terraquée ?


Meriem : Alors, Terraquée, ça veut dire « mêlé de terre et d’eau », « terra » et « aqua ».


Alors, souvent, quand je dis ça, les gens me disent « mais ça fait de la boue, ça ! » Ça fait de la boue, mais aussi, ça peut faire de la glaise.


Et avec ça, on peut façonner un peu tout ce qu’on veut.


Et puis, en fait, c’est un adjectif qui s’applique souvent à la planète Terre.


Donc, on dit la sphère Terraquée.


Et là, je vais passer la parole à François, parce que c’est à cause de lui que ça s’appelle comme ça.


François : Le premier spectacle qu’on a monté ensemble et qu’on a monté avec cette compagnie, c’était un spectacle sur des poèmes de Guillevic, qui est un grand poète, qui parle beaucoup des choses, des éléments naturels.


Le spectacle s’appelait Les Rocks.


Donc, j’aime bien dire que c’était un spectacle sur les cailloux.


On l’a bien aimé, mais il a fait sa petite vie.


Mais quand on a fondé la compagnie, du coup, on a choisi comme nom le titre d’un des poèmes de Guillevic, qui s’appelle « Terraqué ».


Et c’est pour ça que la compagnie s’appelle Terraquée.


Donc, ça n’a rien à voir avec les maths.


Et quand on a lancé le projet sur les maths, d’ailleurs, on s’est demandé, « peut-être qu’il faut changer le nom de la compagnie », on s’est rendu compte que le nom il parlait, que les gens les retenaient très bien.


Et maintenant, on est assez content d’avoir passé ce mot « Terraquée ».


Et les matheux connaissent très bien ce mot maintenant, donc voilà.


Fred : D’accord, je découvre des choses.


C’est bien, je fais des émissions dans lesquelles je découvre des choses, parce que bon, on se connaît quand même un petit peu, puis je ne connaissais pas du tout l’origine de ce mot.


On a parlé de musique, et on va en profiter pour faire une petite pause musicale.


Donc, la semaine dernière, avec ma plus jeune fille, j’ai écouté en fait un album qui s’appelle « Au bon coin » d’un certain François Perrin.


Et donc, on a choisi tous les deux une chanson à faire passer, et donc elle m’a demandé exprès celle-là.


Ça s’appelle « Les magasins suédois », donc c’est chanté par François Perrin.


On se retrouve dans trois minutes.


Belle soirée à l’écoute de Causes communes, la voix des possibles.


[ Diffusion de la pause musicale ]


Voix du jingle (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, 93.1.


Fred : Nous venons d’entendre les magasins suédois par François Perrin


Vous écoutez l’émission Chemins de traverse Je suis toujours justement avec François Perrin et Meriem Zoghlami


Nous parlons de maths, de théâtre Justement on parlait un petit peu de leur parcours


Et là on va parler un peu plus en détail de leurs activités.


Vous pouvez participer à notre conversation Je vous rappelle le numéro 09 72 51 55 46 Je répète 09 72 51 55 46 Ou sur le salon web dédié à l’émission Sur le site causecommune.fm, bouton cha, salon Chemins de traverse


Donc on a bien compris comment vous êtes arrivés à vous rencontrer. Et puis à lancer cette compagnie Terraquée.


Donc là on va peut-être un petit peu rentrer dans les activités principales de la compagnie. Et tout à l’heure on fera un focus sur le festival qui a commencé aujourd’hui, le festival Maths en ville.


Je crois que c’est la 7ème ou 8ème édition


Meriem : La 8ème


Fred : La 8ème édition. Alors, quelles sont les activités principales de la compagnie. Moi j’ai noté quand on regarde la plaquette et le site Il y a des spectacles, il y a des ateliers,. et autres activités au contact de la population, et il y a l’organisation d’événements. Alors, on a un peu parlé tout à l’heure des spectacles. Mais peut-être qu’on peut un peu redétailler ça, des exemples de spectacles. Et à qui vous vous adressez aussi ?


Qui s’adresse ces spectacles ?


Meriem : Alors on a parlé de Pi, le nombre de lettres, tout à l’heure. Qui est un spectacle qu’on a créé. C’est notre premier spectacle qu’on a créé à l’adresse des collégiens et collégiennes. J’insiste sur collégiennes aussi, puisque Pi est une fille chez nous. Et donc ils sont deux en scène, il y a Caroline Benassy et François Perrin. Et c’est la quête un peu existentielle de Pi. Qui se demande à quoi elle sert et où elle va. C’est né d’un travail autour justement avec des jeunes gens, avec des collégiens, autour de la notion de nombre. Ce qui était intéressant dans l’histoire c’était de savoir c’est quoi finalement un nombre. Comment on appréhende cette notion-là. Voilà, tu veux dire un mot François là-dessus ?


François : C’est un spectacle qu’on joue effectivement pour les collégiens. Qu’on joue aussi pour le grand public. On va jouer par exemple à Aubervilliers au mois de novembre


Meriem : le 22 je crois.


François : Le 22 novembre


Pour une soirée à destination de tous les Albertivillariens-Villardiens, et des autres.


Fred : Alors ce spectacle et les autres que vous faites, auprès des collégiens et des collégiennes, comment vous les organisez ?


C’est les collèges qui viennent vous voir ?


C’est vous qui contactez les collèges ?


C’est que les collèges, c’est pas les lycées ?


Comment ça se passe ?


Meriem : Effectivement on essaye d’avoir un panel de spectacles qu’on enrichit peu à peu, parce que c’est pas forcément facile de trouver les moyens de la création. Que ce soit les moyens matériels, ou les moyens en temps. C’est toujours compliqué de créer un nouveau spectacle. Mais on est en train d’enrichir au fil des années notre catalogue de propositions. Et notre ambition c’est d’avoir un catalogue qui s’adresse à tous les niveaux, tous les âges. Et qui puisse répondre comme ça un petit peu à tout le monde. Que ce soit des choses qui s’adressent à un public familial ou des choses pour les cycles 3 comme on dit dans l’éducation nationale, c’est-à-dire les dernières années de l’école primaire.


Donc on « Il est rond mon ballon » qui fait cet office-là, « Pi le nombre à 2 lettres » c’est plutôt pour les collégiens. On a un autre spectacle qui est plutôt pour les lycéens. On vient d’en créer un second pour les lycéens. Et les profs de Saint-Denis, les profs de maternelle, se sont plaints qu’il n’y avait rien pour eux.


Fred : Et ces profs ont raison !


Meriem : On est en train de réfléchir à un spectacle pour les maternelles


François : Je rebondis sur une autre chose que tu disais Par rapport à aller dans les endroits. C’est vrai que ce qu’on fait C’est qu’on ne joue pas si souvent dans les théâtres. Très souvent on va aller dans des lieux qui ne sont pas des lieux de spectacle pour aller jouer nos spectacles. On va jouer fréquemment dans les maisons de quartier. On va jouer dans les établissements scolaires Meriem l’a dit


Fred : Dans des médiathèques ?


ICI


François : On va jouer dans des médiathèques, on y était cet après-midi, à la médiathèque Flora Tristan, à Pierrefitte.


C’est un peu notre pain quotidien.


Notre spectacle « Il est rond mon ballon », c’est un spectacle qui va vraiment aller se jouer un petit peu partout, autour des maths et du foot.


C’est justement un peu, d’aller se confronter.


On est allé se promener dans la médiathèque avec des ballons de foot, jongler avec des ballons de foot dans la médiathèque, pour aller dire aux gamins, « Venez, on va faire un spectacle sur les maths et la forme du ballon de foot ». Et puis voilà, ils descendent et on démarre.


Fred : C’est quelle « connaissance mathématique » qui est derrière ce spectacle ?


C’est la géométrie ?


François : Dans nos spectacles, ce n’est pas tellement les connaissances mathématiques qui sont au cœur.


