Malgré la multiplication des centres de formation en France, les mosquées manquent d'imams


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Mar 02 2025 2 mins   12

En France, ramadan rime avec casse-tête pour beaucoup de responsables de mosquées. Les pratiquants sont particulièrement nombreux en cette période, mais les imams de plus en plus rares. Les lieux de prière peuvent encore compter sur quelques dizaines de religieux étrangers, venus d'Algérie, du Maroc ou de Turquie, le temps du ramadan. Mais depuis un an, ce système d'imams détachés, payés et envoyés par des pays étrangers est interdit le reste de l'année. Lueur d'espoir pour les dirigeants de mosquées : les centres de formation se multiplient pour répondre à la demande. La Grande mosquée de Paris a ainsi inauguré la semaine dernière un nouveau lieu de formation d'imams et aumôniers à Vitry-sur-Seine, au sud de Paris.

Les étudiants étaient à l'étroit dans les locaux de la Grande Mosquée de Paris. Aujourd'hui, ils vont pouvoir profiter des trois niveaux de cet ancien consulat d'Algérie : plusieurs salles de classe, une bibliothèque et, bien sûr, des salles de prière. La Grande Mosquée poursuit ainsi le développement de son institut de formation, qui compte également cinq annexes réparties sur le territoire.

L'inauguration de l'école était l'occasion de remettre leur diplôme à la soixantaine d'étudiants de la promotion 2024. Mais très peu, pourtant, ont l'intention d'exercer leur nouveau rôle d'imam ou d'aumônier, au grand regret de l'un de leurs professeurs, Mohamed Amine Haddou : « Beaucoup d'étudiants étudient juste pour la culture générale, parce que les conditions – pour l'instant – ne sont pas claires pour le recrutement des imams. Donc la plupart des gens suivent la formation pour leur savoir. »

Pas de statut pour les imams

Car il n'existe toujours pas de statut officiel pour les imams en France, contrairement aux prêtres catholiques par exemple. Et leur rémunération dépend des moyens des mosquées, et donc des dons ; compter entre 1 200 et 1 500€ net par mois pour une mission aux horaires élastiques. C'st pour cette raison que Mohamed, 35 ans, fraîchement diplômé, ne compte pas abandonner sa carrière professionnelle : « Je vais sûrement commencer à travailler petit à petit dans le domaine, en essayant de jongler entre les deux. N'importe quelle personne a besoin de savoir ce qu'elle va manger à la fin du mois, où est ce qu'elle va dormir, avoir les moyens de se payer ce qu'il faut... Mon travail d'informaticien paye mieux. »

Il ne pourra donc consacrer que quelques heures par semaine à son nouveau rôle d'imam. Un constat frustrant pour le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Mais Chems-Eddine Hafiz préfère souligner les récentes avancées. Désormais, le métier d'imam est référencé par l'Agence nationale pour l'emploi, France Travail, sur son site Internet. Et il existe aujourd'hui des annonces d'emploi d'imam : « Il y a à peine un mois, vous ne les trouviez pas. Pour être imam, il fallait chercher ''animateur socioculturel''. Ce n'est quand même pas normal. Aujourd'hui, nous devons en faire un métier, lui assurer une Sécurité sociale, le fait qu'il puisse avoir une retraite. Mais d'abord, formons-les. Quand on aura des imams formés, nous pourrons, à ce moment-là, réfléchir peut-être à mutualiser. »

Une autre avancée concerne les aumôniers de prison. Ils auront bientôt le statut de collaborateurs occasionnels du service public, et donc un accès à une protection sociale. Le décret devrait être publié dans les prochains mois.

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