L'invité de la matinale

Benoît SIBILLE, enseignant chercheur en philosophie, maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris. Auteur de Habiter parmi les simples (Editions Ad Solem) et de Défense du pain et du vin (Ad Solem), membre du collectif Anastasis Le pain, le vin, le Christ : oui mais que fait-on quand le pain et le vin proviennent d’une terre morte, gavée d’engrais de synthèse, que les oiseaux du ciel, qui ne sèment ni ne moissonnent, ne peuvent plus s’y aventurer ? Le monde artificiel que nous avons créé correspond-il encore à la Création voulue par Dieu ? L’agriculture, c’est notre relation à la vie et au temps. Cette vision du “c’était mieux avant”, avant que Prométhée dévore tout, cette vision un peu bucolique, faite de vignes, de levain, de vendanges et de pressoir, tous ces mots de l’évangile, le progrès les a remisés sur l’étagère de nos vies urbaines et, comme on dit, déconnectées du réel. Benoît Sibille enseigne la philosophie à l’ICP.et il prend la défense du pain et du vin. S’inspirant de l’encyclique Laudato Si, il plaide pour changer nos modes de production, de consommation, de vie car le modèle productiviste fondé sur la croissance conduit à une impasse. Prenant l’exemple du tracteur, au départ refusé par le monde paysan, il indique qu’une technique ne doit pas être jugée uniquement à l’aune des résultats qu’elle produit mais du monde qu’elle engendre, en l’espèce celui d’agriculteurs qui, dépossédés car devenus dépendants, se suicident en masse quand ils ne se révoltent pas contre un monde devenu kafkaïen.