Il y a toujours des connaissances mathématiques qui sont…


L’autre fois, des mathématiciens m’ont dit, « Tes spectacles, de toute façon, c’est vraiment des maths. » Et c’est vrai, il y a vraiment des maths tout le temps, partout.


Mais le cœur de ce qu’on raconte, ce n’est pas tellement une connaissance qu’une manière de regarder les choses.


Il est rond, mon ballon, par exemple, c’est sur la géométrie, sur les polyètres, donc les formes géométriques solides en 3D. Mais c’est surtout, nos spectacles, ils portent sur comment on peut regarder.


Il est rond, mon ballon, c’est un spectacle sur changer de point de vue.


Changer le regard qu’on porte sur les choses.


Comment, en regardant une chose d’une manière, et puis tout à coup, en la regardant autrement, on va comprendre des choses dessus.


Par exemple, le ballon de foot, l’expression le consacre.


C’est le ballon rond.


Il est rond.


Mais en fait, quand on regarde ce ballon, si tu penses à la forme la plus classique du ballon rond, il n’est pas rond.


Il est constitué de formes géométriques, des pentagones et des hexagones.


Et puis, on peut faire un patron de ce ballon, c’est-à-dire le représenter à plat.


Le mettre à plat.


Alors, qu’est-ce qu’on comprend de cette forme si on la met à plat ?


On la regarde autrement.


Et puis après, on peut se poser la question, mais pourquoi est-ce qu’ils ont fait des ballons qui ne sont pas ronds ?


Et en fait, il y a une raison.


Si on fait des ballons trop ronds, les ballons ne tournent pas bien, les effets de balles, ça ne se passe pas bien.


Et après, les joueurs de foot, c’est arrivé à une Coupe du Monde, à la Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010, les joueurs se sont plaints parce que les ballons étaient trop ronds.


Fred : Ils flottaient, c’est ça ?


François : Oui, ils flottaient.


Les tirs, c’était n’importe quoi.


On avait l’impression qu’ils ne savaient pas jouer au foot.


Meriem : Ou c’était un peu, ça rappelait un peu Olivier et Tom quelque part.


François : Oui, voilà.


Fred : Pour les plus anciens, les plus anciennes.


Meriem : Ça glissait trop, quoi.


Fred : Ça glissait trop.


François : On a un autre spectacle comme ça, les Indécis, qui parle de l’utilisation des stats dans le domaine public, en politique et puis en finance.


Et c’est pareil.


Dans le spectacle, il y a des maths, il y a des vrais contenus mathématiques.


On va parler du paradoxe de Condorcet à propos des systèmes de vote.


On va parler d’une comparaison entre la finance et les jeux de hasard, de qu’est-ce que c’est un événement probable, un événement possible, la différence entre les deux.


On va vraiment parler de ça.


Mais en même temps, c’est surtout un regard.


C’est surtout, quand une personne nous donne une information chiffrée, comment est-ce qu’on peut la regarder ?


Est-ce qu’on va regarder ce que la personne nous dit ?


Ou est-ce qu’on va, comme en magie, quand le magicien nous montre un endroit, essayer de regarder ailleurs, à l’endroit où il ne veut pas qu’on regarde, pour comprendre le tour de magie ?


Et c’est un peu là-dessus que portent nos spectacles.


C’est à chaque fois plutôt sur une manière de regarder les choses, une manière de penser.


C’est plutôt ça qu’on essaye de faire passer.


Moi, je dis souvent, par exemple, aux mathématiciens qui m’interrogent sur « alors c’est quoi les contenus que vous transmettez ? »


Parce qu’évidemment, ça les intéresse.


« Qu’est-ce qu’on va aller raconter au grand public ? »


Je leur dis attention, il ne faut pas se tromper d’objet.


Nous, on fait du théâtre.


Le théâtre n’est pas bon pour apporter des réponses.


Le théâtre est bon pour poser des questions.


Fred : Alors justement, en parlant de questions, je ne sais pas si je prononce bien le pseudo de la personne qui est sur le salon web, alhas, qui demande « est-ce que vos spectacles sont une forme de vulgarisation ? »


Meriem : Oui, je pense.


Après, vulgarisation…


Moi, je n’ai jamais très bien compris la différence entre vulgarisation et médiation.


Fred : Moi non plus.


Meriem : C’est des termes comme ça qu’on utilise fréquemment.


Moi, ça ne me gêne pas qu’on dise vulgarisation.


Ça ne me gêne pas qu’on dise médiation.


Il y a cette idée de rencontre qui revient aussi beaucoup.


Ce sont des moments qu’on vit avec le public.


Et comme je le disais tout à l’heure, ce sont des moments où on réfléchit.


Ce que vient d’expliquer François, c’est vrai que ce qui nous intéresse plus que de passer des concepts mathématiques, c’est de passer un esprit.


Et quand il décrit ce spectacle, là, les Indécis, on est sur un spectacle qui est franchement carrément politique.


C’est de la réflexion citoyenne.


Et c’est un spectacle mathématique en même temps.


Fred : Avec l’effet de bord positif sans doute, de peut-être permettre aux gens de mieux comprendre les fameux diagrammes ou stats que les politiques ou journalistes nous présentent et que des fois ils interprètent de façon incorrecte parce qu’ils n’ont pas trop compris ce qui était en jeu, ce qui était expliqué concrètement.


François : Il y a une expression que je m’approprie complètement, qu’on s’approprie complètement, c’est celle de théâtre didactique.


Une expression un peu moins à la mode qu’il y a quelques années à l’époque de Brecht, mais que nous on reprend vraiment à notre compte, à travers ce qu’on fait.


Meriem : Oui, parfois les gens font un peu le nez là-dessus et ils peuvent un petit peu snobber ça en disant c’est du théâtre didactique.


Mais en fait, nous, ça nous va très bien, c’est du théâtre didactique.


On assume carrément, on est en réflexion et en réflexion avec les autres.


Fred : Ces spectacles sont faits notamment dans des écoles.


Est-ce qu’il arrive aussi que les élèves et les parents, les familles soient présentes ?


Meriem : Oui.


Fred : Parce que souvent aussi, le problème souvent dans beaucoup de familles par rapport aux maths, c’est que souvent les parents ne peuvent pas accompagner à partir d’un certain niveau de l’apprentissage des maths.


Donc, est-ce que les familles sont impliquées, peuvent assister au spectacle ?


Meriem : Oui, alors, il y a plusieurs façons de le faire.


Soit on nous achète le spectacle dans un théâtre lambda et c’est une salle de théâtre et puis c’est programmé comme n’importe quel autre spectacle et les gens viennent en famille et ça se passe très bien.


Ou alors, nous, tu sais qu’on fait un travail spécifique d’aller vers les publics.


Donc, par exemple, avec l’accompagnement et l’aide de la CAF, on organise des soirées parents et enfants « voyage en mathématiques ».


Donc voilà, après l’école, on va dans les écoles après l’école ou dans les centres sociaux et on organise des moments de partage autour des mathématiques.


Donc, par exemple, avec un spectacle et des ateliers autour, et des ateliers où on peut manipuler, par exemple, les formes géométriques comme dans « Il est rond mon ballon », ou des ateliers ont fait des expériences ou des jeux qui suivent le spectacle et qui sont des ateliers, pour le coup, de médiation scientifique.


Donc, on essaye d’avoir dans notre petit catalogue un spectacle, un atelier de médiation qui va avec pour approfondir ou manipuler un petit peu les concepts.


Alors, je crois que Julie n’ose pas prendre le micro mais elle vient de poser une question sur le salon web.


Comme tu as un micro devant toi, Julie, je pense que le mieux, c’est d’activer ton micro et de poser la question.


En plus, tu la poseras mieux que moi parce que, bon…


Julie ?


Julie : Oui, je voulais savoir.


Du coup, moi, je suis intéressée par venir voir votre spectacle au théâtre et je me disais aussi qu’en tant que parent, je serais intéressée aussi et en tant qu’instituteur ou professeur ou formateur aussi.


