Mar 10 2025 3 mins 41
Les family offices, connus en bon français comme gestionnaires de patrimoines familiaux sont de plus sollicitées. Comment fonctionnent ces structures ? Quel est leur rôle ? Pourquoi sont-elles critiquées ? Décryptage.
Ne tournons pas autour du pot : le secteur est très secret. Les family offices, ces sociétés privées de gestion de patrimoine pour des personnes très fortunées, bref, les super riches, prennent de plus en plus de place. Leur mission est double : gérer l'argent des concernés tout en le faisant fructifier et donc évidemment, les rendre encore plus riches. Pour résumer, préserver le patrimoine et rechercher de la rentabilité. Si on en parle autant, c’est parce que ces structures sont très sollicitées et deviennent très importantes. Mais aussi et surtout parce qu'il y a de plus en plus de milliardaires. Au cours de la dernière décennie, d'après la banque UBS, le nombre d'ultras riches a grimpé de plus de moitié, ce qui implique davantage de demandes de services de family offices.
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Le cabinet Deloitte recense aujourd'hui plus de 8 000 structures de ce type dans le monde gérant 3 100 milliards de dollars d'actifs. Dans cinq ans, en 2030, ce même cabinet estime à 11 000 family offices à travers la planète pour 5 400 milliards de dollars. Le secteur est en pleine expansion.
Différents modèles
Il existe deux types de family offices. Les « simple » qui gèrent une seule et unique famille. C'est avantageux car la gestion est ultra personnalisée avec peu ou pas de régulation. Et puis les « multi », qui gèrent plusieurs fortunes. Cela réduit les coûts et permet de peser en cas d'opération financière conjointe par exemple, mais à l'inverse, c'est moins confidentiel que les « simple » et la régulation y est plus importante. Alors, pourquoi ces fortunes ne s'offrent-elles pas les services de banquiers spécialisés ? Tout simplement parce que ces family offices sont beaucoup plus souples et bien moins régulés que les banques.
Plus de régulation
Si le milieu est secret, la structure juridique des family offices est complexe et encore plus floue. Ils ne sont pas soumis aux mêmes règlementations que les fonds d'investissement ou les banques et n'ont pas d'obligation de transparence sur leurs actifs. La critique est aussi récurrente concernant la concentration du pouvoir financier avec les multi offices, ce qui peut atteindre parfois plusieurs centaines de milliards de dollars et donc être un risque sur les marchés financiers. Par exemple en 2021 a éclaté l'affaire Archegos. Dans les grandes lignes, un family office a causé des milliards de dollars de pertes chez des banques comme Nomura, Goldman Sachs et le Crédit suisse.
Mais le secteur fait l’objet de programmes de régulation. Une loi a été votée en ce sens aux États-Unis après l'affaire Archegos. Mais le texte n'est pour le moment pas entré en vigueur, et ça pourrait encore attendre puisque Donald Trump ne fait pas de la lutte contre la criminalité financière sa priorité. Par ailleurs, d'autres pays et régions comptent sur ces structures et les fortunes qu'elles gèrent pour faire tourner leur économie, comme Singapour, Dubaï, Hong-Kong et, dans une moindre mesure, la Suisse !