Feb 25 2025 4 mins 52
Ledjely en Guinée s’interroge : « se dirige-t-on vers la fin de l’immunité dont jouissait jusqu’ici le président rwandais, malgré son implication avérée et documentée dans la guerre qui secoue l’est de la République démocratique du Congo ? Il est peut-être trop tôt pour se réjouir du réveil de la communauté internationale, pointe le site d’information guinéen. Mais au moins, on peut constater que les lignes commencent à bouger contre le parrain des rebelles du M23. En effet, après les États-Unis la semaine dernière, c’est l’Union européenne qui vient de s’accorder sur la nécessité de dire stop au Rwanda dans son soutien actif au mouvement rebelle et à son agression contre son voisin. Avec à la clé des menaces de sanctions. Décidément, le mythe Kagame est en train de tomber. »
Même pas peur…
Alors pour l’instant, les sanctions sont timides… « L’Union européenne suspend les consultations sur la défense avec le Rwanda et annonce le réexamen de ses accords sur les minerais stratégiques », relève le site congolais 7 sur 7. « Cette décision va donc (notamment) priver l’armée rwandaise de l’assistance militaire et sécuritaire de l’Union européenne. »
« Alors que les combats entre l’armée congolaise et l’AFC/M23 se poursuivent, la position de l’Union européenne vise à renforcer la pression diplomatique sur Kigali, sans exclure d’autres mesures en cas d’aggravation de la situation sur le terrain », remarque pour sa part le site Actualités CD.
« Kigali et Paul Kagamé ont-ils peur de ces sanctions ? », s’interroge WakatSéra. Assurément non, répond le site burkinabé. « Les condamnations et les sanctions font comme monter l’adrénaline du côté de l’Alliance Fleuve Congo-M23 qui continue de marcher, dans le sang des Congolais, vers des objectifs qu’elle seule et son maître de Kigali se sont fixés. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne verraient pas d’un mauvais œil, la chute de Kinshasa, avec comme cerise sur le gâteau, celle de Félix Tshisekedi […]. »
Kabila en embuscade ?
Et c’est dans ce contexte tendu que Joseph Kabila est sorti du bois le week-end dernier… « Pour la première fois depuis son départ du pays en janvier 2024, pointe Le Forum des As à Kinshasa, Joseph Kabila a pris la parole sur plusieurs sujets brûlants, notamment la crise politique, sécuritaire et sociale qui secoue le pays. Dans une tribune publiée dans le journal sud-africain Sunday Times, l’ex-président a dénoncé un état de fait qu’il considère comme une menace pour la stabilité de la RDC et de la région. Joseph Kabila accuse l’actuel président congolais d’avoir instauré un régime de “terreur“, caractérisé par la répression des opposants politiques, les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires. Il dénonce également l’exil forcé des journalistes, des leaders d’opinion et même des responsables religieux. (…) Reste à savoir, pointe encore le quotidien congolais, si cette prise de parole marque le début d’un retour actif de Kabila sur la scène politique congolaise ou s’il s’agit simplement d’une critique ponctuelle contre le régime de Félix Tshisekedi. Quoi qu’il en soit, cette déclaration risque d’intensifier les tensions déjà vives au sein du paysage politique congolais. »
Nouvelle épine au pied de Tshisekedi…
« Kabila sort la sulfateuse », s’exclame Afrikarabia. Cette « volée de bois vert contre son successeur laisse songeur, relève le site spécialisé sur la RDC, lorsque l’on pense à la répression, à l’époque de Kabila, des manifestations dans le sang, à l’assassinat de Floribert Chebeya, à la centaine de morts et au verrouillage des médias pendant la crise pré-électorale de 2016. Pourtant, cette sortie médiatique de l’ancien président congolais signifie aujourd’hui qu’il est bien de retour sur le devant de la scène avec des ambitions de revanche à peine voilées. (…) Pour Félix Tshisekedi, il n’y a d’ailleurs pas de doute, relève encore Afrikarabia. Derrière le M23, il y a Joseph Kabila. Une nouvelle épine dans le pied qui risque d’être tenace pour le président congolais. »
En effet, constate également L’Observateur Paalga à Ouagadougou : « une décennie après, coucou, revoilà Kabila (…), qui renoue secrètement avec une certaine agitation politique. Mais sans la moindre compassion pour ces milliers de victimes civiles, pour ces centaines de milliers de déplacés, sans la moindre condamnation de la rébellion du M23, sans la moindre désapprobation des visées impérialistes de Paul Kagame sur les minerais stratégiques de l’Est de la RDC. »