Sénégal 2024 : des élections présidentielles sous tension


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Mar 20 2024 65 mins  
L’amnistie : à qui profite la loi ? Loi adoptée par l’Assemblée nationale mercredi dernier, sur les faits liés aux manifestations politiques ayant secoué le pays entre février 2021 et février 2024. Elle couvre « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non ». « Cette loi d'amnistie permettra de pacifier l’espace politique et social, de raffermir davantage notre cohésion nationale et de maintenir le rayonnement démocratique de notre paysµ», a déclaré le président Macky Sall. Les députés de l'opposition notamment ceux du Pastef craignent que des "crimes de sang " soient concernés par l'amnistie. Ils pensent aux familles des victimes lors des violents affrontements qui avaient opposé forces de l’ordre et jeunes manifestants suite à l’interpellation puis la condamnation pour « corruption de la jeunesse » de l’opposant Ousmane Sonko et aux nombreuses manifestations depuis mars 2021. Malgré le fait qu’il soit le principal bénéficiaire de la loi d’amnistie (libération des deux leaders et des militants), le Pastef a voté contre la loi. Les organisations de défense des droits humains craignent que la loi d'amnistie ne permette de couvrir les auteurs de tortures et les personnes soupçonnées d’être responsables de la répression meurtrière des manifestants entre 2021 et 2024.et accorde l’impunité aux agents publics responsables de graves violations des droits humains » a déclaré le Human Rights Watch. « La grande démocratie d’Afrique », « l’exception sénégalaise » : mythe ou réalité ? Le multipartisme, l’acceptation de l’alternance, les périodes d’élections présidentielles… ce n’est pas un long fleuve tranquille dans ce pays où les coups tordus, les coups de force institutionnels ou constitutionnels sont récurrents… Petite et rapide mise en perspective des derniers évènements autour de ces élections, avec 60 ans d’histoire politique Sénégalaise depuis l’indépendance... On constate durant ces 60 ans de vie politique, une véritable difficulté à lâcher le pouvoir à la fin des mandats et à envisager autre chose que des successeurs choisis. Le tripatouillage institutionnel, constitutionnel est une habitude du pouvoir exécutif. La rue, les Sénégalais, savent tout cela et sont vigilants, c’est un véritable contre pouvoir. Dimanche 24 mars 2024 pour ce 1er tour des élections présidentielles, 19 candidats, c’est beaucoup, c’est même un record… Amadou BA : candidat de la majorité présidentielle, 63 ans, premier ministre de Macky Sall depuis 2022 jusqu’au 6 mars dernier, a aussi été ministre des finances, des affaires étrangères. Il a donc déjà une solide expérience politique, des relations mais cependant, peine à convaincre, même Macky Sall semble t-il, et à faire l’unité… Il prône le changement dans la continuité. Bassirou Diomaye FAYE : 44 ans, c’est le candidat du Pastef, depuis qu’Ousmane Sonko a été rendu inéligible. Il vient de faire un an de prison, a été libéré une semaine avant la tenue des élections, n’a pas d’expérience élective et il est pourtant un des gros favoris… On reviendra sur le Pastef, « le méteore Pastef » Idrissa SECK : 65 ans, se présente pour la quatrième fois à la magistrature suprême après 2007, 2012 et 2019. Premier ministre sous l'ex président Abdoulaye Wade (2002-2004). Arrivé 2e à l’élection de 2019, Idrissa Seck surnommé Idy, a rejoint en novembre 2020 la majorité présidentielle. Axe sa candidature sur l’économie et le social "Plus d'emplois et de revenus, plus de nourriture et de sécurité alimentaire, ainsi qu'un accès équitable aux services sociaux de base" Khalifa Ababacar SALL : 68 ans, L'ancien maire de Dakar est l'un des favoris de la présidentielle. Condamné en 2018 à cinq ans de prison ferme et 5 millions de Francs CFA d’amende pour les délits d'escroquerie et de détournement de deniers publics, le leader de la coalition Taxawu Sénégal. Il bénéficie d’une loi d’oubli et peut donc se présenter à cette élection comme le candidat " de la reconstruction, de la réconciliation et l’unité de la nation." Il se réclame aussi de l’héritage socialiste qui a perdu le pouvoir en 2000 après 40 ans sans partage sous Senghor et Diouf. Parmi les 19 candidats, on note aussi la présence de personnalités dissidentes du camp présidentiel, notamment celle de l’ancien premier ministre Mouhamad Boun Abdallah Dionne (2014-2019) ou encore celle de l’ex-ministre de l’Intérieur et de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye. Anta Babacar Ngom, la quarantaine, est la seule candidature féminine encore en lice parmi les 19 concurrents. Le Pastef, météore politique. En moins de 5 ans (en 2019, il rafle 15 % des voix avec Sanko candidat) il devient un des deux partis dominants, avec le PDS, avec une jeunesse qui vote pour lui, la diaspora également et qui s’alimente des persécutions qu’on lui fait subir : interdiction du parti, emprisonnement des leaders et des militants... Le Sénégal est regardé de prés, les résultats des élections auront des conséquences dans la sous-région… La crise actuelle, analysée au prisme de la françafrique… D’autres sujets importants : l’émigration véritable plaie ouverte, les graves atteintes aux libertés publiques (se réunir, manifester…), coupure d’internet, emprisonnements, tués…, la situation économique du Sénégal, pas si bonne, le rôle traditionnel des confréries islamiques dans la vie politique peut-être plus aussi déterminant… Pour revenir sur ce coup de force, ce « coup d’état » institutionnel, les explications, les conséquences sur le scrutin de dimanche et plus globalement sur la situation du Sénégal aujourd’hui, nous avons réuni dans notre studio, pour une émission spéciale du Guide du Bordeaux colonial, rdv décolonial, quelques personnalités, sénégalaises, franco-sénégalaises, franco-burkinabées, vivant à Bordeaux ou de passage à Bordeaux qui vont nous aider à y voir clair… - Dieynaba Sar, membre et animatrice du Pastef à Bordeaux, le principal parti politique d’opposition, interdit, rencontrée plusieurs fois ces dernières semaines lors des rassemblements du samedi, place de la Bourse ou de la Victoire… - Cheikh Sow, citoyen Béglais, anthropologue, animateur social et musicien, tellement connu ici à Bordeaux, tellement incontournable si on veut comme aujourd’hui, parler du Sénégal… - Dragoss Ouedraogo, cinéaste, professeur d'Anthropologie et de Cinéma à l’Université de Bordeaux, co-fondateur du Mouvement burkinabé des droits de l’Homme, souvent invité dans cette émission pour son expertise citoyenne et militante sur l’Afrique de l’ouest et ses rapports avec la France en particulier… Musiques : - Queen Biz : Diomaye Mooy Sonko - Cheikh Tijaan SOW : Mama Afrika Yaayo