Donc, voilà, il y a plein de personnes en moi.


On est parent, on est personne et formateur.


Est-ce qu’on, sans vous faire venir dans notre classe, ça fait tout un tas de démarches, est-ce qu’on peut simplement amener notre classe vous voir au théâtre ?


Comme, par exemple, en français, on va voir des pièces de Molière avec la classe ?


Meriem : Oui, dans le cadre du festival Maths en ville, on réserve toujours des espaces pour les scolaires.


Donc, là, on est accueillis, par exemple, à l’université Sorbonne-Paris-Nord qui nous accueille à Villetaneuse, sur le campus de Villetaneuse avec le spectacle « Il est rond mon ballon ».


C’est le spectacle qui s’adresse au cycle 3, c’est-à-dire CE2, CM1 et CM2 et 6e aussi.


On aime bien, oui, arriver à mêler aussi un petit peu les élèves et à faire le lien entre la fin du primaire et le début du collège.


Donc, on fait ça souvent avec les établissements scolaires.


Là, c’est à l’université.


François : Ça, c’est mardi 8.


Donc, mardi prochain, à l’université de Villetaneuse.


Fred : Il faut s’inscrire, par contre.


Vite !


Et puis, on va jouer aussi Nightingale qui est notre dernière création qui s’adresse plutôt aux lycéens et on va la jouer à l’université de Bobigny le 10, je crois.


François : Jeudi 10 octobre, après-midi, et la représentation sera suivie d’une rencontre et d’un débat autour de Florence Nightingale et du métier d’infirmière, d’infirmier avec Aurore Margat qui est infirmière et chercheuse et qui est quelqu’un de passionnant donc je pense que ça va être un super débat s’il y a des profs qui nous écoutent et qui veulent amener leur classe de lycée.


Et la dernière sur le festival pour les scolaires, ce sera le lendemain le vendredi 11 à l’université de Saint-Denis pour les Indécis, le spectacle dont on parlait tout à l’heure sur les statistiques et la politique.


Fred : Alors, vous précisez que tout le programme est sur le site de Maths en ville, donc c’est mathsenville.com, maths avec un s.


Et vous avez un local, je crois, à Saint-Denis.


Est-ce que c’est un local de travail ou c’est un local qui accueille aussi des ateliers ou des spectacles ?


Meriem : C’est un local où on fait des ateliers maths-théâtre parce qu’on continue les expérimentations toujours avec des enfants, des jeunes.


Donc le mercredi après-midi, on accueille des groupes.


Les enfants vont en fait chercher autour d’une question pendant toute l’année.


Par exemple, l’an dernier, c’était qu’est-ce que c’est l’infini ?


Et ils ont fait plein d’expérimentations avec un médiateur scientifique de notre équipe et une comédienne, prof de théâtre.


Et toute l’année, ils cherchent autour de cette notion d’infini.


Et à la fin de l’année, ils ont écrit une jolie pièce de théâtre qu’ils ont pu jouer devant leurs camarades, leurs familles, et même au théâtre à Saint-Denis.


Fred : Le TGP ?


Fred : Non, ça s’appelle les 3T


Auparavant, c’était La Belle Étoile.


Et donc, ils ont joué là.


Il y a un moment où se retrouvent toutes les pratiques amateurs de la ville.


Ça s’appelle Dionysiens en Seine.


Et ils ont joué là.


Ils étaient très très bien.


On était très fiers.


Fred : Donc c’est à la fois un atelier de maths et d’écriture ?


Meriem : Voilà, c’est un atelier d’écriture autour des mathématiques par des moyens théâtraux.


Et donc ça, ça a lieu tous les mercredis.


Et aujourd’hui, cette année, on travaille autour de la symétrie.


François : Oui.


Meriem : Voilà.


Fred : J’ai une question.


Je vois que Julie a pris quelqu’un au téléphone.


Je ne sais pas si c’est pour nous ou si c’est pour elle.


On va voir.


Ça me fait penser à une question.


Ah, question en direct.


Passe-le-nous en direct.


S’il te plaît, passe-nous la personne.


Bonjour.


Je ne suis pas sûr que tu aies branché la personne.


C’est mieux comme ça, je pense.


Bonsoir.


Quel est votre prénom ?


Alhassane : C’est Alhassane.


Fred : Ah, OK.


Je ne sais pas, vous avez une question, une réaction ?


Allez-y.


Alhassane : Oui, j’ai une question.


J’ai une question bizarre.


Fred : Ben, allez-y.


Alhassane : Oui, bon, c’est sur la psychologie.


Je ne sais pas si je peux la parler aussi aux enfants.


Pour les enfants, quand dans des activités ludiques, ils parviennent à comprendre les mathématiques.


Même dans la vie courante, dans les enfants, par exemple, un enfant, tu lui donnes trois billes, tu prends une bille, il sait combien de billes il lui reste.


Par exemple, tu lui donnes de l’argent en euros, il achète quelque chose, il sait vraiment combien on doit lui rendre.


Les enfants sont très intelligents pour ça.


Mais maintenant, quand ils posent deux bonbons, trois bonbons sur la table, s’il manque quelque chose, ils savent.


Mais maintenant, quand tu les remets dans la théorie, pourquoi ils ont des difficultés ?


Par exemple, sur un papier, tu lui dis 2x+1 égal 3.


Après, ils ont des problèmes.


François : En fait, les mathématiques, c’est exactement ça.


C’est exactement, il me semble, faire ce chemin depuis une manipulation très concrète jusqu’à l’abstraction.


Et contrairement à, je pense, une idée qui est assez répandue, faire l’abstraction, c’est quelque chose qui est assez naturel pour nous les humains.


Et donc, on le fait.


On le fait tout le temps.


Et c’est effectivement ce que font les enfants quand ils répètent une expérience en manipulant des objets pour comprendre le nombre ou en jouant à des jeux pour la géométrie.


Ensuite, dans l’apprentissage des mathématiques, il y a différentes étapes sur ce chemin, effectivement.


Je ne suis pas un spécialiste de pédagogie des mathématiques, mais je vais essayer quand même de bien répondre.


Depuis la manipulation, l’abstraction et la verbalisation de quelque chose.


C’est-à-dire on manipule, on passe à l’idée, exactement comme vous le dites, et ensuite on peut le restituer.


Et en fait, il y a tout simplement différentes étapes à acquérir.


Et donc, c’est assez normal que…


En fait, ce qu’il faut…


Je reviens à ce que disait Meriem tout à l’heure sur le chemin historique.


Quelque chose que je dis souvent aux jeunes et aussi à leurs profs, c’est que les notions mathématiques qu’on a nous aujourd’hui, des notions aussi quotidiennes pour nous que, par exemple, le nombre zéro, c’est des notions qui ont pris des années, et pas seulement des années, mais des milliers d’années à concevoir et à formaliser pour les mathématiciens.


Entre l’idée intuitive, comme vous le dites, et la notion mathématique formalisée.


Donc, ce qui a pris des centaines ou des milliers d’années à formaliser pour les meilleurs mathématiciens de leur époque, c’est normal que, pour les enfants, ça puisse prendre du temps aussi, que ça puisse leur demander un effort, qu’ils soient confrontés à une difficulté.


Il ne faut pas se dire que la difficulté, elle n’est pas normale.


La difficulté, elle fait partie de la chose et, quelque part, elle fait partie de ce qui peut être sympa aussi, si les choses sont toutes linéaires, des fois, on s’ennuie.


Donc, ça peut être…


La difficulté peut faire partie de cet aspect ludique.


Mais, en tout cas, elle est…


Elle est là, elle est…


C’est normal, ce n’est pas quelque chose qui est…


Souvent, on dit « Mais pourquoi tu ne comprends pas ? » à un enfant. Et, en fait, il ne comprend pas parce que ce n’est pas si simple et qu’il faut lui laisser le temps de faire ce chemin mental.


