C dans l'air du 21 mars 2025 - Algérie, retraites... Bayrou dépassé ?
"Ce qui s’est passé est très grave". Emmanuel Macron n'avait pas de mots assez fort, mercredi pour dénoncer la peine de 10 ans de prison requise contre l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, pour ses critiques du pouvoir algérien et des islamistes. Dans l'attente du jugement du tribunal de Dar El Beida le 27 mars, la tension est à son comble entre Paris et Alger, après des mois d'escalade diplomatique. Depuis que la France a reconnu la marocanité du Sahara occidental, territoire revendiqué par l'Algérie, les deux pays se rendent coup pour coup. Paris accuse l'Algérie d'avoir manipulé des influenceurs franco-algériens, depuis mis en examen, voire condamnés pour des appels à la violence. Mais Alger refuse de reprendre ses ressortissants, y compris lorsque ceux-ci sont renvoyés par avion après une OQTF. Lundi soir, Alger a refusé une liste d’une soixantaine de ses ressortissants "sortant de prison ou avec des profils dangereux" et frappés d'une OQTF, provoquant l'ire du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. "Nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie, c’est l’Algérie qui nous agresse", dénonce celui qui a fait de l'expulsion des étrangers en situation irrégulière son cheval de bataille. Il menace désormais de démissionner.
Comme si les tensions extérieures ne suffisaient pas, François Bayrou doit désormais gérer une crise interne. Cent jours après sa nomination à Matignon, le Premier ministre affronte de plus en plus de critiques. À gauche, le PS a découvert dimanche avec surprise qu'il ne comptait pas revenir à la retraite à 62 ans, enterrant à moitié le "conclave" sur les retraites prévu pour amender, "sans totem ni tabou" la réforme de 2023. "François Bayrou commet une erreur en pensant que nous ne pouvons plus le censurer", a prévenu d'emblée le premier secrétaire du PS Olivier Faure. À droite, on déplore déjà l'absence d'une grande loi immigration tandis que François Bayrou doit composer avec ses poids lourds au gouvernement. Après Bruno Retailleau avec l'Algérie, c'est Gérald Darmanin qui menace de démissionner pour un désaccord avec d'autres ministres sur le port du voile dans le sport.
Dans le bloc central, les candidats sont nombreux sur la ligne de départ pour la présidentielle 2027 : Bruno Retailleau, Gérald Darmanin, Gabriel Attal, Édouard Philippe, mais aussi Laurent Wauquiez et David Lisnard. Si Edouard Philippe part avec une longueur d'avance d'après les derniers sondages, Gabriel Attal n'a pas dit son dernier mot et tente de reconstruire le parti présidentiel Renaissance en vue de 2027. Plus à droite, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, le chef des députés LR à l'Assemblée, préparent leur duel pour la présidence des Républicains les 17 et 18 mai. Le second a profité de la crise diplomatique avec l'Algérie pour accuser le gouvernement, et donc son rival, "d’avoir capitulé avant même de livrer bataille". Interrogé à la radio Bruno Retailleau s'est permis une petite pique : "Les chiens aboient, la caravane tranquille passe." Pendant ce temps, Marine Le Pen se frotte les mains. Jusqu'où peut aller la crise entre Paris et Alger ?
François Bayrou est-il en danger ? La droite va-t-elle se déchirer autour de la course à la présidentielle ?
Les experts :
- Jérôme JAFFRE - Politologue, chercheur associé au CEVIPOF
- Gaël SLIMAN - Président et cofondateur - Institut de sondages Odoxa
- Patricia ALLEMONIERE - Grand reporter, spécialiste des questions internationales
- Nathalie MAURET - Reporter politique - Groupe de presse régionale Ebra
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