Association internationale pour le développement: reconstitution des ressources et la fin bienvenue des huis clos


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Oct 06 2024 3 mins   2

Ça fait débat avec Wathi, comme chaque dimanche sur RFI avec vous Gilles Yabi. Vous avez modéré, au nom de Wathi, un forum régional de la Banque mondiale sur la reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement qui s’est tenu en juillet dernier à Cotonou. Alors que les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI se tiennent fin octobre à Washington DC, vous nous expliquez en quoi consiste cette Association internationale pour le développement.

Oui, l’Association internationale de développement, plus connue sous son acronyme IDA (International Development Association), représente la principale source de financement de la Banque mondiale pour les 75 pays les plus pauvres de la planète. 39 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA sont allouées aux différents pays sous forme de dons et de prêts à taux d’intérêt réduit, pour le financement de leurs programmes de développement.

Le Groupe de la Banque mondiale regroupe aujourd’hui cinq institutions qui ont des missions, des clients et des modalités d’intervention différents. La Banque mondiale a été créée en 1944 sous le nom de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) avec pour mission de contribuer au financement des pays qui sont sortis économiquement dévastés de la Deuxième Guerre mondiale. La BIRD fournit désormais des prêts, des garanties, des produits de gestion des risques et des services de conseil aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres considérés comme solvables. L’Association internationale pour le développement a été créée plus tard, en 1960.

C’est la première fois que la Banque mondiale organise des forums régionaux dédiés au recueil des avis des organisations de la société civile, des think tanks et chercheurs à l’occasion de la reconstitution de ces ressources ?

Tout à fait. Tous les trois ans, les ressources de l’IDA sont reconstituées, c’est-à-dire que les pays donateurs dans le monde allouent des ressources au Fonds qui sont ensuite réallouées par la Banque mondiale aux pays bénéficiaires. C’est donc un moment clé parce que l’enveloppe peut augmenter, ou se réduire. Lors de la dernière reconstitution de l’IDA en décembre 2021, ce sont 93 milliards de dollars américains qui avaient été mobilisés pour la période 2022-2025.

L’affectation des ressources de l’IDA est guidée par des orientations stratégiques qui font l’objet de consultations. Celles-ci avaient jusque-là été limitées aux gouvernements des pays contributeurs et des pays bénéficiaires. Un sommet de chefs d’État africains avait eu lieu notamment à Nairobi en avril dernier. Cette année, la Banque mondiale a donc organisé des forums avec la société civile sur tous les continents, dont celui de Cotonou pour les 22 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Vous estimez qu’il est aujourd’hui essentiel de sortir les discussions sur le financement des économies africaines et sur le rôle des institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le FMI, des cercles fermés des décideurs politiques et des économistes ?

Absolument. De la même manière qu’il y a une exigence de réformes du Conseil de sécurité, il y a un impératif de réformes au niveau des institutions financières internationales. Cette dynamique a été enclenchée à la Banque mondiale qui a publié en janvier 2023 une feuille de route sur son évolution (Evolution Roadmap). Les acteurs de la société civile des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre n’ont pas manqué de poser des questions et de donner leur avis sur ce qui devrait changer dans l’approche de la Banque mondiale.

Le processus de reconstitution des ressources de l’IDA s'achèvera les 5 et 6 décembre prochains à Séoul en Corée du Sud, avec la réunion finale d’annonce des contributions des pays donateurs. Comme la Chine, l’Inde, le Chili, la Turquie, la Corée du Sud fait partie des 36 pays qui sont passés en quelques décennies de pays bénéficiaires de l’IDA à pays donateurs. L’occasion de rappeler que c’est d’abord et avant tout la détermination des décideurs dans chaque pays du monde à améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens qui fait la différence.

Pour aller plus loin

Site internet de l’Association internationale de développement

Orientations stratégiques d’IDA21

Le Danemark annonce une augmentation de 40 % de sa contribution à l’IDA

Évolution du Groupe de la Banque mondiale : Rapport aux Gouverneurs

Consultations sur le processus d’évolution du Groupe de la Banque mondiale