Choses à Savoir TECH VERTE - Bangkok fait tomber la pluie contre la pollution ?


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Feb 02 2025 2 mins  

Depuis un an, Bangkok tente une expérience inédite pour lutter contre la pollution de l'air : pulvériser de l’eau glacée et de la glace carbonique depuis des avions militaires. Objectif ? Dissiper le nuage toxique qui étouffe la capitale thaïlandaise, particulièrement durant la saison sèche. Une méthode controversée, qui divise scientifiques et écologistes.


Chaque année, dès le mois de décembre, un épais brouillard de particules fines s’abat sur Bangkok. En cause : le trafic routier, les industries et les brûlis agricoles. Résultat, plus d’un million de Thaïlandais ont souffert de maladies respiratoires depuis octobre 2023, selon les autorités. À cela s’ajoute un phénomène météorologique aggravant : une couche d'inversion thermique qui piège les polluants au sol, empêchant leur dispersion dans l’atmosphère. Pour tenter de contrer cette situation, la Thaïlande mise sur une technique singulière. Deux fois par jour, des avions pulvérisent à 1 500 mètres d'altitude de l’eau glacée ou du dioxyde de carbone sous forme solide, aussi appelé glace carbonique. Le principe ? Refroidir l’air pour briser la couche d’inversion et permettre aux particules polluantes de s’élever.


Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Plusieurs experts doutent de son efficacité. « Il n’y a pas assez de preuves que cette méthode fonctionne », souligne Ekbordin Winijkul, spécialiste de la pollution de l’air à l’Institut asiatique de technologie. D’autres dénoncent un écran de fumée orchestré par les entreprises impliquées dans cette opération. La glace carbonique utilisée provient notamment du géant pétrolier thaïlandais PTT, acteur majeur dans l’émission de gaz à effet de serre. Weenarin Lulitanonda, cofondatrice du Réseau thaïlandais pour un air propre, estime que ces entreprises se servent de cette initiative pour redorer leur image, sans s’attaquer aux véritables sources du problème. « C’est comme ajouter de la coriandre sur un plat », ironise-t-elle.


Outre son efficacité incertaine, ce programme coûte cher : jusqu’à 50 000 bahts (1 400 euros) par vol. Une somme qui pourrait être investie dans des solutions éprouvées, comme les zones à faibles émissions, la restriction des véhicules les plus polluants, ou encore la lutte contre les brûlis agricoles. Le gouvernement thaïlandais a déjà pris certaines mesures, comme le développement des bus électriques et l’encouragement au télétravail. Mais elles restent insuffisantes face à l’urgence de la situation. En attendant, Bangkok continue d'étouffer. Ce jeudi encore, la capitale thaïlandaise figurait parmi les villes les plus polluées du monde, avec des niveaux de particules fines bien au-delà des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Une situation préoccupante qui, malgré les efforts aériens, semble loin d’être sous contrôle.



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