À la Une: la politique du «big deal» de Trump


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Feb 04 2025 3 mins   23

Le « big deal » : la grosse affaire ou encore le marchandage comme arme politique… C’est l’un des joujoux favoris du président américain. Il tempête, il exige, il menace pour négocier ensuite au mieux. Bref, il bluffe, pour reprendre le terme utilisé par Le Monde. Et ça passe… tout juste…

« Droits de douane : les limites du bluff de Donald Trump face au Canada et au Mexique », titre en effet le quotidien parisien. « La hausse de 25 % annoncée est suspendue pour un mois, à la suite d’accords avec Mexico et Ottawa. Une marche arrière brutale du président américain, sous la pression de Wall Street. La folle journée d’hier avait commencé par un début de krach à New York, les marchés paniquant soudain, alors qu’ils n’avaient jamais pris au sérieux les menaces de Donald Trump. Puis est arrivé un premier accord avec le Mexique dans la foulée d’un entretien entre Donald Trump et son homologue mexicaine, Claudia Sheinbaum. » Celle-ci a fait des concessions pour renforcer la surveillance à la frontière avec les Etats-Unis.

Et un deuxième accord, un peu plus tard dans la journée, pointe Le Monde, avec le Premier ministre canadien: « les mesures de rétorsion sont suspendues. Justin Trudeau promet en échange la mise en place d’un plan frontalier de 1,3 milliard de dollars, avec le “renforcement de la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies“, la nomination d’un haut responsable chargé de lutter contre le fentanyl et l’ajout des cartels mexicains à la liste des entités terroristes. »

Commentaire du Monde : « cette technique de menaces et de chantage a interloqué les observateurs sur la méthode Trump. Ce bluff conduit peut-être à des concessions immédiates mais il crée des incertitudes massives et une instabilité permanente pour les investisseurs et partenaires politiques des Etats-Unis. »

Sur courant alternatif…

Le Guardian à Londres s’alarme… « Quand les Etats-Unis sortent brusquement la tronçonneuse, avant de la ranger tout aussi brusquement, personne ne sait où ils en sont… Si la première économie mondiale est vraiment prête à continuer à jouer à ce jeu – en menaçant d’imposer des droits de douane ruineux au Mexique et au Canada - avant de les reporter, en semant constamment la peur et la discorde parmi ses alliés – cela risque d’aspirer tout le monde dans un trou noir. »

C’est bien connu : les opérateurs économiques détestent l’incertitude… Et sur ce point, ils ont été servis… « Trump sur courant alternatif », déplore le Wall Street Journal. « Le président Trump n’admet jamais d’erreur, mais il change souvent d’avis », relève le quotidien économique. « Son coup de force tarifaire contre ses deux voisins a ouvert une nouvelle ère d’incertitude en matière de politique économique, qui ne se calmera pas tant que le président ne l’aura pas lui-même fait. Comme nous l’avons signalé à maintes reprises avant le jour de l’élection, affirme encore le Wall Street Journal, il s’agit là du plus grand risque économique du second mandat de Donald Trump. »

La fin du soft power américain

Enfin, sur le plan des relations internationales, « le soft power américain, la puissance douce, a mis des décennies à se construire et Trump le démantèle en quelques semaines », déplore le Washington Post.

« Quelles que soient les concessions mineures que Donald Trump pourrait extorquer à des alliés américains tels que le Mexique ou le Canada avec ses exigences musclées, elles ne valent pas la peine d’abimer les relations à long terme de l’Amérique avec ces pays, affirme le Post. Le principal bénéficiaire serait probablement la Chine qui comblera le vide causé par la fin des programmes d’aide des États-Unis. Maintenant que Trump impose de manière fantasque des droits de douane aux alliés des États-Unis, la Chine (…) deviendra un partenaire commercial plus attrayant et un contrepoids à la puissance américaine pour de nombreuses nations à travers le monde. »

Et le Washington Post de conclure : « loin de rendre l’Amérique à nouveau grande, cette érosion de la puissance douce américaine pourrait saper la sécurité économique et nationale des États-Unis pour les années à venir. »