À La Réunion, suite au cyclone Garance, la précarité foncière et sociale mise en évidence


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Mar 05 2025 2 mins   11

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls est en visite pour deux jours à la Réunion, près d’une semaine après le passage du cyclone Garance. Un cyclone qui a couté la vie à au moins cinq personnes et causé énormément de dégâts dans le nord et l’est de l’île en particulier. Le cyclone aurait pu faire plus de 50 000 sinistrés. On sait que plusieurs logements sociaux ont été inondés par la boue, une situation qui aggrave notamment la situation des plus précaires.

De notre correspondante à Saint-Denis,

20 cm d’eau dans sa buanderie, un frigo bon à jeter et une voiture ruinée puisque, dans le parking de la résidence sociale où vit Michel, l’eau est montée jusqu’à 1,60 m. Et le locataire voit ses investissements s’envoler : « J’avais changé les pièces, les boîtes de vitesse... », déplore-t-il. Si Michel préfère garder le sourire, le président du Comité Droit au logement 974, Jean-Yves Sinimale, arpente les différents logements et fait face à d’autres réactions : « Moi, j’ai vu les gens effondrés. Même une dame hier, vraiment, elle se mettait à crier, à hurler, hurler de colère, parce que ce n’est pas normal qu’on les abandonne, etc, rapporte-t-il. On n’écoute pas assez les habitants. Les habitants, quand ils viennent de leur quartier, ils les connaissent mieux que les élus ou les collectivités. »

Même son de cloche à la Colline, dans le quartier Bas de la Rivière, où une cinquantaine de familles vivant en zone rouge ont vu l’eau monter et dévaster leurs maisons. Aujourd’hui, elles craignent de devoir partir. « Je n’ai pas les moyens d’avoir ce que je veux, témoigne Patrice, dont la famille vit dans ce quartier depuis 1962. J’avais des animaux et tout ça. J’ai déjà un crédit que j’avais fait sur la maison. Il me reste 30 000 € à payer. Je n’ai pas de moyens. »

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Quatre Réunionnais sur dix vivent avec moins de 1 100 euros par mois

À La Réunion, le cyclone Garance n’a finalement que remis en lumière le problème du mal-logement et du foncier à la Réunion. « Parmi les 18 000 habitations indignes qui sont recensées à travers l'Observatoire réunionnais de l’habitat indigne, on sait qu’on a des territoires avec des niveaux d’indivision foncière qui sont autour de plus de 30 %, explique Matthieu Hoarau, directeur régional pour la Fondation pour le logement des défavorisés. Et parmi ces ménages-là, certains n’ont même pas de titre d’occupation. »

Le directeur alerte sur la précarité sur l’île : « Donc, on a une vraie précarité foncière, une vraie précarité sociale qui renforcent la fragilité du bâtiment face à ces aléas climatiques. Cela pose la question plus largement de comment on lutte contre la précarité qui est structurelle et massive dans nos territoires et pour laquelle les réponses des pouvoirs publics sont insuffisantes aujourd’hui. » Et depuis cinq ans, Matthieu Hoarau met en garde contre l’aggravation de la précarité. Pour rappel, quatre Réunionnais sur dix vivent avec moins de 1 100 euros par mois.

Tous les appels à la solidarité suite au cyclone Garance sont recensés ici.

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