Il faut qu’il trouve l’endroit où ça passe et…


Voilà, c’est…


En tout cas, c’est ce que je ressens par rapport à ça.


Alhassane : Oui, c’est vrai.


Encore, je rajoute quelque chose.


Effectivement, nous aussi, même moi, par exemple, il y a des choses élémentaires que je commence à comprendre.


Et ça aussi, et puis…


C’est très difficile.


Vous savez, les enfants, quand…


À chaque fois, ça commence d’abord sur les expressions littérales.


Quand vous mettez des A plus B, ils sont perturbés.


C’est fini.


Et puis, ce n’est pas évident de les expliquer.


C’est quoi encore les expressions littérales ?


Vous voyez ?


Ce n’est pas évident.


Les A plus B, c’est quoi ?


Si tu le distingues variable ou tout ça, ils se perdent.


Il n’y a rien qui peut…


Meriem : Oui, c’est ce que je disais tout à l’heure sur la question du langage, en fait.


Le changement de langage, le décrochage qu’il peut y avoir entre la primaire, où on résout des problèmes, où c’est drôlement amusant, en fait, de trouver des solutions à des problèmes, et ensuite, la formalisation, on va dire, de ces… problèmes-là, avec un langage plus mathématique.


C’est vrai qu’on ne nous explique pas tellement qu’en fait, ce que je disais tout à l’heure, ma fille y trouve beaucoup de plaisir, elle s’amuse bien.


Mais en fait, on ne nous explique pas que c’est une simplification, et que c’est une manière de dire les choses de manière plus directe et plus courte.


Mais ce n’est pas toujours évident de le comprendre quand on a le nez dessus, que, en fait, passer à l’autre langage va être plus efficace et… et nous faire gagner du temps.


Et pas seulement du temps, aussi du… du temps dans la… dans la pensée.


Mais ce n’est pas si évident, je trouve.


Alhassane : Si, ce n’est pas évident.


Meriem : Voilà.


Alhassane : Oui, ce n’est pas du tout…


Bon, je vous explique une histoire, une petite anecdote.


Par exemple, j’avais un élève, je lui expliquais les identités remarquables.


A plus B au carré égal A au carré plus B au carré plus deux A B, ce genre de choses, voilà.


Je lui donne tout, il est intelligent, il connaît tout maintenant.


Après, maintenant, pour l’appliquer, je lui dis X plus 2 au carré.


Il m’a regardé, il m’a dit…


« Non, je suis… sur le A, je ne suis pas sur le X »


François : Mais il y a une citation que j’aime beaucoup de Henri Poincaré, qui est un très grand mathématicien, qui est les mathématiques, c’est l’art de donner le même nom à des choses différentes.


Et on est exactement là-dedans.


Mais au-delà de dire des X, des A, des choses qui paraissent effectivement compliquées pour les gens, et oh là là, qu’est-ce qu’ils veulent dire avec tout leur X et tout leur A et leur machin, en fait, quand on dit 7, qu’est-ce qu’on dit ?


Quand on dit le nombre 7, ça peut désigner 7 moutons, ça peut désigner 7 personnes, ça peut désigner 7 cailloux, mais ça peut aussi désigner la mesure de 7 pas, ça peut désigner 7 jours qui se sont passés, et toutes ces choses-là sont désignées par ce même objet, ce même mot, 7.


Et donc, dans cette notion-là, qui est complètement passée dans notre commun, il y a énormément de pensées et énormément d’abstractions, énormément de mathématiques.


En fait, on pense souvent que les mathématiques, c’est séparé et que ça va s’adresser à quelques spécialistes, mais en fait, les mathématiques, c’est un corpus qu’on intègre petit à petit dans notre culture.


Depuis des milliers d’années, on fait ça, et des choses, des nombres, typiquement, c’est une notion extrêmement abstraite, mais qu’on a tellement incorporée, incorporée, incorporée, qu’on ne voit plus cette abstraction-là.


Et voilà, on se donne rendez-vous, parce que les mathématiciens ont tendance à penser le temps très long, on se donne rendez-vous dans 5000 ans, et on verra, et je suis sûr que les identités remarquables, ce sera un… voilà, ça fera partie de notre corpus culturel commun à tous.


Meriem : Mais sur l’écriture et le langage des mathématiques, on a déjà échangé, François et moi, là-dessus, parce que moi, je suis toujours en train de découvrir et d’apprendre des choses, et on avait tenté quelque chose sur Omar Khayyam, qui est un poète, mais aussi mathématicien, et on avait regardé un petit peu ce qui se faisait à l’époque, donc, de tous ces mathématiciens du monde arabe, dit arabe élargi, et comment ils écrivaient à l’époque les mathématiques, et en fait, c’était des pages, et des pages, et des pages, et jusqu’à ce que, peu à peu, ces pages se condensent, et que le langage mathématique se précise.


Et donc, en fin de compte, ce que j’ai fini par comprendre, c’est que c’était de la facilitation, et condenser le langage, arriver à dire beaucoup de choses en peu de signes.


Et ça, c’est assez fabuleux, vertigineux, moi je suis toujours encore un peu en dehors de tout ça, donc j’essaye toujours de comprendre « mais comment on passe de cette tartine à cette petite formule ? »


Fred : Voilà. — Ok, bah super !


Bah écoutez, merci pour votre appel, on va faire une petite pause musicale.


C’est un choix musical, je vais peut-être te laisser le présenter, Meriem, le Prince d’Orange des Mécanos.


Meriem : Oui, c’est le Prince d’Orange, c’est un ancien morceau, qui doit dater, je sais pas moi, du XVe siècle ou XVIe siècle, un truc comme ça, et je ne sais plus, mais c’est un morceau traditionnel.


Les Mécanos, c’est un groupe que j’ai découvert cet été, en famille, on était à Vézelay, et il y a un festival de la voix à Vézelay, et on est tombé sur dix mecs en bleu de travail, avec des percussions sorties d’un atelier de mécanique, et qui chantaient donc a cappella, uniquement en faisant des percus avec des clés à molettes et ce genre de choses, et qui ont repris ce vieux répertoire en l’actualisant, et puis voilà, mon fils de dix ans et demi est archi-fan, et il chante sans arrêt ça.


D’accord, donc nous allons écouter Le Prince d’Orange par les Mécanos, on se retrouve dans trois minutes, belle soirée l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.


[ Diffusion de la pause musicale ]


Voix du jingle (Laure-Élise Déniel) : Cause Commune, 93.1.


Fred : Nous venons d’écouter Le Prince d’Orange par les Mécanos, vous écoutez toujours l’émission Chemins de Traverse avec François et Meriem, nous parlons de maths, de théâtre, bien d’autres choses, vous pouvez participer à notre conversation au 09 72 51 55 46, ou sur le site web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton chat, salon Chemins de traverse.


Avant de parler du festival Maths en ville, on va revenir sur une petite question qu’on avait tout à l’heure et qui n’a pas forcément été répondue complètement, c’est sur la façon comment les enseignantes et les enseignants, les écoles, peuvent vous convier ou vous inviter à venir faire un spectacle, quand ça se passe en pratique ?


Meriem : Alors on peut tout simplement nous téléphoner déjà, on est vraiment très très joignable, je vais redonner le numéro de téléphone si vous voulez, si j’arrive à trouver


François : c’est le 06 41 12 96 13


Meriem : Voilà, il nous fallait un spécialiste des chiffres.


Et voilà, on peut déjà nous téléphoner, on peut nous écrire un mail, on nous retrouve sur le site www.terraquee.com, terraquée au féminin, s’il vous plaît, et on nous trouve aussi via le site Maths en ville, si c’est plus facile à retenir, mathsenville.com, et donc tout reboucle et on nous trouve facilement.


