La victoire de Donald Trump n’a pas fait réagir outre mesure les cours des matières premières. Une preuve peut-être que l’influence des États-Unis sur les principaux marchés n’est peut-être plus si grande.
Comme il l’a promis, Donald Trump devrait ouvrir les vannes de la production pétrolière et gazière, une fois de retour au pouvoir, et renforcer la position du pays en tant qu’exportateur d’énergies fossiles. Mais ira-t-il jusqu’à inonder le marché mondial pour chercher à mettre fin à la guerre en Ukraine, comme cela a été évoqué dans son entourage ? Difficile à imaginer, car faire couler le pétrole à flot ferait certes baisser les prix et pénaliserait Vladimir Poutine, mais les producteurs américains seraient tout aussi impactés, rappelle Philippe Chalmin, économiste, professeur émérite à l’Université Paris Dauphine et éditeur du rapport CyclOpe sur les marchés mondiaux.
En revanche, il est fort probable que l’appétence de Donald Trump pour les énergies fossiles pèse sur la transition environnementale. La consommation américaine de pétrole pourrait alors baisser moins vite que prévu, voire augmenter, ce qui compenserait peut-être alors la hausse de la production : « L’effet sur les prix du pétrole pourrait au final être quasi-neutre », estime l’expert en matières premières.
À lire aussiPrix du pétrole: une tendance de fond à la baisse malgré la guerre
Énergies fossiles versus batteries électriques
Mais ce n’est là qu’une hypothèse. Car ce scénario pourrait être bousculé par le positionnement d’Elon Musk, le patron de Tesla, aux côtés de Donald Trump durant cette campagne.
Après avoir été soutenu par le milliardaire, le futur président pourra difficilement ne pas appuyer le développement d’unités industrielles de fabrication de batteries. Si la dynamique se poursuit, elle tirera la demande américaine pour les énergies fossiles vers le bas.
Un soutien au secteur des batteries devrait logiquement s’accompagner d’aides au développement du secteur minier. Mais sur les métaux, dans l’immédiat, c’est beaucoup plus la Chine que les États-Unis qui est scrutée à la loupe. La réunion de l’organe suprême du Parlement chinois — le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire — qui se termine vendredi 8 novembre pourrait être l’événement qui aura un impact durable sur les cours s’il confirme la mise en place d’un solide plan de relance économique.
À lire aussiPrésidentielle américaine: la victoire de Donald Trump, pari gagnant d'Elon Musk
Le dollar, devise des matières premières
Pour l’heure, ce qui retient l’attention des partenaires commerciaux des États-Unis, c’est l’évolution du dollar. La monnaie américaine est devenue La devise des matières premières. Historiquement, lorsque le dollar monte, mécaniquement le prix des matières premières a tendance à baisser, même si régulièrement cette règle est contredite par les faits.
L’autre point de vigilance, c’est la perspective de nouvelles taxes douanières. À en croire l’augmentation des achats chinois de céréales et de soja américain qui ont précédé le scrutin, la Chine s’y prépare. Tout en sachant que si elle ne peut plus acheter aux États-Unis, elle pourra se fournir au Brésil, le nouveau grenier du monde.
Donald Trump pourra-t-il imposer des tarifs douaniers aussi élevés que ceux qu’il a annoncés ? Philippe Chalmin en doute, et rappelle que de telles hausses pourraient avoir des conséquences négatives sur la croissance américaine.