Mar 08 2025 10 mins 1
Annie Cicatelli est une artiste textile française, née en région parisienne, elle a grandi au Brésil. Son parcours multiculturel et ses expériences de vie variées nourrissent son travail artistique. Elle utilise des matériaux déjà existants, les réutilisant avec imagination. Son engagement pour l'environnement et son héritage culturel brésilien se reflètent dans ses œuvres.
Annie Cicatelli mêle les couleurs et les formes pour créer des pièces uniques et originales, alliant esthétique et message éthique. Sa marque, Créations Annie Cicatelli, a reçu le label « Fabriqué à Paris », qui distingue les fabrications parisiennes.
Une vie sans création, ce n'est pas une vie. On se lève pour faire une exposition, pour participer à un salon, pour rencontrer d'autres personnes, pour plein de choses ! Cela me fait voyager, cela me permet de rencontrer des gens. Par exemple, sur le stand à côté de moi, il y a une dame qui fait la même chose que moi, mais en papier. Tout cela est enrichissant, car chaque personne a une expérience très différente.
Annie Cicatelli, designer textile
« Je voulais quelque chose de simple, que les gens me reconnaissent, sachent qui je suis. Cela fait des années que j'ai cette marque, au moins depuis 1999, lorsque j'ai créé mon premier site internet, qui s'appelait déjà "Créations Annie Cicatelli" C'est plus simple. »
Annie Cicatelli est née en région parisienne et a vécu plus de 25 ans au Brésil. Son engagement pour la protection des fonds marins dans ses sculptures et objets textiles est un thème cher à son cœur hérité de son enfance au Brésil. « Mon père était menuisier, passionné de bois. Nous sommes partis en bateau pour le Brésil au début des années 60 et nous avons vécu dans un petit État entre Rio et Bahia, sur la côte atlantique, sur une île. J'ai toujours eu une source d'inspiration dans les fonds marins. »
Annie Cicatelli a exercé comme journaliste au Brésil et, à son retour en France, elle a travaillé dans des environnements internationaux, notamment à Radio France internationale (RFI). Sa carrière lui a permis de développer un sens aigu de l'observation et une curiosité pour le monde, des éléments qu'elle intègre dans son art, avec deux aspects différents, mais complémentaires.
« La première chose, c'est d'imaginer quelque chose et de voir le résultat. J'imagine, je mets des fils d'un côté et de l'autre. Les couleurs, lorsqu'elles sont ensemble, ne se marient pas de la même manière. Voir la pièce terminée, c'est une chose, mais l'autre aspect, c'est de faire des expositions pour rencontrer les gens. Parfois, on me demande si j'ai vendu quelque chose lors d'une expo. Je réponds que je n'ai rien vendu, mais que j'ai rencontré des gens. C'est un bonheur que les gens ne comprennent pas toujours. Mais nous sommes là pour cela, pour rencontrer du monde, pas seulement pour vendre. Bien sûr, il est nécessaire de vendre pour vivre, mais la dimension des rencontres est aussi très importante. C'est surtout pour écouter d'autres histoires, car chaque personne a une histoire différente. »
Annie Cicatelli crée des sculptures et objets textiles à partir de matériaux recyclés et son savoir-faire qui repose sur le crochet est un moyen d'expression artistique et non pas loisir. « Il faut savoir qu'au Brésil, le crochet est quelque chose de quotidien. On en trouve partout dans la maison. C'est culturel ! J'ai appris le crochet au Brésil, lorsque je vivais en pension. J'avais quatorze ans, donc cela fait plus de 50 ans que je pratique le crochet. J'ai commencé à réaliser des tapis et des coussins, car j'étais bloquée pendant le confinement. Puis, un jour, je me suis dit que j'avais envie de faire quelque chose de fou, quelque chose que personne n'avait jamais fait, mais en travaillant dans le recyclage. Il y a plein de gens qui font du crochet. C'est un métier d'art, car c'est très artistique. Ce sont également des pièces uniques, ce n'est pas quelque chose qui se répète. C'est en 3D. Plus il y a de volume, plus cela m'intéresse. Parfois, j'ajoute même du coton pour donner du relief aux pièces. Il faut vraiment que ce soit en volume, pas simplement quelque chose de plat. Du volume, beaucoup de volume. »
