Apr 04 2025 2 mins 13
Le fait divers est de plus en plus présent dans les médias et rencontre l'intérêt des Français, comme l’a montré une étude récente présentée aux Assises du Journalisme de Tours.
Un sondage Viavoice, paru mi-mars à l’occasion des Assises du journalisme, l’a montré, près de sept Français sur dix se disent intéressés par le fait divers et 62 % estiment qu’il est « parfois » nécessaire que les politiques s’en saisissent. Les motivations sont plus ou moins avouées. La plupart considèrent qu'il s'agit d'un bon moyen de s’intéresser à l’actualité judiciaire et sécuritaire. Mais il peut y avoir des récupérations politiques, comme on l'a vu l'an dernier à Crépol, dans la Drôme, où une rixe qui a fait un mort a alimenté la thèse extra-judiciaire d'un « racisme anti-blancs ».
Depuis l’émission à succès Faites entrer l’accusé, passée de France 2 à RMC Story, il peut y avoir aussi une forme de voyeurisme pour des détails morbides dans certains traitements d’affaires criminelles. Patricia Tourancheau, une journaliste chevronnée qui vient de signer une série documentaire sur l’affaire Grégory pour Netflix, se défend par exemple d’avoir recours à des reconstitutions, en refusant de montrer un enfant ligoté dans une camionnette. Mais elle n’hésite pas à livrer des « évocations », comme de vrais corbeaux, allégorie de ceux qui persécutaient les parents de Grégory Villemin, l'enfant disparu il y a 40 ans dans les Vosges.
À lire aussiFrance: 40 ans plus tard, l'affaire Grégory toujours en suspens
Un genre qui fait florès dans les médias
D’après Patricia Tourancheau, car les gens s’identifient à des victimes et se rassurent en se disant que c’est loin de chez eux ou de leur vie. Vincent Vantighem de BFMTV explique même que cela permet de se dire que « ça va bien puisqu'il y a pire ailleurs ». Ce qui est sûr, c’est que le genre fait florès. « Affaires sensibles », l'émission de France Inter, trouve une extension sur France 2. Les miniséries Laetitia ou Sambre, de Jean-Xavier de Lestrade, sur des affaires réelles, ont été des cartons d'audience. Et les plateformes comme Netflix s’y mettent abondamment avec des séries comme Le Serpent ou un documentaire sur l’affaire Cantat, le chanteur de Noir Désir qui a tué Marie Trintignant.
Les féminicides, un sujet de plus en plus abordé
On parle ainsi plus fréquemment des féminicides, un terme que l’on entend surtout en France où l’on tend à bannir le terme de « crime passionnel », qui trouvait une certaine indulgence dans les jurys populaires. C’est parfois tout à fait évident, comme dans l’affaire Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-compagnon. Mais on retrouve aussi de grandes affaires qui sont susceptibles de s’inscrire dans le temps par le mystère qu’elles entretiennent et leur dimension sociétale ou politique. C’est le cas de la disparition du petit Émile dans les Alpes de Hautes Provence. En filigrane, il y a une société patriarcale finissante et sa violence plus ou moins contenue.
À lire aussiFaits divers: faits de société?