Lundi, François Bayrou a pris une décision courageuse en voulant scinder le projet de loi sur la fin de vie, pour distinguer les « deux sujets » des soins palliatifs et de l’euthanasie, afin de « pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment ». « Les soins palliatifs, pour moi ce n'est pas un droit, c'est un devoir », a déclaré sur LCI le Premier ministre, qualifiant l'aide à mourir de « débat de conscience ». À ce stade, le gouvernement se refuse à élaborer un calendrier parlementaire, pour la fin de vie ou d'autres textes législatifs, tant que le budget n'est pas adopté. La genèse de ce texte, censé devenir la grande réforme sociétale de la présidence d'Emmanuel Macron, remonte à plusieurs années. La fin de vie a d'abord fait l'objet d'une convention citoyenne, puis d'un long travail de plusieurs gouvernements. François-Xavier Putallaz est professeur à l’université de Fribourg, ancien membre du comité international de bioéthique de l’UNESCO. Le principe de précaution devrait s’appliquer si l’on en juge par les dérives auxquelles ont donné lieu des législations permissives comme en Belgique, au Canada ou en Suisse. Le 23 septembre, dans le canton de Schaffhouse, une Américaine se fit gazer au moyen de la Capsule Sarco (pour sarcophage), prestation de service proposée par une société australienne. En Suisse, où il n’y a pas de loi sur la fin de vie, on enregistre 825 % d'augmentation en 20 ans, soit 4-5 suicides assistés par jour. Toutes les barrières se sont effondrées l'une après l'autre. L'évolution n'est pas accidentelle : elle est inéluctable pour la raison suivante : si chacun est réputé « avoir le droit de mourir », alors il n'y a aucune possibilité de fixer des indications médicales. La raison a tellement déserté les esprits que le débat est sorti du cadre éthique : pourquoi devrais-je être malade pour être libre ? Pour François-Xavier Putallaz, la France peut se féliciter de disposer de la loi Claeys-Leonetti, qui a 25 ans mais, estime-t-il, n’est pas appliquée.