Les tensions commerciales entre la Chine et l'Union européenne (UE) continuent d'inquiéter certaines filières du Vieux continent. Après la mise en place de surtaxes à l'importation des véhicules électriques chinois dans l'UE, Pékin a annoncé une mesure de réciprocité vis-à-vis du cognac. Désormais, la filière porcine s'inquiète de subir le même sort.
En janvier 2024, la Chine ouvrait une enquête anti-dumping sur l'eau-de-vie européenne, soupçonnant certains pays de l'UE de subventionner ces produits pour les vendre ensuite plus chers sur le marché chinois. Une mesure de rétorsion après la décision des 27 d'imposer des surtaxes à l'importation des véhicules électriques chinois sur le Vieux continent.
En France, le sort de la filière du cognac est ainsi devenu le symbole du bras de fer commercial entre Pékin et Bruxelles. Mais elle n'est pas la seule sous le coup d'une enquête anti-dumping de la Chine, puisque le porc européen est, lui aussi, concerné. La procédure s'est ouverte en juin dernier.
Les acteurs du secteur tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme, car la Chine est la première destination à l'export pour le porc européen. Si Pékin mettait en place une surtaxe, il deviendrait donc moins attractif pour les négociants chinois. Avec une autre conséquence : les grands exportateurs d'Europe – l'Espagne, les Pays-Bas et le Danemark – inonderaient alors le marché interne avec leurs produits, conduisant à une baisse des prix.
Jusqu'à 7 milliards d'euros de pertes
Des conséquences chiffrées par l'Interprofession de la filière porcine française (Inaporc). Si la Chine imposait 30 à 60% de taxes, le secteur perdrait jusqu'à 7 milliards d'euros en Europe et 500 millions d'euros en France. Les acteurs tricolores de la filière s'inquiètent particulièrement, car Pékin est un débouché important, notamment pour les abats, les pieds et les oreilles de cochon. « Les seuls qui en mangent autant et à ce prix, ce sont les Chinois », souligne Anne Richard, la directrice de l'Inaporc.
À ce stade, la procédure suit son cours. Les entreprises qui exportent du porc vers la Chine ont déjà rempli un questionnaire détaillant leurs activités. Trois d'entre elles – des compagnies espagnole, néerlandaise et danoise – ont été sélectionnées pour une étude plus poussée et ainsi déterminer s'il y a ou non du dumping. Anne Richard assure que les Européens discutent d'une seule et même voix face aux Chinois, même si elle s'inquiète : « les pouvoirs publics n'ont pas mesuré l'impact » de ces possibles surtaxes.