Ensuite, on est, pour les enseignants, aussi sur le Pass culture, on est référencés sur le Pass culture, les enseignants peuvent passer par leur interface ADAGE, à laquelle nous on n’a pas accès, donc je ne sais pas très bien comment ça se passe, je ne peux pas vous les décrire. Mais vous avez un compte, une interface ADAGE, et vous passez sur toutes les propositions du Pass culture, il faut mettre maths et théâtre et puis on nous trouve.


Fred : Il faut demander à votre présidente comment ça marche, le Pass culture.


Meriem : Oui, c’est vrai.


Fred : Vu qu’elle est enseignante.


Meriem : Exactement.


François : Même un enseignant qui ne sait pas comment marche le Pass culture, par exemple, peut appeler Eunice au 06 41 12 96 13 et qui expliquera très bien ce qu’il faut faire et comment ça marche, puisque c’est la coordonnatrice de nos activités avec Sépi qui l’accompagne pour le moment et qui a tenu ce poste pendant trois ans.


Donc elles sont là pour aussi expliquer aux profs comment nous faire venir.


Fred : L’équipe de Terraquée, c’est combien de personnes ?


Meriem : Oui, c’est ça.


On en profite pour saluer notre équipe qu’on adore, y compris les gens qui sont partis vers d’autres horizons ou qui sont en train de partir vers un autre chemin, parce qu’on a eu beaucoup de chance pendant toutes ces années de rencontrer des gens formidables avec lesquels on a pu travailler et sans lesquels on n’aurait pas pu monter tout ce projet et le maintenir.


À l’équipe, on a quelqu’un pour s’occuper de l’administration, quelqu’un pour la coordination.


On accueille en ce moment une jeune femme en…


Comment ça s’appelle François ?


François : En alternance.


Meriem : Voilà, le mot me manque toujours.


En alternance, donc on est très contents.


On accueille souvent aussi des jeunes gens qui viennent un petit peu voir en stage soit d’observation, ça nous est arrivé d’accueillir des troisièmes, on accueillera des secondes si on le peut, si notre emploi du temps et les activités le permettent et si c’est intéressant pour eux aussi.


Voilà, et puis on a eu plein de stagiaires au fil des années.


Ça c’est pour l’équipe, je dirais qu’il y a un petit peu backstage, tous ceux qui font fonctionner Terraquée au quotidien.


On a aussi, bien évidemment, toute l’équipe artistique et là, il y a du monde aussi qui participe de différentes manières, soit directement au plateau, donc en jouant les spectacles, soit en aidant à l’écriture des spectacles ou à la mise en scène, et puis toute l’équipe qui s’occupe aussi des ateliers.


Donc, je ne sais pas, François, est-ce que tu veux citer un petit peu ?


François : On a cité Caroline, on peut citer Cécile De Lagillardaie qui joue dans « Il est rond mon ballon », Guillaume Van’t Hoff qui a mis en scène « Pi le nombre à deux lettres » et qui joue dans Les Indécis.


Ça c’est une particularité aussi de notre équipe, les rôles changent suivant le spectacle, les artistes, plusieurs d’entre nous sommes à la fois comédien, metteur en scène, auteur, et suivant les spectacles, par exemple, Mika Caudal qui nous a aidé sur la mise en scène des Indécis, qui a fait l’œil extérieur sur ce spectacle, et la co-autrice avec moi de « Nightingale, la dame à la crête de coq », dont on parlait tout à l’heure, notre dernière création, et là elle va intervenir comme comédienne la semaine prochaine sur un projet de théâtre et sciences de rue qu’on appelle « Le Vélo des sciences » qu’on est en train de développer avec l’université de Villetaneuse.


Donc voilà, on ne peut pas citer tous les noms des artistes, mais on est fidèle aux gens avec qui on travaille et on est contents.


Meriem : On peut dire aussi que Sandrine Baumajs qui s’occupe des ateliers « Mathéâtre » dont on parlait tout à l’heure, a un très beau rôle actuellement dans le nouveau spectacle qui est en train de démarrer « Nightingale, la dame à la crête de coq » et c’est un seul en scène qu’elle porte admirablement où elle incarne Florence Nightingale de manière assez surprenante.


Fred : Une phrase pour expliquer qui est Florence Nightingale parce que je crois qu’on ne l’a pas dit tout à l’heure.


François : Florence Nightingale c’est une infirmière anglaise du XIXe siècle, en fait c’est une des fondatrices de ce métier en Angleterre qui n’était pas du tout organisé tel qu’il l’est aujourd’hui et surtout pour lequel il n’y avait pas de formation.


Donc elle est à la fois la fondatrice de la première école d’infirmière en Angleterre.


Elle est également connue pour son oeuvre à la réforme du système sanitaire britannique.


Elle est intervenue pendant la guerre de Crimée, qui est une guerre qui a eu lieu au milieu du XIXe siècle qui a été extrêmement sanglante, et en fait elle a découvert que sur les hôpitaux de campagne les soldats mourraient massivement mais non pas des blessures qu’ils avaient reçues sur les champs de bataille mais des maladies infectieuses.


Et, à travers des études statistiques, elle a mis en évidence l’importance des questions d’hygiène pour la santé publique et elle a fait partie d’un ensemble de gens qui ont réformé le système de santé publique en Angleterre à cette époque là.


Fred : Le temps file, donc on va quand même parler un peu plus de l’événement annuel 8ème édition qui vous occupe beaucoup parce que c’est le Festival Maths en ville du 2 au 13 octobre 2024 à Saint-Denis, Pierrefitte et Aubervilliers.


Et je crois avoir lu que c’est la nulle en maths donc Meriem, que tu décris toi-même, qui a eu l’idée de ce festival et qui l’a lancé en 2017, c’est ça ?


Meriem : C’est vrai, c’est absolument vrai, j’en reviens pas moi-même.


Fred : Qu’est-ce qui t’est passé dans la tête pour te dire de lancer un tel festival ?


Meriem : Je me demande bien parfois.


Mais écoute, c’est un petit peu, j’ai pas fait exprès, mais tu sais, je me promenais dans les rues de notre belle ville de Saint-Denis et puis c’est une ville où les gens aiment bien se rencontrer quand même, Saint-Denis.


Donc tu te promènes et puis moi je promenais mon chien, j’ai un petit chien et je rencontrais quelqu’un et puis je m’arrêtais volontiers et puis il y avait au café ou quoi, et puis les gens causent et on me demandait, mais qu’est-ce que vous faites dans la vie ?


Et je disais, moi je co-dirige une compagnie théâtrale.


Ah bon, et puis pour causer, les gens demandaient « mais vous travaillez sur quoi ? » Ben, « en ce moment on travaille sur le zéro. »


« Quoi ? »


« Pardon ? »


« Qu’est-ce que c’est que ça ? »


Ben oui.


« Mais non, je comprends pas. »


On a une compagnie de théâtre qui travaille sur les mathématiques.


« Comment ça théâtre et mathématiques, c’est impossible ? Ça marche pas ensemble ça, expliquez-moi ça. »


Et puis tu vois, c’était toujours la même réaction un peu systématique et je me retrouvais avec des gens qui me déclaraient bien souvent qu’ils s’intéressaient absolument pas au théâtre et pas du tout aux mathématiques et qui m’écoutaient raconter ça pendant trois quarts d’heure, debout.


Dans la rue, sur un bout de trottoir.


Donc je me suis dit finalement, en fait, ça intéresse les gens ce truc-là.


Alors, peut-être qu’il faudrait partager encore plus amplement et peut-être qu’avec certaines personnes, on pourrait discuter de ces choses-là ou les faire partager de différentes manières.


Donc nous, on avait déjà les spectacles, on avait des ateliers qui se mettaient en place et avec d’autres personnes dans la ville, je me suis dit tiens, c’est intéressant de faire ça.


Faire un événement à la librairie, faire venir une conférence, aller…


On a fait une conférence sur l’ivresse de l’infini, on l’a faite chez le marchand de vin, par exemple.


C’était plutôt rigolo.


