En France, la recherche de nouvelles variétés de pommes pour diminuer les pesticides


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Feb 24 2025 2 mins   12

Gala, Golden, Pink Lady, chaque année, près de 1,5 million de pommes sont récoltées en France, troisième producteur d’Europe. En culture conventionnelle, c’est l’un des fruits qui reçoit le plus de traitements phytosanitaires. Plus de 30 insecticides, fongicides ou herbicides sont pulvérisés sur les fruits en moyenne avant d’être mangés. Face au risque de pollution de l’environnement et aux risques pour la santé, l’objectif européen et français est de réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2030. Mais il existe peu de méthodes efficaces et naturelles pour s’en passer.

Pour se passer des pesticides, des chercheurs de l’Inrae (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) tentent de développer de nouvelles méthodes. C’est le programme Cap zéro phyto.

Bien rouge et sucrée, mais aussi résistante à la tavelure, l’une des principales maladies du pommier, la pomme Story est le fruit d’une belle histoire. Déjà plantée en Europe, elle commence à s’exporter aux États-Unis, en Afrique du Sud et au Chili. C’est dans les vergers de l’Inrae, à Beaucouzé, dans l’ouest de la France, qu’elle est née, dans le programme de sélection génétique du chercheur François Laurens. « On essaie de contribuer à la création de nouvelles variétés qui vont être moins traitées. On fait des croisements et puis on va sélectionner petit à petit les combinaisons qui rendent la variété plus résistante, explique le chercheur. Et ensuite, elle va être plantée dans des vergers comme ici. Il faut plusieurs années de croisements avant d’obtenir une variété. »

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L’utilisation des UV

Il a fallu planter des milliers de pépins de pommes et plus de 20 ans pour trouver Story. Sa résistance à la tavelure n’est que partielle, mais elle permet déjà de réduire de 30 à 40 % les traitements contre le champignon qui attaque les fruits et les feuilles. C’est un des leviers pour remplacer définitivement les pesticides. « On n’y arrivera pas avec un produit miracle qui va remplacer un phyto, estime Claude Coureau, ingénieure, qui participe au projet Cap zéro phyto. Il va falloir additionner tout un tas de différentes pratiques, la génétique, des nouvelles variétés plus résistantes, les UV. Ça, c’est tout nouveau. Donc, on va cumuler tout un tas de techniques pour arriver à une solution qui va remplacer le phyto. »

Les chercheurs ont en effet découvert que s’ils éclairaient les pommiers avec des rayons UV, les plantes activaient leurs défenses naturelles pour se protéger des coups de soleil. Elles seront un peu mieux préparées en cas d’agression. « L’idée, ça va être d’activer l’immunité de la plante avant que la maladie arrive, explique Matthieu Gaucher, ingénieur à l’Inrae, pour qu’elle se protège elle-même contre les maladies. »

Une combinaison de leviers pour remplacer les pesticides

Pour cela, en plus des rayons UV, il teste aussi divers produits stimulateurs des défenses des plantes dans les immenses serres du centre de recherche ou directement dans des vergers. « Donc, il y a par exemple le phosphonate de potassium qui est un minéral, poursuit le chercheur, du limocide, une huile essentielle d’orange douce, des extraits de plantes comme des parois de tomate, qui vont, lorsque appliqués sur d’autres plantes, activer les défenses de la plante. »

Toutes ces pistes de recherches semblent prometteuses, mais il faudra encore plusieurs années de tests pour déterminer quelle combinaison de leviers sera suffisamment efficace pour remplacer les pesticides chimiques délétères pour la santé et l’environnement. Surtout, il faudra que ces nouvelles techniques soient abordables pour inciter les agriculteurs à les adopter, sans alourdir encore la pression sur un métier en crise.

À écouter dans Accents d’Europe Les pesticides, pilier d'un modèle agricole en crise