Après les États-Unis, d’autres pays veulent quitter l’accord de Paris sur le climat


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Mar 10 2025 3 mins   4

Dans la foulée de son accession au pouvoir en janvier dernier, Donald Trump a signé le retrait des États-Unis de l'accord de Paris. Cet accord engage la plupart des pays du monde à limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés et si possible 1,5 degrés. Depuis, l’Argentine et l’Indonésie menacent à leur tour de quitter cet accord. Les conséquences d’un tel retrait seraient « terribles » pour la lutte contre le changement climatique.

Les États-Unis sont le deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde et le premier responsable historique du changement climatique. Sans leur participation à l'effort collectif et avec le risque de voir les émissions du pays repartir à la hausse à cause de la politique pro-industries fossiles de Donald Trump, il sera bien plus difficile de limiter la hausse des températures mondiales et les catastrophes qui en découlent.

Avec le retrait des États-Unis de l'accord de Paris, c'est aussi l'aide financière pour la transition verte des pays du sud qui est remise en question. Les États-Unis viennent ainsi d’annuler leur participation de quatre milliards de dollars au Fonds vert pour le climat. Ils viennent également de quitter le partenariat de transition énergétique avec l'Afrique du Sud, le Vietnam et l'Indonésie.

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L'Indonésie envisage à son tour de quitter l'accord de Paris

Une nouvelle qui risque d’apporter de l’eau au moulin des autorités indonésiennes qui évoquent à leur tour la possibilité de quitter l’accord de Paris. En effet, elles présentent désormais cet accord comme une contrainte pour le développement du pays relève le site Mongabay. « Les efforts [climatiques] qui doivent être consentis sont pénalisants pour toute économie émergente » estime Alvaro Artigas, chercheur associé à Sciences Po, or l’Indonésie « est un pays qui a des ambitions de développement très fortes, » rappelle-t-il. Pour atteindre la neutralité carbone, il lui faudrait arrêter la production de pétrole et le déboisement à tout va pour planter des palmiers à huiles et fermer ses centrales à charbon polluantes. Les centrales à charbon produisent les deux tiers de l’électricité du pays.

Sans la contrepartie financière, c'est-à-dire sans l'argent américain pour aider à sa transition, le pays est face à un « dilemme » selon le ministre des Mines et de l’Énergie Bahlil Lahadalia, qui en profite pour mettre la pression sur les autres pays riches pour qu'ils débloquent des fonds plus vite.

Le président de l’Argentine est climato-sceptique

Au-delà de cet aspect économique, « c’est une question de justice » a estimé l’Envoyé spécial pour le changement climatique et l’énergie et petit frère du président indonésien Hashim Djojohadikusumo. Un argument partagé par l’ensemble des pays du sud explique Alvaro Artigas. « Ce ne sont pas les pays émergents qui ont creusé cette dette climatique, ce ne sont pas eux les responsables et par conséquent, ils estiment que ce ne sont pas à eux de faire les efforts. Surtout si les vrais responsables, les États-Unis, quittent cet accord. »

De l’autre côté du globe, un autre grand pays envisage de quitter l'accord de Paris : l'Argentine. Le porte-parole du président a annoncé début février qu’une éventuelle sortie de l’accord de Paris était « en cours d’évaluation ». Le président Javier Milei est climato-sceptique, sur la même ligne que Donald Trump, il veut ignorer les preuves scientifiques et s'affranchir des organisations internationales quand bien même lutter contre le changement climatique est une question de survie.

« Ce n’est que le début »

Dans les faits, quitter l'accord de Paris serait assez compliqué pour l'Argentine qui risquerait de se couper de ses partenaires économiques de premier plan qui tiennent à cet accord comme l'Europe et le Brésil, qui organise la COP cette année. En interne il faudrait sans doute au président l'aval du parlement or il n’y dispose pas de la majorité.

En tout cas, cela montre que la question des aides financières internationales et les échanges commerciaux et économiques pèsent plus que jamais sur l'engagement climatique des pays. Bluff diplomatique ou véritable intention, n’empêche que le retrait de l’accord de Paris de ces pays serait « terrible » estime Alvaro Artigas.

L'Indonésie est le septième émetteur de gaz à effet de serre au monde. « C’est un grand pays de 200 millions d’habitants. L'Argentine est aussi un grand pays des Amériques et un géant agro-industriel, un secteur très polluant ». S'ils quittent l'accord de Paris « on peut imaginer les conséquences en terme d’émissions de gaz à effet de serre, » craint le chercheur. Elles pourraient augmenter sans frein. L’autre conséquence, c’est que cela pourrait inciter d'autres États à leur emboiter le pas. « Cela envoie un message aux autres pays du sud : « nous n’allons pas faire d’efforts, c’est chacun pour soi, et si c’est chacun pour soi, beaucoup de ces pays seront tentés de se dire que cet Accord n’est pas important ». Le chercheur en est persuadé, les remises en cause de l’accord de Paris par les États-Unis, l’Indonésie et l’Argentine « ne sont qu’un début et d’autres annonces vont suivre ».

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