Philippines: nouvelles arrestations de Chinois pour espionnage


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Feb 03 2025 3 mins   1

Aux Philippines, les espions chinois gagnent du terrain. Dix jours après l’arrestation d'un ingénieur informatique interpellé pour avoir espionné des bases militaires, cinq autres Chinois ont été arrêtés en fin de semaine dernière, pour des opérations d’espionnage en mer de Chine. Tout a commencé avec l’identification de deux touristes chinois en train de filmer, avec leur portable, un navire des garde-côtes philippins à Palawan. Palawan est une île qui fait face à la Mer de Chine méridionale, et dont la Chine revendique la quasi-totalité. Il y a deux jours, le président philippin, Ferdinand Marcos, s’est dit « très préoccupé » par la situation.

De notre envoyée spéciale à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

Comment ont été identifiés ces espions chinois sur l’île de Palawan ?

Ce sont les habitants de la ville de Puerto Princesa, une ville très touristique à Palawan, qui ont dénoncé des comportements suspects. Ils ont observé deux touristes, en shorts de bains, les pieds dans l’eau, filmer discrètement, un navire des garde-côtes philippins. Très vite, les habitants remarquent qu’ils ont aussi installé, à quelques pas de là, une caméra de vidéo-surveillance dans un cocotier, pointé vers la mer. Donc, aussitôt, les autorités sont prévenues. Les deux hommes sont arrêtés dès leur arrivée à Manille, à l’aéroport. Ils sont interrogés, leurs téléphones sont saisis. Et c’est là que les autorités vont de découvertes en découvertes...

Tout d’abord, les deux individus ne sont pas des touristes taïwanais comme ils le prétendent, mais bien des citoyens chinois. Et puis, on découvre aussi qu’ils ont utilisé un drone pour documenter les allées et venues des bateaux des garde-côtes philippins, mais aussi pour prendre des photos d’une base aérienne et d’une base navale. À la suite de ça, trois autres suspects accusés d’être en lien avec les deux faux touristes chinois sont arrêtés les jours suivants. Dans leurs affaires, on découvre un télescope, des drones, des appareils de communications…et surtout, l’enquête démontre qu’ils surveillent, 24h sur 24, 7 jours sur 7, les mouvements des garde-côtes philippins à Palawan.

Quels intérêts, pour ces deux citoyens chinois, d’avoir autant d’informations dans cette zone ?

Alors pourquoi Palawan ? Parce que c’est là que se trouve la plus grosse base qui sert à stocker et à envoyer des garnisons militaires dans l’archipel des îles Spratleys. Les îles Spratleys, c’est une zone extrêmement disputée entre la Chine et les Philippines, en mer des Philippines occidentale.

En fait, la Chine revendique la quasi-totalité de la zone malgré le fait qu’un tribunal international, en 2016, a confirmée qu’elle faisait partie de la ZEE, la zone économique exclusive des Philippines. Régulièrement, d’ailleurs, des navires chinois naviguent et patrouillent à proximité de Palawan. Et y a souvent des affrontements dans cette zone, avec les garde-côtes philippins. C’est pour ça que la découverte de ces deux espions chinois n’est pas du tout anodine.

Une semaine avant leur arrestation, un autre espion chinois a été arrêté, sont-ils liés ?

Selon le chef des forces armées Philippines, oui. Il a confirmé, il y a quelques jours, que ce groupe était en lien avec l’informaticien chinois et ses deux chauffeurs philippins arrêtés il y a deux semaines à proximité de Manille. Pour rappel, les trois individus ont été interpellés avec un équipement d’espionnage extrêmement développé permettant de produire des coordonnées pour contrôler des drones, mais aussi, de siphonner des données à distance, transmises en temps réel vers la Chine. Des recherches sont encore en cours pour savoir si les activités de ces ressortissants chinois sont un espionnage sponsorisé par l’État ou non. Pour le moment, l’ambassade de Chine à Manille a nié tout lien.

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