Et donc je me suis dit, si je faisais ça, tiens.


Et l’idée a germé.


Bon, j’ai mis un petit peu de temps à la mettre en place et puis en fin de compte, le premier opus de ce festival a reçu un accueil auquel je m’attendais pas du tout.


Moi qui avais déjà tracté pas mal pour toutes sortes de spectacles, de théâtres plus traditionnels, etc.


Chaque fois que je me promenais dans la rue avec mon truc, les gens disaient « Ah, c’est le truc sur les matelas ? Je le veux, s’il vous plaît ! Ah oui, donnez-le moi ! Je veux regarder ce truc-là ! C’est bizarre ! Donnez, donnez ! »


Et puis je distribuais tous mes flyers.


Et donc, j’ai su que le festival allait être un succès avant même qu’il soit advenu.


Je n’osais pas y croire.


Et en fait, ça a très, très bien marché.


Et pendant qu’on faisait la première édition, les gens réclamaient déjà le programme de la seconde.


Je ne pouvais pas m’attendre à une chose pareille.


Voilà.


Fred : Et donc, c’est pendant une dizaine de jours, différents événements, dans différents lieux en Seine-Saint-Denis.


Donc là, c’est Aubervilliers, Pierfitte-sur-Seine et Saint-Denis.


Meriem : Exactement.


Fred : Et donc, ils s’adressent à la fois les publics de jeunes, de moins jeunes.


Meriem : On essaye d’avoir…


Enfin, c’était vraiment…


La devise du festival, c’est « des maths partout et pour tous ».


Et quand on dit « pour tous », c’est-à-dire que vous y intéressiez ou pas, finalement.


Que vous soyez très calé ou curieux, ou que vous passiez là par hasard.


C’est vraiment un petit peu pour tout le monde.


Fred : Comme par exemple, les gens qui vont aller visiter la basilique de Saint-Denis, je suppose qu’à un moment, vous aurez un…


Meriem : Oui.


Fred : Vous serez positionné devant la basilique, devant la place.


Meriem : Exactement.


Fred : Avec des ateliers, etc.


Meriem : Alors ça, c’est la journée qu’on a intitulée « Les maths sont dans la place ».


On est sur la place Victor Hugo, au pied de la basilique Saint-Denis.


Et on prend la place, quoi.


Les maths en force.


Donc, il y a une quinzaine de barnums, il va y avoir des constructions géométriques géantes, des jeux géants, un puzzle géant de la rose nord de la basilique, il y a un échiquier géant, il y a les ludothèques municipales qui participent, il y a le club d’échecs local, il y a des tailleurs de pierres aussi, puisqu’il y a un grand projet de remonter la flèche de la basilique Saint-Denis.


Il y a nos amis médiateurs en archéologie de la ville, il y aura des machines à calculer extraordinaires et de collection, il y a des jeux comme le Fanoroma, le jeu de Hex, je ne sais plus exactement tout ce qu’il y a.


Fred : En tout cas, plein de choses.


Si vous voulez des informations, c’est sur le site mathsenville.com, maths avec un s.


Et donc, c’est en partenariat je suppose avec les villes, les communes ?


Meriem : Oui.


La ville de Saint-Denis nous met à disposition tous les barnums, les tables, les chaises, nous autorise à occuper les places publiques.


C’est pas négligeable.


Voilà.


Et puis, effectivement, il y a certains services municipaux qui participent à cette initiative et on les remercie beaucoup.


Et puis, ils sont fidèles en plus depuis des années, comme je citais l’unité d’archéologie de la ville.


Ça, c’est un service municipal qu’on adore parce que c’est un des rares services municipaux archéologiques.


Il n’y en a pas tant que ça à travers la France.


Et ils sont aussi un centre de formation et ils sont très aguerris et très passionnés.


Donc, on fait plein de choses avec eux.


Vraiment, on s’éclate.


L’an dernier, on a fait, en dehors du festival, l’an dernier et l’année d’avant aussi, on a consacré les mercredis après-midi à des explorations mathématico-archéologiques et théâtrales.


Et c’est vraiment super.


C’est des très bons partenaires.


On a aussi, je peux citer plein de gens, il y a l’ATLAS, le centre des arts et des sciences de Saint-Ouen qui vient, 2AMAJ Val de France.


Ça, c’est des passionnés, des pédagogues complètement passionnés, adorables, très doux, très gentils, qui font des maths dans tous leurs états, avec des processus de manipulation et vraiment, vous n’avez pas du tout la sensation de…


François : Oui, c’est très concret en fait.


Meriem : Voilà.


François : Oui, c’est très concret.


C’est comme les gens qu’on invite sur la place.


À chaque fois, c’est vraiment comme des jeux.


Donc en fait, les familles souvent passent par là et commencent à regarder quelque chose.


Un enfant commence à jouer à quelque chose.


Et puis en fait, après, le grand frère va aller jouer à un autre jeu là-bas.


Et puis la grande sœur, tiens, rencontrer un autre truc qui l’intéresse.


Elle va se mettre à construire une grande forme géométrique avec nos copains de Sciences ouvertes qui viennent tous les ans, qui sont attendus tous les ans à Saint-Denis.


Elle va faire une construction géante.


Et en fait, c’est des maths.


Tout ça, c’est des pratiques qui ont un lien avec les maths, qui font découvrir ces univers-là, mais qui sont en fait vécues comme du jeu. Donc en vérité, pour les gens, c’est une journée de jeu.


Fred : Oui, effectivement.


Chaque fois que j’y vais, on voit que les gens s’amusent.


Meriem : Combien de fois les gens sont occupés à faire quelque chose.


En fait, ils sont en train de résoudre quelque chose.


Par exemple, avec l’ARCSI, ils résolvent des codes secrets.


Ils travaillent là-dessus, vraiment.


Ça les amuse beaucoup.


Et puis souvent, les gens passent par là et ils ne savent pas qu’ils sont à un festival de maths.


Donc ils lèvent ensuite les yeux et ils font « Maths en ville ».


« Mais c’est des maths, ça ? »


Et ça, ça nous amuse beaucoup parce que ce qui nous intéresse vraiment, c’est de toucher tous les publics et en particulier ceux qui n’avaient pas décidé d’être là.


François : D’ailleurs, ce rendez-vous sur la place, il y a des gens qui connaissent le rendez-vous, qui viennent, qui l’attendent.


Et puis, il y a beaucoup de passants.


Et nous, ça nous permet aussi de parler de ce qu’on fait, de parler des autres événements qu’on organise dans le festival, qui ont lieu dans différents lieux.


Dans d’autres lieux.


L’idée, c’est d’avoir des événements dans différents lieux de la ville qui ne sont pas forcément associés aux maths, d’habitude, dans la tête des gens.


Dans les médiathèques, Meriem parlait tout à l’heure dans un café, chez le marchand de vin, à la librairie qui nous accueille tous les ans.


Donc, c’est d’être dans différents lieux comme ça et de dire, voilà, on peut faire des maths là, ça va être cool et ça va être aussi, la librairie, ça va être autour d’un livre.


Dans chaque lieu, ça va être en respectant la spécificité du lieu.


Et la place, c’est un peu le lieu de rencontre, là où on se retrouve avec les gens qui sont les habitués du festival, ou les gens qui ont envie de le découvrir, mais aussi avec les passants.


Et je me souviens d’il y a deux ans, par exemple, je me souviens très bien d’un jeune qu’on a rencontré sur la place, il passait par là, il allait à un autre événement qui avait lieu le même jour, juste à côté.


Il est allé à son événement, et puis il est passé là.


Il a participé à quelque chose sur la place, il a parlé un peu avec nous, avec les gens, et on l’a retrouvé à la librairie, trois jours après, pour une rencontre avec David Chavalarias, qui est un chercheur sur les systèmes complexes, et qui parlait de comment les réseaux sociaux créent, comment il expliquait mathématiquement les effets de biais dans les réseaux sociaux, etc.


