Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 10ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes.
Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud.
J’espère que cet épisode vous plaira !
Qui prend soin des travailleuses du soin ? Docteure en sociologie clinique et en études de genre, Rose-Myrlie Joseph, étudie le travail des femmes du soin avec une approche intersectionnelle, internationale et interdisciplinaire. Sa thèse portait sur le travail des femmes haïtiennes, plus précisément « l’articulation des rapports sociaux, de sexe, de classe et de race dans la migration et le travail des femmes haïtiennes ». Avec elle, nous regardons de plus près qui sont ces travailleuses et les vieilles en puissance qu’elles sont (ou devraient être).
Les femmes du soin sont le plus souvent invisibles. Elles s’occupent des enfants, des malades et des personnes âgées, à domicile ou dans des établissements collectifs. Ce sont essentiellement des femmes et très souvent, des femmes migrantes. Beaucoup d’entre elles sont à la tête de familles monoparentales et travaillent dans des conditions précaires.
Le sort des femmes du soin est lié à celui de tous les actifs : sans elles, de très nombreux actifs ne pourraient pas travailler. Et oui, comme on l’a “découvert” pendant les confinements, quand il n’y a plus personne pour garder les enfants, d’autres adultes ne peuvent plus faire leur travail. Nous entretenons un lien de dépendance étroit avec ces personnes. Non seulement le travail domestique et le travail de soin concerne de nombreuses femmes mais il rend possible le travail de tous les autres.
Comme l’explique Rose-Myrlie, il est important de considérer le care drain. Le concept désigne la migration des travailleuses (travailleurs) du soin (infirmières, aides-soignants, gardes d'enfants ou aides à domicile) depuis leurs pays d'origine vers des pays plus riches en quête de meilleures opportunités économiques. Dans les pays d'origine, la perte de professionnels qualifiés aggrave les pénuries de personnel de soins, dégrade la qualité et l'accessibilité des services de santé et représente une perte d'investissement pour les gouvernements qui ont financé leur formation. Les pays d'accueil, eux, bénéficient de l'arrivée de ces travailleuses, qui les aident à combler les déficits de main-d'œuvre.
Ces femmes font un travail essentiel. Mais elles sont souvent à temps partiel, avec des horaires « atypiques », peu rémunérées et peu protégées. Que leurs enfants et leurs proches soient avec elles ou dans leur pays d’origine (ou les deux), elles ont un accès limité aux bonnes écoles pour leurs enfants, aux services de soin pour elles-mêmes et leurs proches et à la protection sociale.
Qui prend soin des femmes du soin, de leur santé, de leurs enfants, de leurs aînés ? Quelle est leur vie quand elles sont vieilles ? Combien sont des « vieilles pauvres » quand elles ont l’âge de la retraite ? Comment appréhendent-elles leur propre vieillissement ?
🙏 Cet échange avec Rose-Myrlie Joseph est à écouter absolument ! Aucune réflexion sur le travail ne peut se permettre d’oublier à quel point notre société et notre économie sont dépendantes des travailleuses migrantes.
Parmi les sujets évoqués dans ce podcast :
* le travail de recherche de Rose-Myrlie ;
* l’articulation des rapports sociaux dans la migration des femmes haïtiennes ;
* le travail des haïtiennes ;
* celles qui partent et celles qui restent ;
* le fait que “la retraite, c’est les enfants” ;
* le vieillissement des femmes du soin ;
* la division sexuelle du travail et la division internationale du travail ;
* le care drain ;
* les familles des migrantes ;
* les liens de dépendance qui existent dans le monde du travail ;
* les vieilles en puissance…
Pour aller plus loin :
💡 Domesticités : Groupe de recherche interdisciplinaire sur les domesticités :
Que deviennent les enfants des travailleuses domestiques? Comment ces travailleuses de care arrivent-elles à prendre soin de leurs enfants ? Il est fondamental de se demander comment font ces cheffes de fil des familles transnationales pour “concilier” leur travail domestique et leur vie familiale.Comment se définit le projet parental pour ces femmes ? Quelle est la place du projet de mobilité sociale intergénérationelle dans ces familles où les parents, les travailleuses domestiques et de care en particulier, ont l’impression d’avoir échoué ? Comment font-elles pour réussir leurs enfants ? Entre leur projet de réussite scolaire pour leurs enfants et les contraintes de la domesticité, comment articulent-elles leurs sphères de vie? Comment concilient-elles le service domestique, le travail scolaire, et les tâches parentales plus généralement ? Comment font-elles face à l’institution (pré)scolaire, ses attentes, la coéducation?
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