Apr 10 2025 2 mins 6
L’annonce par Kiev de la capture de deux mercenaires chinois, accompagnée de la publication d’une vidéo de l’un d’eux, a entraîné une série de réactions diplomatiques. Volodymyr Zelensky a dénoncé « l’implication chinoise dans la guerre », affirmant avoir connaissance d'au moins 155 soldats déployés. Le département d’État américain a jugé la « nouvelle troublante ». De son côté, Pékin a estimé infondées les déclarations du dirigeant ukrainien selon lesquelles davantage de Chinois se trouvent sur la ligne de front, et dénoncé des « propos irresponsables » de Volodymyr Zelensky.
Un homme bafouillant quelques mots en chinois, visiblement décontenancé. La vidéo diffusée par Volodymyr Zelensky, en dépit de la convention de Genève, censée protéger les prisonniers de guerre de la curiosité publique, a mis sur le devant de la scène le rôle des mercenaires chinois engagés aux côtés de la Russie.
25 000 euros par mois
Depuis plusieurs mois déjà, des soldats racontent sur les réseaux sociaux chinois tels que Weixin ou Douyin (l’équivalent chinois de TikTok) leur quotidien de combattants au service de Moscou. Dans des vidéos consultées par RFI, ces hommes vêtus d’uniformes russes tiennent des propos invérifiables sur les conditions de vie difficiles : le froid extrême, les dangers constants, le manque de préparation et d’organisation de l’armée russe, ou les malentendus linguistiques. Sont évoquées aussi les importantes rémunérations, qui les poussent à s’engager. Des salaires avoisinant 2 500 euros par mois, et des primes d’engagement pouvant atteindre 52 000 euros. Des montants qui correspondent aux informations diffusées en Russie.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky évoque 155 combattants chinois, tout en assurant qu’ils seraient bien plus nombreux. Difficile, cependant, de vérifier cette dernière affirmation. Une liste établie par les autorités ukrainiennes, consultée par l’AFP, recense les noms de 168 soldats chinois. Sur les réseaux sociaux, des dizaines de comptes revendiquent cette activité, bien que leur véracité reste difficile à établir. Des médias comme Le Monde ou Table.Briefing ont pu interviewer certains de ces mercenaires, qui parlent de quelques centaines de combattants chinois. Difficile, donc, de parler d’un contingent massif.
Des volontaires étrangers rejoignent l’armée russe
Les Chinois ne sont d’ailleurs pas les seuls étrangers à rejoindre les rangs russes, même si, contrairement aux 12 000 Nord-coréens (selon les chiffres de Kiev), eux se battraient sur le territoire ukrainien et non dans la région de Koursk. Parmi les mercenaires, on trouverait des Népalais, des ressortissants de différents pays d’Asie du Sud, ou encore des combattants africains, parfois enrôlés de force, comme révélé par RFI.
Mais Volodymyr Zelensky n’a pas interpellé les autorités d’autres pays avec la même véhémence, d’autant que des étrangers, notamment des Britanniques ou des Colombiens, ont déjà été capturés par Moscou. Le président ukrainien a déclaré que la Chine était « au courant de l’envoi » de ses citoyens. Une affirmation difficile à prouver. S'il n’affirme pas que la Chine a franchi le Rubicon en envoyant des hommes se battre en Ukraine, il cultive le flou. Une façon de mettre la Chine que la Russie « entraîne dans la guerre », selon lui, face à ses contradictions. Pékin, qui se présente comme un acteur neutre dans le conflit, achète pourtant du pétrole russe, et fournit du matériel à double usage, entre civil et militaire. En pleine offensive commerciale américaine contre la Chine, cela permet aussi d’alerter Washington sur le rôle ambigu de Pékin.
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