Mar 19 2024 24 mins
Le sentiment de ne pas mériter la place que j’occupe me poursuit partout. Dans mon couple, avec ma fille, dans mon travail, avec mes amis, avec des inconnus, devant une assemblée… Peut-être est-ce parce que j’ai été malmenée par le passé, ou peut-être est-ce simplement un trait de mon caractère. Ce sentiment est probablement la conséquence de nombreux facteurs : Tout d’abord, je suis une femme, ce qui implique que je doive faire des efforts importants afin de prouver ma valeur dans le contexte de la société patriarcale.
Ensuite, j’ai été éduquée dans un environnement de pression par l’exigence pour la réussite. Pour « réussir », il fallait être intelligente, avoir de bonnes notes, et faire des études afin d’être en mesure de choisir un métier dont le statut m’assurerait une place valorisée dans la société. Il y a aussi des facteurs personnels : Les agressions, les échecs, le départ de mon père… sont autant d’événements qui ont participé à ma faible estime de moi, à mon manque de confiance en moi et à mon absence de sécurité intérieure. Afin de compenser ces manques, j’ai recours à la recherche constante, parfois maladive de reconnaissance et d’amour.
Ma perception du réel est altérée : Je n’ai de cesse de me déprécier, sans égards pour les faits ni ce que j’ai vraiment réalisé. Au fil du temps, j’ai mis en place un ensemble de croyances négatives et inexactes à propos de moi-même, car je m’efforce de maintenir un système de pensées qui tend à remettre en causes mes capacités propres, mais également l’appropriation de mes réussites.
Le concept de « Phénomène de l'imposteur », aussi souvent appelé « Syndrome de l'imposteur », a été introduit en 1978 par les psychologues américaines Pauline Rose Clance et Suzanne Imes. Le concept désigne « Un sentiment subjectif d'incompétence malgré des performances et une réussite adéquates selon des critères objectifs. ». « L’Échelle de Clance du Phénomène de l’Imposteur » est le test le plus couramment utilisé pour évaluer ce phénomène.
Ce test évalue les trois aspects du phénomène :
⁃ « Le sentiment de tromper, ou la peur de l’échec, réfère au doute constant vis-à-vis de soi, de son intelligence ou de ses compétences ;
⁃ L’attribution de son succès à des causes externes comme la chance, le hasard ou les relations plutôt qu'à ses compétences ;
⁃ La minimisation de ses compétences ou la difficulté à les reconnaître. »
J’ai fait ce test, auquel j’ai obtenu un résultat de 92 sur une possibilité de 20 à 100. Je me situe dans la tranche la plus élevée, entre 80 et 100. « Plus le résultat est élevé, plus le phénomène de l'imposteur interfère fréquemment et sérieusement dans la vie d'une personne. »
Définition du phénomène de l’imposteur :
« Les personnes qui présentent le phénomène de l’imposteur éprouvent un fort besoin de paraître compétentes dans de nombreux domaines pour ne pas risquer d’être démasquées, tout en ayant un rapport particulier de doutes et d’inquiétudes vis-à-vis des projets à effectuer, leurs réalisations, les possibilités de réussites mais tout autant d’échecs. Burnout, stress, anxiété, dépression, détresse psychologique, risque suicidaire, sentiment d’inauthenticité… sont souvent associés au phénomène de l’imposteur. »
Musique originale: Nicolas Durand & Marie Richard
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