Après de multiples reports, l’Agence spatiale européenne doit mettre en orbite le satellite Sentinel-1C ce jeudi 5 décembre, à bord d’une fusée Vega C depuis le port spatial de Kourou. Il s’agit d’un engin qui fait partie du programme européen Copernicus d’étude de la Terre.
Sentinel-1C n’est pas un satellite d’observation de la Terre classique : aux photographies, il préfère les données radar. Elles permettent d’obtenir de jour comme de nuit, par beau temps ou sous couvert nuageux des informations sur les sols et l’océan. Topographie, composition, mouvements… Il peut ainsi détecter des glissements de terrain, des séismes, mais également l’étendue des banquises et des glaciers ou encore les déversements de pétroles ou autres contaminants.
Sentinel-1C fait partie du programme européen Copernicus, où il rejoint les autres « sentinelles » du climat. Son homologue Sentinel-2 est ainsi dédié à l’étude des couverts végétaux, peut déterminer ce qui pousse et l’état de santé des plantes. Sentiel-3 se concentre sur les océans alors que Sentinel-4 observe en priorité l’atmosphère et les gaz polluants.
Essentiel pour la climatologie
Ces observations spatiales sont essentielles pour les climatologues. Pour mettre au point et nourrir leurs modèles d’évolution du climat, ils ont en effet besoin de 50 « observables ». Ces jeux de données sont variés : de l’étendue de la banquise à la vitesse de l’élévation du niveau des océans en passant par la composition de l’atmosphère. Sur ces 50, 26 ne sont accessibles que depuis l’espace. L’orbite terrestre permet en effet, à la différence d’une station fixe au sol, d’obtenir des informations mondiales, avec une actualisation fréquente, sur plusieurs années. Les satellites sont donc des outils indispensables pour comprendre le climat et son évolution.
Une activité polluante
Envoyer un engin dans l’espace n’est cependant pas une activité anodine et laisse des traces. Les milliers de satellites constituant les constellations de télécommunication, Starlink de SpaceX en tête, gâchent la vie des astronomes au sol, qui ne peuvent plus prendre de clichés du ciel sans qu’un satellite ne passe dans le champ. Cette multiplication des satellites en orbite fait également craindre aux spécialistes un risque accru de collision, avec un scenario cauchemar de réaction en chaîne comme dans le film Gravity.
Des phénomènes encore mal compris
Pour remédier à ce problème, les agences spatiales commencent à prendre le réflexe de la désorbitation : retirer un engin en fin de vie de sa trajectoire pour le faire se consumer dans l’atmosphère au moment de son retour sur Terre.
Cette pratique et ses conséquences étaient négligeables quand il s’agissait de quelques satellites par an. Aujourd’hui cependant, le secteur est en plein essor et les ordres de grandeur bien plus conséquents. La question de l’impact de la combustion d’un satellite dans la haute atmosphère commence ainsi à être étudiée de près par les agences spatiales. La Nasa a par exemple découvert que cette combustion laisse des micro-débris, de l’alumine, résultat de la désagrégation de l’aluminium utilisés dans les orbiteurs. Cette dernière pourrait être impliquée dans des réactions chimiques qui aboutissent à une dégradation de l’ozone atmosphérique.
Ce champ d’étude est cependant encore très récent et les résultats préliminaires, il est donc encore impossible de tirer des conclusions définitives. Certains appellent cependant à appliquer le principe de précaution en limitant le nombre de lancements. Pas sûr qu’Elon Musk et SpaceX l’entendent de cette oreille. Les tenants du record de lancements en une année en ont déjà réalisé plus d’une centaine en 2024.