Le commerce de dattes, un marché devenu de plus en plus «géopolitique»


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Mar 12 2025 1 mins   31

Le ramadan 2025 a débuté il y a deux semaines et doit se terminer fin mars. La période est traditionnellement marquée par une forte demande en dattes. La première année de guerre entre Israël et le Hamas a affecté le marché de la datte. Aujourd'hui, l'impact reste difficile à évaluer, mais demeure.

Israël est un des pionniers en matière d'exportation de dattes Medjool, une variété charnue et sucrée. Ses dattes Medjool s'exportent dans le monde entier et sont réputées parmi les meilleures avec celles de Jordanie. Mais il y a toujours des consommateurs qui boycottent ces produits, par principe, depuis le 7 octobre 2023.

Tomoor, un opérateur belge, a encore eu il y a quelques jours une proposition pour commercialiser des dattes Medjool à 2 euros les 800 grammes, alors que cette quantité vaut plutôt autour de 7 euros. Il s'agissait de dattes étiquetées Israël, d'où ce prix réduit, signe d'une difficulté qui perdure. Ce même importateur reçoit toujours des demandes de certificat d'origine de la part d'acheteurs qui craignent d'acheter des dattes israéliennes sous un autre label.

Des temps de transport plus longs

Du côté de la logistique, les expéditions via conteneurs se font à peu près au même prix qu'il y a un an. Mais les délais restent souvent longs en raison notamment de ce qu'on appelle les transbordements (« transshipment » en anglais), c'est-à-dire des conteneurs qui changent de bateau, après une escale à Tanger par exemple. Les trajets vers les destinations européennes sont dans ce cas moins directs.

Au plus fort de la guerre entre Israël et le Hamas, les expéditions de dattes jordaniennes, qui se faisaient par Haïfa, ont dû aussi être déroutées vers le port d'Aqaba, au sud de la Jordanie. Un changement qui se traduit par un mois de transport, au lieu d'une semaine.

Les flux ont donc été fortement perturbés dans l'année qui s'est écoulée. C'est une nouvelle donne que les importateurs ont dû intégrer « notre métier, c'est toujours plus de géopolitique », résume d'ailleurs l'un d'entre eux.

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La Deglet Nour a souffert des aléas climatiques

Le métier, c'est aussi de se préoccuper de plus en plus de la météo. L'Algérie et la Tunisie ont souffert de fortes pluies en septembre, avant la récolte d'octobre qui ont touché une partie des fruits et fait grimper les prix. « Mais finalement, la production de Deglet Nour n'a pas été si catastrophique », témoigne un importateur basé dans le sud de la France, selon lequel il resterait encore des stocks de dattes dans les pays concernés.

La hausse des prix est restée contenue dans une fourchette de 5 à 10% supplémentaire pour la Deglet Nour, en raison peut-être aussi d'une demande qui n'est pas plus forte que d'ordinaire. En revanche, tous les produits dérivés à base de dattes, utilisés comme les alternatives au sucre, continuent de se faire une place sur le marché, témoigne un de nos interlocuteurs.