Djiga, née en Kabylie, militante amazighe


Episode Artwork
1.0x
0% played 00:00 00:00
Mar 13 2024 59 mins   1
L’enfance, l’insouciance, jusqu’à 13 ans. Un enfance heureuse, dans un village de Kabylie, assez tranquille, où quand on est enfant, la présence coloniale française « ce n’est pas un problème », l’école primaire, un père soldat « Indigène » qui sert la France durant la Seconde Guerre mondiale, déçu de la France, qui n’honore pas ses promesses envers les anciens combattants d’Algérie en ne leur donnant pas la citoyenneté française, et qui après la Guerre travaille à l’autre bout de l’Algérie, à Turgot près d’Oran, comme beaucoup d’hommes kabyles, pour gagner sa vie. En 1954, La guerre d’indépendance, entraine Djiga dans le temps des turbulences et du tragique. Plus d’école, la fin du projet, à portée de main, de faire des études, de rejoindre un lycée en internat à Azazga à 30 kms au Nord d’Aït Larbaa. Et puis, le 17 novembre 1957, l’arrestation, la torture et l’exécution de son père à Turgot par l’armée française pour avoir détenu une arme et être proche de l’UDMA (Union démocratique du manifeste algérien) de Ferhat Abbas. Djiga se retrouve orpheline avec une mère enceinte, seule pour élever ses enfants… Elle en veut à son père « J’étais en colère, pourquoi est-il allé se faire tuer ? », Djiga, grâce à la bienveillance d’enseignantes, peut suivre par correspondance le programme scolaire de la 6ème à la 3ème. En 1959, elle part chez les Sœurs blanches à Michelet (Aïn El Hammam aujourd’hui), à une dizaine de kilomètres au Nord de Aït Larbaa pour suivre une formation d’infirmière et débute son métier d’infirmière dans un hôpital à Alger en 1962. Le 5 juillet 1962, elle est à Alger pour la liesse de l’indépendance. Mais très vite, sa vie bascule à nouveau avec la prise de conscience que sa langue, sa culture, le sacrifice de son père, tout cela est écrasé par le puissant mouvement d’arabisation et de rabotage des cultures minoritaires ou régionales au profit de l’unique culture l’arabo-musulmane. A Alger elle ne peut plus parler Kabyle, sa langue natale, la langue de son père mort pour une Algérie libre et indépendante. Commence alors une vie militante pour la cause amazighe, dès 1963, une activité militante clandestine. Elle rencontre son mari, médecin français coopérant, ils vivent ensemble à Orléansville (El-Asnam puis Chlef aujourd’hui) à 200 kms à l’ouest d’Alger et à Alger. En 1969, le couple décide de quitter l’Algérie, au début ce devait être temporairement, pour permettre à son mari de finir sa spécialité de pédiatrie en France mais finalement ce sera définitif. Ils s’installent à Nantes. La militante amazighe, n’abandonne pas son combat, elle reprend des études universitaires dans le but d’enseigner le berbère, elle devient psychologue et fonde l’Association culturelle amazighe dont elle sera la présidente pendant 20 ans et où elle donne des cours de Tamazight. C’est depuis Nantes qu’elle suit et relaye le soulèvement kabyle de mars-avril 1980, « Le Printemps berbère », véritable soulèvement général des Kabyles contre Alger et ses répliques en 1994, avec la « Grève des cartables », en 1998 après l’assassinat de Lunès Matoub et « Le Printemps noir » en 2002, pour que soit reconnue l’identité culturelle Kabyle et la langue berbère. Aujourd’hui la langue tamazight est langue nationale et même officielle d’Algérie. Parlée par 40 millions de locuteurs, au Maroc et en Algérie surtout, la langue (et la culture Berbère) berbère est reconnue et protégée par l’ONU et l’UNESCO. Pourtant en Kabylie aujourd’hui, il n’y a toujours pas l’égalité de choix à l’école entre le berbère et l’arabe. Le mouvement s’est radicalisé, avec le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) dans un une Algérie qui devrait être fédérale, démocratique, sociale et laïque et le GPK (Gouvernement Provisoire de la Kabylie) en exil à Paris réclamant lui l’indépendance. Musique - Amel BRAHIM DJELLOUL : « Tella » de Djamel Allam. Les chemins qui montent. 2021. - Farid ALI. “A yemma ɛzizen ur ttru” ( Ô ! Mère chérie ne te lamente pas ). 1958. - Lounis Aït MENGUELLET « Amacahu (« Il était une fois »). 1982. - Lounès MATOUB « Ak°it ay arrac nneɣ » (« Réveillez-vous, compagnons ! »). 1979. - Djamel ALLAM : « Tella » (« Il y a … une place dans mon cœur » ). 1974.