Et donc, voilà, ça c’est exactement ce qu’on essaye de créer sur le festival, ces passerelles, ces rencontres, le fait que des gens aient accès, et en fait, tout simplement, l’info, et l’info que c’est pour eux, sur différents événements comme ça.


Fred : C’est la huitième édition.


Est-ce que, chaque année, vous essayez de faire des nouveautés, ou peut-être de vous étendre aussi, ou vous n’avez pas de volonté de vous étendre ?


Parce que ça doit être quand même un gros travail d’organisation.


Meriem : Oui, c’est un gros travail.


Alors, tu vois, la première année, je disais, oui, ça avait été un succès.


Puis, la deuxième année, je m’étais un peu laissée emporter.


On s’était retrouvés dans 17 lieux de la ville, avec, je ne sais plus combien, 24 choses programmées.


Enfin, c’était fou.


Alors, on essayait de se contenir un peu.


Mais on essaye de toujours avoir envie de le faire, nous-mêmes.


Donc, il n’y a pas…


Fred : Parce qu’il faut garder la passion, quand même, pour pouvoir faire ça.


Meriem : Il n’y a pas de raison que ce soit trop répétitif.


D’autant que Maths en ville est nourrie de nos explorations au fil des années, et de nos explorations pendant toute l’année.


Je dirais que c’est un peu la pointe de l’iceberg.


Il y a tout ce qu’on fait, toutes les rencontres, etc., et ça nourrit le festival, et le festival lui-même renourrit nos explorations de l’année.


Ce n’est pas décorrélé de notre activité quotidienne.


Fred : Précisons que c’est un festival gratuit.


Meriem : Tout est gratuit.


C’est absolument gratuit.


Tiens, je vais en profiter pour dire qu’il y a un spectacle.


On invite une compagnie strasbourgeoise, qui sera là le 13 octobre, au Théâtre Les 3T, à la Plaine-Saint-Denis.


Il joue à 16h, et le spectacle s’appelle « Zéro, l’histoire d’un nul ».


Et c’est gratuit, donc on invite les familles à se ruer sur leur téléphone pour réserver les places.


Et toujours au 06 41 12 96 13, c’est nous-mêmes qui prenons les réservations.


Fred : Je mettrai le numéro sur le site aussi de l’émission.


Avant de parler d’une question qui m’intéresse là, François, tu voulais réagir ?


François : Oui, tu parlais de nouveautés.


Je voulais dire une nouveauté par exemple qu’on a cette année.


On va faire du Streetmath.


C’est à dire, on va faire des dessins à la craie dans la rue.


C’est une idée qui est née à Lyon, avec deux mathématiciennes et médiatrices des mathématiques, Olga Paris-Romaskevich qui est une chercheuse en mathématiques, et Marie Lhuissier qui est mathématicienne et conteuse, qui était venue à Maths en ville l’an dernier.


Et elles ont eu cette idée de faire des dessins mathématiques dans la rue, avec les gens.


Et donc leur idée c’est de partager ça, de faire essaimer cette idée.


Donc on a invité Olga Paris-Romaskevich, on va peut-être en parler après, pour d’autres événements du festival, et on lui a dit, mais pourquoi est-ce que on ne ferait pas ensemble un Streetmath ?


Donc on va faire des dessins comme ça dans la rue.


Donc « Les maths sont dans la place » dont on a parlé, c’est le samedi 5, et le samedi 12 on va faire les Streetmath, avec Olga Paris-Romaskevich.


Rendez-vous aussi devant la basilique de Saint-Denis, le samedi 12 octobre, pour faire ça.


Meriem : À 14h.


Fred : Alors tu me fais une belle transition, parce que j’ai ouvert votre catalogue sur une page qui m’intéresse particulièrement.


Parce que ce que je te disais hors antenne tout à l’heure, j’ai comme beaucoup étudié les maths, et dans ma mémoire, les noms de théorèmes sont toujours associés à des mathématiciens.


J’étais incapable de souhaiter un nom de théorème associé à une mathématicienne.


Et là je vois que dans ce que vous appelez les formes culturelles atypiques, il y a un tapis rouge pour les mathématiciennes, « création collective d’un tapis autour de la vie et l’œuvre d’une mathématicienne ».


Est-ce que vous pouvez nous expliquer rapidement ce que c’est que ce projet ?


Meriem : C’est un projet qui me tient à cœur, que je n’arrive pas tout à fait à aboutir comme je l’aimerais.


J’aimerais créer une exposition.


L’aboutissement final de ce projet, ça serait une exposition de tapis.


Mais des tapis qu’on met plutôt au mur, plutôt que par terre.


On pourrait les mettre par terre aussi, remarque, mais ce serait un peu dommage peut-être.


Des tapis un peu allégoriques en fait.


Des tapis qui rendraient hommage à une mathématicienne à chaque fois.


J’aimerais arriver à une expo, mais pour le moment, j’ai un tapis.


Donc, mon tapis, il a été fait avec des habitants de Saint-Denis.


Fred : C’est le tapis sur Sophie Germain ?


Meriem : Sur Sophie Germain.


Fred : Qui est une mathématicienne du 18e ou 19e siècle ?


Meriem : 19e siècle.


Ça, c’est une aventure complètement folle.


J’avais envie de faire ça avec une association qui s’appelle Les marchandes de tapis.


Ce sont des filles qui font des tapis avec de la laine bouillie.


Elles ont une technique qu’elles maîtrisent très bien.


Ça fait des très belles choses.


On s’est associées.


J’ai mis des affichettes dans le quartier en disant, on va faire un tapis pour rendre hommage à la mathématicienne Sophie Germain.


Et les gens sont venus.


Déjà, ça, c’est complètement dingue.


Et puis, c’était des gens qui ne se connaissaient pas.


Ils venaient tous d’horizons différents.


Il y avait aussi bien une dame qui s’intéressait à tout ce qui était aiguilles, fils, broderie, qu’un monsieur qui avait fait des études de philosophie et de mathématiques, que des enfants.


On était plusieurs comme ça.


On a été 14 pour faire ce tapis.


Ça nous a pris 5 jours.


C’est une belle aventure.


J’aimerais bien la rééditer avec ce public inattendu à chaque fois.


J’aimerais qu’à chaque fois, on ait des publics de gens qui se rencontrent autour de cette aventure et qui viennent tous pour des raisons différentes et qu’on passe comme ça un moment privilégié ensemble.


C’est un peu dur à mettre en place et il faudrait que je trouve des crédits pour ça.


S’il y a des gens qui ont de l’argent, qui écoutent, vous pouvez prendre contact avec moi.


Mon but, ça serait vraiment d’arriver à exposer ça et puis de faire tourner une exposition.


Je serais très heureuse de ça.


Fred : J’ai posé la question tout à l’heure avant l’émission, François.


Pourquoi on connaît aussi peu de noms de mathématiciennes ?


François : Déjà, aujourd’hui, dans la profession mathématique, c’est dans les domaines scientifiques, aujourd’hui, en France par exemple, c’est un des domaines où il y a le moins de femmes en proportion.


C’est vrai que c’est un domaine où il y a peu de femmes.


C’est faux que c’est un domaine où il y a peu de femmes parce que les femmes seraient moins douées naturellement que les hommes en maths.


C’est faux et c’est scientifiquement établi le fait que cette interprétation-là est fausse.


Pourquoi il y a moins de noms de théorème quand on apprend les maths ?


Moi, j’ai une hypothèse, c’est que les mathématiques, un peu comme je le disais tout à l’heure en boutade, en répondant à l’auditeur, c’est une histoire très ancienne et c’est une histoire très cumulative.


Donc souvent, même quand on étudie les maths jusqu’à un niveau assez élevé, même dans l’enseignement supérieur en licence de maths, la plupart des maths qu’on apprend, c’est des maths qui vont jusqu’à la fin du XIXe siècle.


