Quand les petites filles rêvent de la mort de leur mère (Podcast n° 49)


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Dec 30 2024 13 mins   5

C’est un fait que dans le champ analytique le désir de la mort du père est largement pris en compte, admis, mais que par contre ce qu’il en est du désir de la mort de la mère éprouvé par la fille est en grande partie élidé, même si la la haine pour la mère qui permet à la fille de franchir l’étape de l’Oedipe est bien décrite et connue.
Il trahissent pourtant ces rêves de mort le désir de la petite fille de remplacer sa mère dans l’amour de son père. Refoulé ce désir, maintient la fille dans une dépendance du désir de la mère, l’empêche de s’en libérer en raison d’une immense culpabilité. * Freud en fait le noyau de l’hystérie. Tel est l’intérêt de ces quelques lignes qui se trouvent dans le grand chapitre “ Rêves de mort de personnes chères”.
C’est le rêve d'une petite fille surnommée « Œil de lynx ». En fait c'est une petite fille devenue adulte et en analyse avec Freud. Il écrit « Un jour je trouve une dame très affligée et en pleurs. Elle me dit : je ne veux plus voir les gens de ma famille, ils ne peuvent être qu'épouvantés par moi. »

Voici le texte du rêve « Un lynx ou un renard ( Luchs oder Fucks) se promène sur le toit, puis quelque chose tombe ou c'est elle qui tombe, et alors on ramène sa mère, morte, à la maison et alors elle se met à pleurer des larmes de douleur. » Dans les lignes qui suivent Freud décrit « les divers états psychiques » d'une petite fille hystérique. Il évoque à son propos de nombreux rêves qui expriment ses désirs de mort à l'égard de sa mère. « Tantôt elle assistait aux obsèques d'une vieille femme, tantôt elle se voyait avec sa sœur assises à table en vêtements de deuil ».

Tous ces rêves de mort de la mère, qui ne sont d’ailleurs pas seulement l’apanage des petites filles, puisque les garçons peuvent aussi rêver de la mort de leur mère, m’ont fait penser à ce que Lacan avait dit à propos de la jouissance féminine, du fait que si les femmes n’en disaient mot c’était avant tout parce qu’elles en auraient été littéralement terrifiées. Quelles pourraient être les raisons de cette terreur, de cette épouvante ? Une assertion de Lacan pourrait servir de piste de réflexion “ Une femme ne prend sa place dans le rapport sexuel qu’en tant que mère”. Dès lors, tous ces rêves de mort de la mère peuvent l’indiquer : Dans cette jouissance au-delà du phallus telle que Lacan l’évoque d’une façon logique peut-être s’agit-il d’un redoutable affrontement à la mère où il s’agit de triompher d’elle, une façon de prendre fantasmatiquement sa place, certes non plus dans le désir du père mais dans le désir d’un homme. Ainsi je me risquerai bien à dire que dans le rapport sexuel, une femme remet en jeu son très primitif rapport à la mère non pas du côté de l’amour mais peut-être du côté de la haine. Dans le discours analytique, on parle très peu de ce désir de mort comme s’il était si profondément refoulé qu’il est littéralement inaccessible, parce qu’au fond intolérable. Il est grand temps d’appeler à notre secours Dionysos qui est non seulement le dieu du vin et de la vigne mais aussi des Bacchanales. Il parcourait ainsi les montagnes du Cithéron en compagnie de toute une troupe de ménades.


J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un

des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la

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( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ )



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