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Dec 12 2024 4 mins   1


Logo du métro londonien (c) Transport for London

Je ne connais pas toutes les villes mais de celles que je connais, Londres est la quintessence, comme on dit dans La vie rêvée de Walter Mitty.

Non pas la plus belle (encore que), non pas la plus grande (même si), pas forcément la plus dépaysante et encore moins la plus agréable mais de loin la plus urbaine, la plus profondément, la plus radicalement, la plus intrinsèquement urbaine.

On sent, quand on se promène dans ces rues, qu'on est dans un des coeurs du monde, dans un de ces lieux où vibrent la puissance et la richesse, dans un de ces creusets, de ces melting pots, où naissent la culture, les modes, les lendemains.

La puissance ! C'est là ce qui saisit d'abord : les grands immeubles, les larges rues, les magasins immenses, le luxe qui s'affiche, qui s'affiche et se mêle à la foule, comme les buildings altiers et orgueilleux se mélangent aux pavillons bas et l'artificialité la plus extrême aux cormorans et écureuils de Hyde Park.

Les affiches ! Je ne l'avais pas noté lors de mes précédentes visites mais, dans le métro,  dans ce métro brutal et magnifique au logo si extraordinaire, les affiches font, pour une bonne moitié, la promotion de spectacles. Car Londres c'est cela, la ville aux mille théâtres, aux mille salles de concert, de spectacles et musées qui se dandinent, s'exposent pour attirer le chaland, racolent dans le rues et le tube sans la moindre vergogne, sans la moindre pudeur.

La liberté ! Londres respire la liberté : liberté de se vêtir, de parler, de se comporter comme il semble bon à chacun, avec ce mélange extraordinaire de niqabs et de minijupes, de prédicateurs orthodoxes et de chevelures multicolores ; et l'on se dit que, dans cette atmosphère, les censeurs auront vite fait de se dissoudre et de se liquéfier ; qu'il pourra toujours y avoir, et tant mieux, et c'est très bien, à Temple et ailleurs, des traditions, des clubs, des hauts de forme, des ladies et des sirs, mais plongés, mais baignant dans l'acceptation des différences et l'ouverture des chakras.

Différences de potentiel et énergie, c'est cela qui, plus que tout peut-être, ressort et demeure de tout le reste : il y a ici (là-bas plutôt) une formidable énergie qui naît et s'alimente de tous ces frottements, de toutes ces différences, de tous ces contrastes, de toutes ces oppositions. On est vraiment dans la ville, la ville mère des vices et des vertus, la ville où chacun se déniaise et peut apprendre à vivre, la ville microcosme et aleph du monde, l'Urbs par excellence.

En illustration sonore, en dessous de ma lecture, Bayati, de Gurdjieff, et un enregistrement d'un rame du métro de Londres, capté en décembre 2024.