Par sa musique, Beethoven reste vivant. Génie de tous les temps, il est l’objet d’une idéalisation qui oublie l’homme qu’il a été. Dans l’affaire de la tutelle, les biographes, pour
la plupart, l’érigent en héros victime des agissements irresponsables de son neveu. Plus récemment, certains prétendus psychanalystes en ont fait un paranoïaque. De tels extrémismes, dans le sens d’une idéalisation aveugle ou dans celui d’une réduction de l’homme à une pathologie mentale, tuent en vérité l’homme qu’il a été. Sans tomber dans quelque compréhension hypocrite, il y a une leçon à retenir de cette triste affaire de tutelle : l’homme Beethoven n’est ni un héros exempt de tout reproche, ni celui qu’on relègue au rang de fou. Il révèle que tout homme, quel qu’il soit, mérite d’être cité au-delà d’une image qu’on se fait de lui. Dans le pire peut s’entendre quelque chose qui, à condition de ne pas être sourd psychologiquement, renvoie en toute humilité à cette part de soi qui n’est pas forcément celle qu’on aimerait avouer. Reconnaître cela, c’est affirmer en bonne part qu’effectivement Beethoven n’est pas mort…
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