Mar 03 2025 16 mins 4
Christophe PROCHASSON, normalien, agrégé d’histoire, conseiller du président de la
République François Hollande « pour l'éducation, l'enseignement supérieur et la
recherche » (2015-2017), président de l'École des hautes études en sciences
sociales (2017-2022) Ce mercredi des
"Cendres" marque le début du Carême, avec la traditionnelle
célébration sur la colline romaine de l'Aventin - qui se fera en l’absence du
Pape François, et sans savoir s'il sera au rendez-vous de Pâques, dans 40
jours. C’est vrai que le Vatican en a vu d’autres : entre mai et août 1981, le
pape Jean-Paul II avait passé 77 jours à l’hôpital après avoir échappé à une
tentative d'assassinat. Le pontife de 88 ans, habituellement hyperactif, n'est
plus apparu en public depuis le 14 février, date de son admission à Gemelli,
dans le nord de Rome, où il est toujours soigné pour une double pneumonie.
Depuis 20 jours, le plus petit État du monde se retrouve dans un délicat
"entre-deux" où chacun tente de poursuivre ses activités sans savoir
de quoi demain sera fait. C’est notre sort à tous, dans la situation inédite
que nous vivons, dans ce moment de grande incertitude qui habite l'Europe,
placée brutalement par l'Amérique devant une nouvelle page blanche de son
destin, alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle refusait de
prendre ses responsabilités. Et surtout elle s’était construite contre la
guerre.
Jean-Luc POUTHIER,
historien spécialiste du fait religieux, pouvait aisément parler de ces
questions-là, aussi bien de Rome, où il fut conseiller culturel à l'ambassade
de France auprès du Saint-Siège que de la responsabilité des catholiques : mais
il fut rappelé à Dieu en 2023 à l'âge de 69 ans. Professeur et doyen des
premiers cycles à Sciences Po Paris, il enseignait à l'Institut catholique de
Paris et au Centre Sèvres (rebaptisé Facultés Loyola Paris). L'ouvrage qui
paraît sous sa signature aux éditions Salvator s'intitule Catholiques en
politique - histoire d'un malentendu. Christophe PROCHASSON, normalien,
agrégé d’histoire, l’a préfacé. Comment penser le monde d'aujourd'hui avec les outils d'hier ? Il est hasardeux conceptuellement de qualifier Donald Trump de "fasciste". Les mots n'existent pas encore pour désigner la prise directe du monde des affaires sur celui de la politique. Peut-on espérer que la démocratie chrétienne, qui avait beaucoup contribué à l'élection de François Mitterrand en 1981, puisse renaître de ses cendres autour de la figure de François Hollande ? Christophe PROCHASSON, convaincu que l'histoire ne repasse pas les plats, juge peu probable un tel scénario, où une Deuxième gauche rocardienne prendrait sa revanche, afin de tenir à distance LFI, le RN et le macronisme. Néanmoins, de l'histoire, les chrétiens peuvent beaucoup apprendre, eux qui n'ont cessé d'être confrontés, à toutes les époques, à un "monde moderne" qui peinait à les domestiquer. Un chrétien ne sera jamais le jouet ou la béquille de l'empereur, quel que soit son visage.
République François Hollande « pour l'éducation, l'enseignement supérieur et la
recherche » (2015-2017), président de l'École des hautes études en sciences
sociales (2017-2022) Ce mercredi des
"Cendres" marque le début du Carême, avec la traditionnelle
célébration sur la colline romaine de l'Aventin - qui se fera en l’absence du
Pape François, et sans savoir s'il sera au rendez-vous de Pâques, dans 40
jours. C’est vrai que le Vatican en a vu d’autres : entre mai et août 1981, le
pape Jean-Paul II avait passé 77 jours à l’hôpital après avoir échappé à une
tentative d'assassinat. Le pontife de 88 ans, habituellement hyperactif, n'est
plus apparu en public depuis le 14 février, date de son admission à Gemelli,
dans le nord de Rome, où il est toujours soigné pour une double pneumonie.
Depuis 20 jours, le plus petit État du monde se retrouve dans un délicat
"entre-deux" où chacun tente de poursuivre ses activités sans savoir
de quoi demain sera fait. C’est notre sort à tous, dans la situation inédite
que nous vivons, dans ce moment de grande incertitude qui habite l'Europe,
placée brutalement par l'Amérique devant une nouvelle page blanche de son
destin, alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle refusait de
prendre ses responsabilités. Et surtout elle s’était construite contre la
guerre.
Jean-Luc POUTHIER,
historien spécialiste du fait religieux, pouvait aisément parler de ces
questions-là, aussi bien de Rome, où il fut conseiller culturel à l'ambassade
de France auprès du Saint-Siège que de la responsabilité des catholiques : mais
il fut rappelé à Dieu en 2023 à l'âge de 69 ans. Professeur et doyen des
premiers cycles à Sciences Po Paris, il enseignait à l'Institut catholique de
Paris et au Centre Sèvres (rebaptisé Facultés Loyola Paris). L'ouvrage qui
paraît sous sa signature aux éditions Salvator s'intitule Catholiques en
politique - histoire d'un malentendu. Christophe PROCHASSON, normalien,
agrégé d’histoire, l’a préfacé. Comment penser le monde d'aujourd'hui avec les outils d'hier ? Il est hasardeux conceptuellement de qualifier Donald Trump de "fasciste". Les mots n'existent pas encore pour désigner la prise directe du monde des affaires sur celui de la politique. Peut-on espérer que la démocratie chrétienne, qui avait beaucoup contribué à l'élection de François Mitterrand en 1981, puisse renaître de ses cendres autour de la figure de François Hollande ? Christophe PROCHASSON, convaincu que l'histoire ne repasse pas les plats, juge peu probable un tel scénario, où une Deuxième gauche rocardienne prendrait sa revanche, afin de tenir à distance LFI, le RN et le macronisme. Néanmoins, de l'histoire, les chrétiens peuvent beaucoup apprendre, eux qui n'ont cessé d'être confrontés, à toutes les époques, à un "monde moderne" qui peinait à les domestiquer. Un chrétien ne sera jamais le jouet ou la béquille de l'empereur, quel que soit son visage.