Faut-il mettre un terme aux partenariats avec certaines universités israéliennes ? C'est en tout cas ce que réclament les étudiants de plusieurs facultés françaises (comme cela s'est fait dans deux établissements belge et italien). Pour faire pression sur la direction d'un campus de l'Université Panthéon-Sorbonne, voilà plus d'un mois qu'une partie des étudiants bloquent l'accès à leurs salles de cours.
C'est un blocage discret. Les étudiants continuent d'entrer dans leur bâtiment, rue de Tolbiac, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris, mais les ascenseurs et escaliers permettant d'accéder aux salles de cours sont condamnés. Ilyes a un keffieh accroché au pantalon. Il fait partie des bloqueurs, qui réclament la fin des partenariats avec deux universités israéliennes. « En fait, l'arrêt de ces partenariats impacterait juste le transfert de connaissances qui sont mis en place entre l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l'université hébraïque de Jérusalem, ainsi que l'université de Tel-Aviv, la deuxième université avec laquelle on a un partenariat. Mais l'arrêt de ces partenariats n'impacterait aucunement les élèves israéliens qui sont déjà présents dans la fac. »
Après plusieurs semaines de mobilisation, une délégation d'étudiants bloqueurs a été reçue par la direction. Aywan en faisait partie. « Au sujet des partenariats avec l'université, ils nous ont dit que pour eux, c'était inconcevable de les arrêter. »
L'autre principale revendication : c'est la fin des partenariats avec des entreprises françaises impliquées dans la vente de matériel militaire. « Des entreprises comme Thalès et Safran, qui ont des liens avec la fac parce qu'ils financent des masters et du coup, nous, on leur demandait d'arrêter ça, explique Aywan. En fait, on ne voulait pas qu'ils envoient des étudiants en alternance ou que des entreprises d'armement qui littéralement livrent des armes à Israël qui permettent ce génocide soient acceptées dans notre fac, on trouvait ça inconcevable. Et c'est vrai que pour le coup, sur ce sujet-là, même eux, on les a vraiment sentis débordés. »
Les étudiants mobilisés victimes de la violence de l'extrême droite
Plusieurs étudiants mobilisés ont été victimes de violences. « Quand on est arrivé, il y avait la Cocarde, qui est un syndicat d'extrême droite. Il n'était pas simplement venu tracter. Il y avait aussi un service d'ordre avec eux qui était venu avec des parapluies, avec des gants coqués et du coup, il y a eu des heurts, s'indigne Julie, une étudiante mobilisée. On a eu un camarade qui a eu une double luxation de l'épaule, on a eu un autre camarade qui a eu un coquard et une petite entorse au poignet. »
Des voix se sont élevées dans une tribune contre le blocage. L'une des autrices explique cette initiative, après avoir parlé au téléphone avec la direction du campus. « Je suis élue étudiante donc c'est pour ça que j'étais assez contactée par les étudiants qui demandaient la reprise des cours. Parce qu'il y a de plus en plus d'étudiants qui sont en décrochage scolaire, en difficulté, indique-t-elle. On a voulu rédiger une tribune pour exprimer le fait que nous souhaitions rétablir l'échange et conserver nos partenariats. Parce que pour nous, il nous semble essentiel d'échanger avec tout le monde et avec tous les étudiants du monde, qu'ils soient Palestiniens, Israéliens, Français. »
Depuis une semaine, le syndicat étudiant l'UNEF confirme des blocages répétés sur plusieurs campus parisiens, portés par les mêmes revendications.
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