Et si, demain, les pays n’existaient plus ? Si les États-nations, ces piliers de l’organisation politique moderne, cessaient d’exister, non pas sous l’effet d’une guerre ou d’un effondrement brutal, mais par une dissolution méthodique, orchestrée par les forces mêmes qui, autrefois, prospéraient en leur sein ? Et si, au lieu de 200 pays aux frontières bien définies, nous vivions dans un monde morcelé en milliers de micro-juridictions privées, chacune régie non plus par des lois communes, mais par les intérêts d’une poignée de grandes fortunes et d’entreprises multinationales ?
Ce scénario n’est pas une pure fiction, mais bien une vision du monde portée par une frange influente de penseurs libertariens, investisseurs et entrepreneurs de la Silicon Valley. Des figures comme Peter Thiel, cofondateur de PayPal et idéologue du techno-libertarianisme, considèrent que les États-nations, avec leurs institutions démocratiques et leurs régulations, sont des entraves à l’innovation et à la liberté économique. Selon eux, la souveraineté ne devrait plus être une donnée politique collective, mais une variable économique que l’on peut acheter, vendre ou redessiner au gré des intérêts privés.
Cette vision s’inscrit dans une stratégie bien définie : fragmenter le pouvoir étatique en multipliant les zones d’exception, ces territoires où les lois sont allégées, où l’impôt est réduit à néant, et où les entreprises peuvent opérer sans contraintes démocratiques. Dans Le capitalisme de l’apocalypse, le chercheur Quinn Slobodian analyse comment cette idéologie s’est développée, depuis l’héritage intellectuel de Milton Friedman et l’expérience de Hong Kong jusqu’aux projets de cités flottantes et de paradis fiscaux sur mesure. Il montre que cette dynamique ne relève pas d’un fantasme de milliardaires isolés, mais d’une tendance lourde du capitalisme contemporain, encouragée par des États eux-mêmes, séduits par les promesses de croissance économique et de captation d’investissements.
L’auteur met en lumière les liens entre ces enclaves économiques et un projet politique bien plus vaste : celui d’un monde où la démocratie ne serait plus qu’un vestige du passé, remplacée par une gouvernance privée, contractuelle et concurrentielle. En s’appuyant sur des études de cas précis, il démontre que cette évolution est déjà en cours et interroge : sommes-nous face à un nouveau stade du capitalisme ou à un véritable projet de destruction des institutions démocratiques ? Pour répondre à ces questions, Salomé Saqué reçoit Quinn Slobodian sur Blast.
Ce scénario n’est pas une pure fiction, mais bien une vision du monde portée par une frange influente de penseurs libertariens, investisseurs et entrepreneurs de la Silicon Valley. Des figures comme Peter Thiel, cofondateur de PayPal et idéologue du techno-libertarianisme, considèrent que les États-nations, avec leurs institutions démocratiques et leurs régulations, sont des entraves à l’innovation et à la liberté économique. Selon eux, la souveraineté ne devrait plus être une donnée politique collective, mais une variable économique que l’on peut acheter, vendre ou redessiner au gré des intérêts privés.
Cette vision s’inscrit dans une stratégie bien définie : fragmenter le pouvoir étatique en multipliant les zones d’exception, ces territoires où les lois sont allégées, où l’impôt est réduit à néant, et où les entreprises peuvent opérer sans contraintes démocratiques. Dans Le capitalisme de l’apocalypse, le chercheur Quinn Slobodian analyse comment cette idéologie s’est développée, depuis l’héritage intellectuel de Milton Friedman et l’expérience de Hong Kong jusqu’aux projets de cités flottantes et de paradis fiscaux sur mesure. Il montre que cette dynamique ne relève pas d’un fantasme de milliardaires isolés, mais d’une tendance lourde du capitalisme contemporain, encouragée par des États eux-mêmes, séduits par les promesses de croissance économique et de captation d’investissements.
L’auteur met en lumière les liens entre ces enclaves économiques et un projet politique bien plus vaste : celui d’un monde où la démocratie ne serait plus qu’un vestige du passé, remplacée par une gouvernance privée, contractuelle et concurrentielle. En s’appuyant sur des études de cas précis, il démontre que cette évolution est déjà en cours et interroge : sommes-nous face à un nouveau stade du capitalisme ou à un véritable projet de destruction des institutions démocratiques ? Pour répondre à ces questions, Salomé Saqué reçoit Quinn Slobodian sur Blast.