Il s’agit d’un sujet difficile ; parler de violence domestique et conjugale comme phénomène présent dans nos églises pourrait certainement devenir une autre occasion pour un certain discours public de critiquer la foi chrétienne. Toutefois, la justice, la vérité et la restauration priment sur la réputation de l’église.
De plus, si nous pouvons arriver à parler de la violence, l’autre défi consiste à décrire et comprendre les types de violence. Le cas de la violence physique est probablement le type de violence le plus « facilement » identifiable et condamnable. Toutefois, il existe d’autres types de violence. La violence psychologique et spirituelle sont toutes deux plus facilement sujettes au tabou et à l’évitement. D’autant plus que la violence spirituelle est pratiquement absente de la plupart des ressources d’aides psychologiques principales.
« La spiritualité dans la violence ou la religiosité dans la violence, surtout dans le cas de la violence conjugale, c’est lorsqu’on utilise des croyances, des Écritures, des pratiques ou des expériences religieuses ou spirituelles comme moyen de dominer une autre personne. On pourrait même dire qu’une famille non religieuse et non pratiquante peut manifester cette forme de violence. En fait, la violence spirituelle atteint l’idée de l’épanouissement et l’approfondissement de son identité, de ses rêves et de ses aspirations. Ce qu’on observe dans le christianisme, c’est l’utilisation de versets bibliques comme moyen de justifier la violence physique ou la violence psychologique ou de justifier la domination comme dans le rapport de soumission homme-femme. » — Jenna Smith
Dans cet entretien, nous sommes en compagnie de Jenna Smith qui œuvre auprès de Direction Chrétienne comme responsable de l’engagement et sensibilisation. Nous l’avons invité pour discuter de la suite du projet de recherche Rapha Québec : Une initiative chrétienne québécoise contre la violence domestique. Nous saisissons l’ampleur d’un problème peu discuté dans nos églises chrétiennes, mais qui a le potentiel d’être exploré au-delà de nos communautés de foi. Bien que ce soit confrontant d’entendre les victimes, le projet Rapha Québec est le signe que l’église peut et veut, dans une mesure, favoriser la guérison. L’autre chose importante que ce projet met de l’avant, c’est le fait que ces victimes SONT l’église et qu’elles font un don précieux à leurs communautés en faisant entendre leur voix et en cherchant à leur donner des outils.