Annie Cicatelli déniche ses matériaux, comme la laine, le coton, les perles ou des dentelles, dans les vide-greniers ou les associations qui agissent pour la diminution des déchets. Annie Cicatelli utilise comme supports plateaux, égouttoirs, bref, tout ce qu'elle trouve. Chaque pièce est un reflet de son engagement envers l'écologie. « L'objet que je trouve sert de fond. Si c'est un fond mou, les pièces que je vais ajouter ne seront pas les mêmes que sur un fond dur. Par exemple, chez Emmaüs, je récupère parfois des décorations de toiles imprimées. J'aime beaucoup cela, car je peux percer des trous dans la toile et y insérer mes pièces. Cela me permet de charger avec des formes plus compactes, plus grosses. Sinon, je peux aussi faire des miniatures, des bracelets, ou n'importe quoi, selon le fil que je trouve. C'est le support et les couleurs qui dictent le type de fil. Il y a des fils qui sont très difficiles à utiliser en tant que tels, mais que je peux utiliser pour des détails, comme pour créer les pistils d’une fleur. S'il y a un fil un peu chevelu, comme je l'appelle, cela me donne un effet incroyable. Après, il y a des fils qui sont difficiles à travailler, que je peux utiliser en décor. Tout dépend du matériel que je trouve ! »
Ces matériaux et supports ont une importance dans le processus de création d'Annie Cicatelli. En utilisant des objets récupérés et des dons, son inspiration naît de l'objet trouvé plutôt que d'une idée préconçue. « Les formats et les couleurs dépendent de ce que je trouve. L'autre jour, par exemple, j'ai récupéré un sommier de berceau. Il y avait quatre morceaux de bois et une toile. Je joue avec les formats, mais il ne faut pas que cela soit trop grand non plus, car je n'ai pas d'atelier, je travaille chez moi et je n'ai pas de voiture. Tout cela a un impact énorme. Les formats dépendent donc de ce que je trouve. Je peux avoir des formats très grands, un mètre vingt par quatre-vingts, mais aussi des petits formats si je trouve une corbeille à pain. Je voulais réaliser des tapis, toute seule, sans papiers, sans rien, sans recettes, sans graphiques, sans descriptif. Quelque chose de très, très libre. »
Annie Cicatelli aime rencontrer le public lors de ses expositions, car cela fait aussi partie de son processus créatif et ces rencontres peuvent parfois déboucher sur une commande. « J'avais fait une exposition où je n'avais rien vendu, mais quelqu'un de la Chambre des métiers à laquelle je suis rattachée est passé sur le stand. Je n'étais pas présente, mais il a pris ma carte. C'était un monsieur, et il m'a dit : « Nous aimerions faire une exposition lors des JO. J'ai beaucoup aimé ce que vous faites. Avez-vous des choses concernant le sport et le mouvement ? » J'ai répondu que, comme je travaille beaucoup avec des formes rondes, je pouvais réaliser les anneaux olympiques. Il y a cinq anneaux, cinq couleurs : trois en haut, deux en bas. Voilà. Bleu, noir, rouge en haut, et jaune et vert en bas. Je peux faire cela, mais dans ce que je fais moi. Alors, je me suis mise au travail, et je lui ai envoyé une photo. Il a dit : "Parfait." »
La créativité d'Annie est sans limites, il lui est impossible de répéter l'une de ses œuvres ; chaque pièce est unique. Cette créatrice textile, à travers son art, défend des valeurs de consommation consciente, incitant les gens à réfléchir sur leurs habitudes d'achat et de gaspillage.« Il ne faut pas jeter, il faut arrêter d'acheter quand on n'en a pas besoin, car nous vivons dans une société où nous sommes constamment sollicités. Moi-même, il m'arrive parfois d'acheter des choses et de me demander pourquoi j'en ai besoin. Cela reste dans le placard pendant des années. Il faut arrêter d'acheter. Nous avons trop d'habits. Je dis aux gens de prendre leur placard : tout ce que vous n'avez pas utilisé dans l'année, donnez-le à Emmaüs. Et c'est vrai, nous avons énormément d’habits, de paires de chaussures, à quoi bon ? Quand nous mourrons, nous n'emportons rien avec nous. Alors cela ne sert à rien d'amasser. Pour quoi faire ? Pour polluer la planète ? Qu'allons-nous laisser à nos enfants, à nos petits-enfants ? Une planète où il n'y a plus d'eau, parce que nous avons cultivé trop de coton pour faire des habits que nous n'utilisons pas, parce que nous voulions aller chercher notre pain en voiture, etc… »
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