La situation au Proche-Orient est toujours suivie avec attention par les médias du continent et la Syrie, bien sûr, ne fait pas exception…
« Syrie: les rebelles annoncent avoir renversé le président Bachar el-Assad », s’exclame WakatSéra à Ouagadougou.
« Lâché par la Russie, offensive fulgurante des rebelles : ce qui a perdu Bachar el-Assad », titre WalfQuotidien à Dakar. Le quotidien sénégalais qui s’alarme : « la chute du régime de Bachar el-Assad, jadis présenté comme un “président réformateur“, mais qui est devenu un “autocrate sanguinaire“, plonge la Syrie dans le chaos, et met le Moyen-Orient au bord de l’implosion. Et pour cause, à peine le cessez-le feu décrété entre Israël et le Hezbollah libanais, la guerre s’est réveillée en Syrie. Le Proche-Orient risque ainsi de s’embraser à nouveau, là où l’on ne l’attendait pas ».
Le site ivoirien Afrique sur 7 revient sur les raisons de cette chute : « la révolution de 2011, en parallèle du printemps arabe, n’a offert au peuple Syrien ni vainqueur ni vaincu mais une désolation totale. (…) À cela s’ajoute l’ampleur des sanctions économiques et l’isolement diplomatique imposées par la Communauté internationale. L’ancien président syrien était affaibli de l’intérieur et de l’extérieur. (Des années durant) des milliers de Syriens ont préféré quitter le pays, à la recherche de la paix loin des canons et des bombardements. C’est pour ces raisons que l’offensive lancée fin novembre par la coalition des rebelles a eu raison du régime de Bachar el-Assad ».
Désormais, pointe Afrique sur 7, « il y a la peur de l’inconnu : on craint que la Syrie d’après Bachir el-Assad ne devienne l’Irak d’après Saddam Hussein ».
« On croise les doigts… »
« La sortie de l’histoire, par la fenêtre, de celui qu’on surnommait le boucher de Damas, rappelle la triste fin de certains chefs d’État africains », relève Le Pays au Burkina Faso. « Ces dirigeants qui ont fui leurs pays respectifs pour se réfugier à l’étranger. On se rappelle encore des cas de Mobutu de l’ex-Zaïre ou encore de Ben Ali de Tunisie, qui, finalement, sont morts, loin des leurs et dans des conditions peu enviables ».
Et Le Pays de s’interroger également sur la suite des événements : « maintenant que Bachar el-Assad n’est plus aux affaires, soufflera-t-il un vent de liberté sur la Syrie ? Ou alors la tyrannie continuera-t-elle de prévaloir ? Malgré les assurances qu’il donne, on ne saurait donner le bon Dieu sans confession au leader des rebelles (…). S’il est vrai que Bachar el-Assad n’est pas à plaindre, on ne saurait applaudir de facto l’arrivée de radicaux au pouvoir ; tant ces derniers peuvent être capables de tout. Il faut même craindre que le cas syrien n’ouvre une boîte de Pandore avec tout ce que cela pourrait engendrer comme conséquences. On croise les doigts. Mais en attendant, pointe encore Le Pays, il faut que les grandes puissances, qui ont joué les pyromanes, mettent les bouchées doubles pour assurer le service-après-vente en Syrie, au risque de voir le pays devenir une déglingue, comme c’est le cas de la Lybie, où on ne sait plus qui fait quoi et pourquoi ».
« Réjouissons-nous ! »
Le Matin d’Algérie s’interroge également : « quelle sera la conséquence de tout ce désastre ? (…) Que sera le destin de la Syrie avec des rebelles victorieux qui se proclament de l’islamisme ? Entre les islamistes, la mosaïque confessionnelle et le morcellement territorial, l’héritage est lourd en Syrie, pointe le site algérien d’opposition. Le monde arabo-musulman en est responsable car pour la gloire et le pouvoir d’un tyran, il faut un peuple qui chante ses louanges, un système militaro-policier qui le protège et des corrompus qui n’ont aucun intérêt à sa chute ».
En tout cas, conclut Le Matin d’Algérie : « pour le moment, le tyran est tombé, réjouissons-nous ».
Et, pour le site Tunisie Numérique, « on verra bien si cette coalition de rebelles, nébuleuse d’islamistes radicaux et de combattants, est vraiment éprise de liberté et de démocratie. On verra comment tout cela s’emboitera, comment cette mayonnaise très improbable prendra. Ce ne sera pas simple et le succès n’est pas garanti, mais l’essentiel est ailleurs, pointe le site tunisien. Il est dans cette joie profonde, ces liesses populaires qui n’ont rien de factice, ce sentiment de libération nationale, ces prisons qui se vident, des détenus dont certains étaient là sans aucune justification depuis le sombre règne d’Hafez el-Assad. (…) Tout ça, c’est terminé… Enfin, il faut l’espérer ».