La question de l’eau est une des clés des rapports entre Israël et les pays voisins, et donc une des clés de la domination sioniste sur la population palestinienne. Dans ces climats arides et semis désertiques du Moyen Orient, sauf au Liban, elle est une ressource rare, donc très convoitée.
Dès sa création en 1948, en développant une agriculture basée sur l’irrigation, Israël a une stratégie de conquête hydrique, car sa principale source d’eau vient de l’extérieur de son territoire, du fleuve Jourdain, qui naît au Liban.
Les états unis ont proposé dès 1953 une médiation qui enregistre le caractère transfrontalier du Jourdain et donne 52% de l’eau à la Jordanie, 31% à Israël, 10% à la Syrie, 3% au Liban. Israël rejette ce plan et aménage unilatéralement un lac au nord de Tibériade, ce qui provoque des escarmouches avec la Syrie. En 1959, il commence à construire un Aqueduc pour détourner les eaux du lac de Tibériade vers le reste de son territoire. Les États Unis veulent arrêter cette construction en bloquant les fonds, mais les sionistes poursuivent discrètement les travaux. Le premier attentat du Fatah (organisation dirigée par Yasser Arafat qui lutte pour la libération de la Palestine) en 1965 vise cet aqueduc et de leur côté, le Liban, la Jordanie et la Syrie engagent en réaction des travaux pour détourner le Jourdain et ses affluents. L’armée israélienne bombarde et détruit les travaux et installations. Ce sont les prémisses de la guerre de 1967, la guerre des six-jours.
A la suite de sa victoire, Israël occupe, en plus de la Bande de Gaza et du Sinai qui sera restitué à l’Égypte, la Cisjordanie et le Golan syrien. Il contrôle alors tous les cours d’eau qui arrivent dans le lac de Tibériade et les nappes phréatiques de la Cisjordanie. Il exploite largement ces nouvelles ressources. L’eau du Golan a vite représenté près de 20% de la consommation israelienne et les nappes de Cisjordanie 25 à 30% (ce qui représente 50 % de son eau potable). Pour fournir ces quantités, plus de 85 % de l’eau des nappes de Cisjordanie est puisée pour Israël, seulement 10 % est attribué aux populations palestiniennes.
Pour arriver à ses objectifs, l’état sioniste met en place une législation sur l’eau qui en fait « une ressource stratégique sous contrôle militaire », qui s’applique aux territoires occupés depuis 1967. Les prélèvements annuels dépassent de 8 à 14% les ressources brutes disponibles, ce qui diminue les quantités disponibles : le niveau du Jourdain est sept fois plus bas aujourd’hui qu’il y a 50 ans notamment en raison des détournements pour l’irrigation.
Par contre de drastiques restrictions s’appliquent pour la population palestinienne. Tout forage de puits est soumis à une autorisation spéciale des autorités militaires et l’eau agricole est payée au prix de l’eau potable, quatre fois supérieur à celui payé par les colons israéliens qui bénéficient de subventions. En outre la consommation d’eau est fixée selon des quotas qui discriminent les Palestiniens : on arrive à une situation où les Israélien.nes ont une consommation par personne quatre fois supérieure aux Palestinien.nes, et la Jordanie est en situation de « stress hydrique ».
Quant à Gaza, l’une des zones les plus densément peuplées du monde, elle ne dispose d’aucune source d’eau de surface. Sa seule ressource en eau douce est une nappe souterraine peu profonde. Sa surexploitation, notamment par Israël a fait baisser son niveau et elle a été polluée par l’intrusion d’eau de mer, le déversement d’eaux usées et le ruissellement d’origine agricole. Selon l’ONU, au début des années 2020, 97 % de l’eau de cet nappe ne répondent pas aux normes de qualité pour l’eau potable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la majeure partie de la population de Gaza dépend de petites usines de dessalement et de camions-citernes privés pour s’approvisionner en eau potable.
Le problème principal n’est pas la quantité des ressources disponibles, mais l’appropriation par Israël de l’eau de la région et l’apartheid à l’encontre des palestinien.nes.
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