Les maths qu’on apprend au collège, on est plutôt arrivé, je sais pas, à la fin du Moyen-Âge peut-être.


Donc, on est dans des époques assez anciennes.


Je peux cacher à personne qu’on est dans des sociétés plutôt patriarcales et ça fait un moment que ça dure et donc les femmes étaient encore moins représentées dans cette époque ancienne.


Donc quand on étudie les mathématiques de ces époques-là, il y a encore moins de noms de femmes.


Ceci dit, il y a des mathématiciennes aujourd’hui et il y a, il me semble, plusieurs choses qu’on peut faire pour travailler sur cette question.


C’est déjà de mettre en valeur les mathématiciennes qui existent.


Meriem : Et qui sont vivantes.


François : Et qui sont vivantes.


Meriem : Pas que les mortes.


François : Et qui sont des femmes qui agissent, qui travaillent.


Et une deuxième chose qu’on peut faire, c’est de s’interroger sur « pourquoi ? ».


« Pourquoi est-ce qu’il y a des freins sur le fait que des femmes fassent des maths ? »


« Pourquoi est-ce qu’il y a si peu de filles dans les études scientifiques ? » alors que jusqu’à la terminale, il y a le niveau des filles en mathématiques est au moins aussi bon, voire supérieur, à celui des garçons ?


Voilà.


Alors, pour revenir sur Maths en ville, justement c’est une thématique qu’on y aborde cette année avec deux événements principaux.


Sur le « montrer les femmes qui font des mathématiques », on a une exposition à la médiathèque du centre-ville de Saint-Denis qui sera accrochée mardi prochain, le 8 octobre, et qui va rester pendant un mois.


Une exposition réalisée par l’association « Femmes et maths » qui travaille sur cette question depuis, je ne peux pas dire combien de temps, mais depuis un moment maintenant, qui sont extrêmement engagées.


Donc c’est 20 portraits de mathématiciennes dans un sens très large, qui exercent dans des milieux professionnels très différents.


Fred : Mathématiciennes actuelles.


François : Actuelles, vivantes, des personnes qui ont entre, je ne sais pas, 30 et 60 ans.


Enfin voilà, des personnes qu’on peut rencontrer.


Et justement on aura une rencontre le samedi 12 octobre, à l’issue du Streetmath dont on parlait, avec Colette Guillopé, qui est une mathématicienne militante, une ancienne présidente de cette association « Femmes et Mathématiques », et avec Olga Paris-Romaskevich dont on a parlé tout à l’heure sur le Streetmath.


Et à propos de interroger les raisons de cette faible représentation des femmes en maths, on en parlera bien sûr le 12, mais le 10, le jeudi 10 octobre, à la librairie La Petite Denise à Saint-Denis, on aura une rencontre, avec toujours Olga Paris-Romaskevich, autour d’un livre qui s’appelle Matheuses, et qui est un livre passionnant.


C’est une enquête sociologique sur des filles qui font des stages de maths en non-mixité, c’est des filles de première


Meriem : « Les cigales » ça s’appelle


François : ça s’appelle « Les cigales ». Qui vont faire des stages à la fac de Marseille en non-mixité.


Et en fait, la sociologue interroge ces filles sur dans quel avenir professionnel elles se projettent.


Et ce qui est frappant, c’est que sur ces filles-là, qui sont des filles qui vont de leur plein gré, pendant leurs vacances, faire un stage de maths en première, donc, à priori, elles sont plutôt motivées par le truc, il y en a beaucoup qui disent, « moi je veux faire plutôt toutes sortes de carrières », notamment dans le médical, dans d’autres domaines.


Et bien, quand on lit le livre, et je vous y engage, on voit un petit peu les facteurs qui jouent là-dessus, et je pense que ça nous donne des idées sur où est-ce qu’on pourrait travailler pour changer un petit peu ça.


Fred : D’accord.


Alors il ne nous reste vraiment même pas 2, 3 minutes avant la désannonce de l’émission.


Alors, soit je vais vous laisser peut-être une intervention dernière si vous voulez dire quelque chose, soit si vous avez vu la question que vous avez envoyée dans la journée, mais je ne suis pas sûr parce que je l’ai envoyée très tardivement, donc non, vous ne l’avez pas vue.


Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose sur le festival, sur vos activités, autre chose en 2, 3 minutes ?


Ou sur carrément autre chose ?


Meriem : Venez, venez nous rencontrer, venez faire des maths ludiques, venez à Saint-Denis, appelez-nous, on n’est pas…


Voilà, on est là, on est prêts à rencontrer les gens, on est toujours heureux de ça, donc n’hésitez pas, venez vers nous, et puis venez vous amuser !


Fred : Je confirme, ça a l’air d’être très amusant, parce qu’à chaque fois qu’on voit des gens qui participent aux ateliers, ces personnes ont l’air très contentes.


Donc on va rappeler, c’est du 2 au 13 octobre 2024, donc à partir d’aujourd’hui jusqu’au 13 octobre à Saint-Denis, Pierrefitte, Aubervilliers, ça s’adresse à tout public, c’est gratuit


Meriem : Entièrement gratuit.


Fred : C’est l’occasion de découvrir l’équipe de la compagnie Terraquée, et puis ensuite, si ça vous intéresse, d’aller voir les activités annuelles que vous faites, voire éventuellement de vous impliquer, voire de découvrir peut-être ce que vous appelez « Le petit local », c’est ça ?


François : « Le petit local » qui se situe à Saint-Denis, quartier Péri, à l’arrêt du tram Baudelaire, sur le tram T5, et où on a des activités autour des maths, nos ateliers mathéâtres dont on parlait tout à l’heure, mais aussi des activités plus tournées vers le quartier, on fait des soirées jeux de société, on fait parfois d’autres événements, des soirées musicales. L’idée c’est justement, encore une fois, de dire que ce lieu où nous, on va principalement investir notre thématique, la thématique scientifique, la thématique mathématique, ça peut aussi être un lieu de rencontre, et en fait, on n’est pas non plus obligé de faire des maths tout le temps, on peut faire d’autres choses, c’est pas grave,


Meriem : c’est pas exclusif


François : c’est pas réservé à certaines personnes, et c’est pas grave non plus si tout le monde ne devient pas scientifique ou mathématicien.


Ce qui est chouette aussi, c’est que chacun ait un accès.


Et de se dire que on peut s’investir dans les choses, on peut se les approprier, y compris si on n’est pas amené à en devenir un spécialiste.


Fred : C’est une belle conclusion, parce qu’on approche de la fin de l’émission, et l’émission qu’après, c’est Minuit Décousu, qui va commencer à 23h30.


Donc un grand merci à François Perrin et Meriem Zoghlami, je vous rappelle le site web du festival Maths en Ville, c’est donc mathsenville.com, Maths avec un s.


Sur le site de causecommune.fm, vous pouvez vous abonner au podcast, à la lettre d’actu, donc Chemins de travers est en direct tous les mercredis à 22h.


Mercredi prochain, ce sera la première de Mehdi, qui recevra Emy, qui est chorégraphe, prof de danse, et dont le principe de travail est « Danse comme tu es, le reste n’a pas d’importance ».


Merci d’avoir écouté l’émission, n’hésitez pas à nous faire des retours, vous êtes toujours sur Cause Commune, 93.1 FM et en DAB+, en Ile-de-France, et partout dans le monde, sur le site causecommune.fm.


Vendredi 4 octobre, c’est la soirée mensuelle radio ouverte au studio, à partir de 19h30, aux 22 Rue Bernard Dimey, dans le 18ème, avec une émission spéciale à 20h, « Fête des possibles » que j’animerai, donc si vous souhaitez présenter une initiative pour construire une société plus durable, humaine et solidaire, n’hésitez pas à venir en à parler derrière le micro ou au téléphone.


On se donne rendez-vous donc mercredi prochain avec Mehdi et Emy.


Salut et solidarité !


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