Trigger Warning, cet épisode traite d'enfant battu et peut-être perturbant. Faites attention à vous si vous êtes sensible à ce sujet. J'en profites pour vous rappeler l'existence de l'association l'enfant bleu, qui lutte contre l'enfance maltraité (https://enfantbleu.org/)
Mon père est l'homme le plus effrayant que j'ai jamais connu. Et lorsqu'il était armé d'une bouteille de bière, il me faisait atteindre des niveaux de terreur cauchemardesques. Juste le bruit de sa ceinture ou l'élévation de sa voix suffisait à me faire trembler comme une feuille.
Une nuit, alors que je luttais pour me mettre à l'aise au lit à cause des ecchymoses et du bruit des pleurs de ma mère, j'ai élaboré une idée ingénieuse pour arrêter toute cette douleur et cette souffrance : effrayer papa. De toute évidence, il ne savait tout simplement pas comment ses actes nous influençaient, mais si je lui faisais peur comme il nous faisait peur, alors peut-être qu'il changerait ses manières.
J'ai essayé tout ce à quoi je pouvais penser pour faire connaître la peur à papa. Je me suis caché dans un coin, attendant qu'il se montre pour lui sauter dessus, mais il n'a même pas bronché. J'ai placé un serpent en plastique dans les toilettes, mais cela n'a abouti qu'à une autre raclée pour moi.
Enfin, j'ai pensé à détruire son alcool. Je sais que les gens ont peur quand ils perdent quelque chose qu’ils aiment, alors j’ai versé le contenu de toutes les bouteilles de mon père dans l’égout, et j’ai attendu avec impatience sa réaction. Je savais que ce serait ça qui marcherait. Il allait enfin connaître la peur !
Cette nuit-là, je me souviens que mon père a découvert les bouteilles vides et est devenu plus en colère qu'il ne l'avait jamais été. Je me souviens qu'il a quasiment tout détruit dans la maison. Je me souviens de lui faisant irruption dans ma chambre. Je me souviens de ses mains autour de mon cou. Et après ça... trou noir.
Heureusement, mon plan et mon travail acharné cette nuit-là ont porté leurs fruits ! Aujourd'hui, mon père vit dans un état de peur constante. Quand je le regarde, je vois un homme perpétuellement nerveux. Chaque fois que je lui rends visite, son teint devient d'un blanc pâteux, son corps frissonne comme le mien à l'époque, jusqu'à avoir des sueurs froides.
J'ai tellement effrayé mon père cette nuit-là que désormais, lorsqu'il me voit arriver, on pourrait penser qu'il a vu un fantôme.