Les États-Unis suspendent la mise en place de tarif douanier sur tout produit importé du Canada et du Mexique. Ils devaient être de 25 % et qui auraient dû entrer en vigueur ce mardi 4 février. Un accord a été trouvé et le projet a été suspendu pour au moins un mois. Une pause dans l'intérêt de tout le monde. Décryptage.
Le Mexique, le Canada et les États-Unis ont une longue histoire commune et sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange. Le Mexique d’abord, ultra-dépendant des États-Unis puisque plus de 80 % de ses exportations y sont destinées. C'est aussi l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les investissements directs étrangers d'entreprises américaines dans le pays sont estimés à 236 milliards de dollars. Le Canada aussi est très lié à son voisin du sud. Même situation que pour le Mexique, huit exportations sur dix sont à destination du sol américain. À l’inverse, le Mexique et le Canada sont d'ailleurs devenus les deux premiers partenaires commerciaux des États-Unis devant la Chine.
Ménager le consommateur américain
Pour comprendre pourquoi Donald Trump s'est résolu à ne pas appliquer les fameux droits de douane dont il parle depuis des mois, il faut regarder du côté américain, car ces mesures auraient pu impliquer de nombreuses conséquences dans le quotidien du consommateur américain. Donald Trump lui-même ce week-end affirmait que l'application de ces taxes douanières aurait engendré quelques perturbations économiques mais que « ça en valait la peine ». Un tel scénario aurait provoqué une hausse des prix dans toute la région et des suppressions d'emplois. Les prix des produits importés et du Canada et du Mexique auraient naturellement augmenté. Aujourd'hui donc, le prix d'un kilo de tomates, de concombres ou d'avocats du Mexique ne va pas exploser. Sur ce point-là, les Américains échappent donc à une inflation plus forte. D'après le groupe ING, les mesures du président américain se seraient traduites par une perte de 3 342 dollars pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, il faut aussi préciser que le Mexique et le Canada avaient de leur côté pris des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis !
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L’intimidation a ses limites
Donald Trump a donc bluffé pour parvenir à ses fins. En brandissant ces menaces de hausse des tarifs douaniers, il semblait être en position de force. En les suspendant, il a obtenu en contrepartie un déploiement de 10 000 soldats mexicains à la frontière avec les États-Unis pour enrayer le trafic de fentanyl et limiter le passage de migrants. Le Canada, lui, s'est engagé à lutter contre cet opioïde meurtrier.
À la fin, si l’on suit le narratif proposé par Donald Trump, c’est lui qui a gagné. Pourtant, sa marge de manœuvre était très étroite. S'il avait appliqué ses mesures, il y aurait eu une hausse des prix aux États-Unis. Juste un exemple, produire une voiture aurait coûter plus cher, car beaucoup de pièces sont fabriquées au Canada ou au Mexique. La voiture aurait été vendue plus chère, encore faut-il qu'elle soit achetée. Et surtout, Wall Street a tremblé ce lundi soir. La bourse de New York a fini dans le rouge tant les investisseurs étaient inquiets. Il s'agit donc d'un sursis sur ces taxes pour les produits canadiens et mexicains, car si aucun ne semble pour le moment gagnant, personne n'est finalement perdant. Reste maintenant à savoir si ce sursis va se poursuivre pour devenir la norme ou si Donald Trump ira au bout de sa politique d'intimidation qui pourrait connaitre ses limites !