Citation expliquée: « Qui craint déjà de souffrir, il souffre déjà de ce qu’il craint. », Montaigne, 1580.


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Oct 19 2022 2 mins   1

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Citations célèbres expliquées: « Qui craint déjà de souffrir, il souffre déjà de ce qu’il craint. », Les Essais, Montaigne, 1580.


Le grand philosophe humaniste nous propose cette réflexion sous une forme de parallélisme logique, celle du chiasme. Effectivement, nous remarquons que le verbe craint encadre au début et à la fin de la citation le verbe souffrir/souffre. La logique et la simplicité de la forme participent à l’efficacité du propos, ainsi que l’emploi du présent de vérité générale qui lui donne un aspect proverbial.

Au-delà de l’art réthorique de Montaigne, qui use de procédés comme le chiasme pour persuader ses lecteurs, intéressons nous au fond du message. L’homme est un être de sensations et d’émotions. C’est aussi un être pensant, capable d’appréhender différentes situations imaginaires, ou un futur non encore présent.

Ici, Montaigne envisage la souffrance, la douleur. Elle peut être morale, psychologique, ou encore physique. C’est évidemment une chose très désagréable. Alors, l’envisager, c’est déjà un peu la ressentir. Imaginer souffrir, c’est déjà souffrir. Cela peut prendre la forme de l’angoisse, du stress. L’esprit et le corps réagissent à une situation prévue, présumée avant qu’elle n’existe réellement, car la personne a peur de se retrouver dans cette situation. Dès lors, la douleur est double: la crainte en attendant la réelle souffrance, et l’imagination de la souffrance à venir.

De plus, nous le savons très bien, cette peur de souffrir (consciente ou inconsciente) peut générer de véritables douleurs, appelées communément psychosomatiques, c’est à dire provoquées par l’esprit, qui finalement par les signaux envoyés au corps lui crée une souffrance.

Ces raisons poussent Montaigne à nous mettre en garde, et nous conseiller de ne pas souffrir avant que la souffrance existe. Effectivement, pourquoi rajouter de la pénibilité quand le mal ne s’est pas encore produit? Seulement, il n’est pas simple de contrôler ses appréhensions, ses angoisses, ses peurs…. Douleur et peur font décidément un diabolique mélange !

Qui craint déjà de souffrir, il souffre déjà de ce qu’il craint.

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